Ma Muse : Vivre comme des frères…ou mourir comme des idiots !

Ma Muse : Vivre comme des frères…ou mourir comme des idiots !
Aka Véronique s'est fendue de propos haineux et ivoiritaires à l'endroit de Jean-Louis Billon

La Côte d’Ivoire va-t-elle retomber sur la tête ? A moins de huit de l’élection présidentielle d’octobre prochain, les esprits s’échauffent déjà. Et on assiste, bien malheureusement, à l’exhumation des démons de l’ivoirité. La fameuse poudrière identitaire qui a occasionné la déflagration du tissu social, il y a environ trois décennies.

Après la sortie malencontreuse du ministre Serey Doh sur la nationalité et les origines de Tidjane Thiam, président du PDCI, qui a suscité une vague d’indignation, dont certaines sélectives, et une levée de boucliers chez les militants de ce parti, c’est autour, à peine quelques jours après, d’une cadre et élue de cette formation politique, de se fendre de propos nauséeux sur l’ancien ministre Jean-Louis Billon.  Son crime, avoir annoncé sa volonté de briguer la magistrature suprême du pays sous la bannière du Pdci, son parti. Avec donc une férocité verbale qui pue la haine – comme on a pu le constater dans la vidéo de sa conférence de presse dans sa région le Moronou - elle a martelé que ce dernier aille se présenter chez les Touaregs, entendez au Mali, le pays d’origine de sa génitrice.

Disons-le tout net, ce retour violent de l’ivoirité dans le débat politique - là où les Ivoiriens attendent des programmes de gouvernance – pourrait, à nouveau crisper, le climat sociopolitique et faire régner une tension ambiante. Si bien qu’on se demande où va même la Côte d’Ivoire ? C’est à croire que ce pays n’a pas retenu les leçons de 2010 ou encore à un degré moindre celles de 2020 ? Après avoir connu plus de vingt années de tourments, la guerre avec une partition de fait du pays en deux blocs, et une crise postélectorale qui a fait officiellement 3000 morts, la Côte d’Ivoire peut-elle se payer le luxe d’un retour en enfer ?  

Assurément non, car ce pays revient de très loin. Et, surtout qu’il a remarquablement remonté la pente, depuis 2011, sous la gouvernance du Président Alassane Ouattara.  C’est le lieu donc d’appeler toute la classe politique à la responsabilité et à la préservation de la paix, si chèrement acquise. Autrement dit, placer l’intérieur supérieur du pays au-dessus des ambitions et des appétits du pouvoir de quelques individus, fussent-ils des leaders politiques. Aujourd’hui, les Ivoiriens attachent du prix à la stabilité. Ce qu’ils désirent ardemment, ce ne sont pas des propos haineux, foncièrement tribalistes et xénophobes, mais plutôt des idées concrètes pour développer le pays et améliorer leur quotidien. Si des politiques n’ont pas encore compris cela, c’est qu’ils font totalement fausse route, ou, à tout le moins, ils se trompent de pays. Car, ici, sur cette terre de fraternité, on ne veut plus de « gnaga » !  « Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots », disait, justement, Martin Luther King, le célèbre pasteur américain et figure de proue de la lutte anti-ségrégation raciale aux Etats-Unis d’Amérique. Une citation à bien méditer…

Y. Sangaré