Lauréat du Prix africain pour la Paix 2025 : Ouattara sur les traces de Félix Houphouët-Boigny

Le proverbe populaire « Bon sang ne saurait mentir » trouve toute sa pertinence lorsqu’il est question d’Alassane Ouattara, actuel Président de la République de Côte d'Ivoire, qui est souvent perçu comme le digne héritier de Félix Houphouët-Boigny, le premier président du pays. Cette idée trouve un écho particulier à la lumière de la récente distinction reçue par le chef de l’Etat ivoirien, le Prix africain pour la Paix 2025. Cette récompense lui a été attribuée pour son engagement inébranlable en faveur de la paix et de la stabilité en Afrique, ainsi que pour son leadership exemplaire au sein de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).
La cérémonie de remise du prix a eu lieu le mardi 21 janvier 2025 à Nouakchott, capitale de la République Islamique de Mauritanie, lors de la 5ème Conférence africaine pour la paix. Ce prix, remis par le président du Forum d’Abu Dhabi pour la paix, Sheikh Abdoullah Bin Bayyah, a été reçu par Jeannot Ahoussou-Kouadio, ministre d’État et conseiller spécial du président ivoirien. Cette distinction vient récompenser des actions humanistes de grande envergure et une contribution majeure à la résolution des conflits sur le continent africain.
Le Prix africain pour la Paix est l’une des plus prestigieuses distinctions décernées aux personnalités ayant marqué l’histoire de l’Afrique par leurs efforts en matière de paix et de sécurité. Le jury, en attribuant cette récompense à Alassane Ouattara, a salué son rôle central dans la gestion des crises régionales et sa politique de réconciliation et de paix, tant à l’échelle nationale qu’internationale. Ce prix souligne également la place centrale du dirigeant ivoirien dans le renforcement des liens d’entraide et de coopération entre les pays d'Afrique de l’Ouest, notamment à travers son rôle actif au sein de la CEDEAO.
Auparavant, ce prix avait été attribué à des figures majeures telles que les présidents Mohamed Bazoum du Niger (2022), Muhammadu Buhari du Nigeria (2023) et Adama Barrow de Gambie (2024), témoignant ainsi de la continuité de la reconnaissance des efforts de certains dirigeants africains pour une Afrique pacifiée.
Alassane Ouattara résolument engagé pour la paix
Ce prix vient couronner un parcours marqué par la recherche constante de la paix, tant intérieure qu’extérieure. Alassane Ouattara a en effet mis un accent particulier sur la réconciliation nationale, un défi majeur auquel il a fait face dès son accession à la présidence en 2011, après la crise postélectorale de 2010-2011. Pour restaurer la paix et la stabilité dans le pays, il a mis en place la Commission Dialogue Vérité Réconciliation (CDVR), un organe chargé de traiter les causes profondes de la crise ivoirienne et de préparer le terrain à une véritable réconciliation.
Le travail de la CDVR a été remarquable, en ce sens qu’il a permis de jeter des ponts entre les différentes communautés ivoiriennes. La commission a fait un état des lieux des violations des droits humains commises pendant la crise et a évalué les réparations nécessaires. L’une des actions marquantes a été la création d’un fonds de 10 milliards de FCFA (environ 15 millions d'euros) destiné à indemniser les victimes des violences postélectorales.
Dans un souci d'apaisement, le chef de l'État a posé de nombreux actes allant dans le sens de la réconciliation. Il s'agit, entres autres, de la grâce accordé à l'ex-chef de l'État, Laurent Gbagbo et à l'ex-leader de la jeunesse patriotique Charles Blé Goudé. D'autres personnalités comme Simone Ehivet Gbagbo ont été tout simplement amnistiés. La plupart ont ainsi pu réintégrer la vie politique et publique ivoirienne. Des milliers d’Ivoiriens exilés, au moment de la crise post-électorale, ont également regagné leur pays, grâce aux efforts de réconciliation mis en place par le gouvernement. Cette politique de réconciliation n’a pas seulement touché les élites politiques, mais aussi les citoyens lambda, qui ont pu, par exemple, retourner dans leurs foyers après des années d’exil forcé dans des pays voisins.
Pour ceux qui l’ignoraient, la Côte d’Ivoire n’a toujours pas été en paix après le décès du père de la nation. Le pays a traversé de graves crises en 1999 (coup d’Etat), rébellion armée (2002) et crise post-électorale 2010. Il a fallu Alassane Ouattara pour que le pays se retrouve à l’époque de Félix Houphouët-Boigny, avec la paix retrouvée depuis 2011.
« Pour la Côte d’Ivoire, je voudrais donner cette image, Alassane Ouattara est le bouchon de liège sur une bouteille de champagne qui a été remuée pendant longtemps. C’est grâce à lui que le liquide ne s’évapore pas, ne disparait pas. Si pendant que cette bouteille ne s’est pas encore reposée, on se trompe à enlever le précieux bouchon protecteur, c’est toute la toute la sous-région ouest africaine qui va sauter et qui risque d’embraser la Côte d’Ivoire », indiquait il y a quelques jours dans les colonnes de votre journal préféré, Anoblé Félix,
Le prix africain pour la paix récompense aussi les efforts d’Alassane Ouattara pour maintenir des relations pacifiques avec les voisins de la Côte d’Ivoire. L’un des exemples les plus marquants de cette politique est la gestion de la crise des 49 soldats ivoiriens arrêtés au Mali en 2022. Plutôt que de recourir à l’escalade, Ouattara a opté pour une résolution diplomatique, en appelant à des négociations pour obtenir leur libération. Une démarche similaire a été adoptée dans le cadre de l’incident des gendarmes ivoiriens arrêtés au Burkina Faso. Ces choix démontrent une volonté constante de résoudre les différends par la voie du dialogue.
En parallèle, la Côte d'Ivoire continue d’offrir refuge aux populations fuyant les conflits au Mali et au Burkina Faso. Des milliers de réfugiés ont trouvé asile dans le nord du pays, où des logements ont été construits pour les accueillir. Cette ouverture humanitaire témoigne de l’engagement du président ivoirien à promouvoir une Afrique solidaire. Cela est aussi vrai au niveau de la CEDEAO où son engagement est entier. Il est présent à tous les grands rendez-vous de l'organisation sous régionale pour apporter la contribution de son pays aux nombreuses crises auxquelles la région est en ce moment confrontée.
En fin de compte, la remise du Prix africain pour la Paix 2025 à Alassane Ouattara vient saluer un parcours d’homme d’État dont la vision et les actions, tant sur le plan national qu’international, ont permis de renforcer la paix, la stabilité et la réconciliation. Dans un continent encore trop souvent traversé par des conflits, son leadership représente un modèle de gouvernance pacifique et pragmatique. L'héritage de Félix Houphouët-Boigny, à travers la politique de paix et de dialogue, semble bien être perpétué par Ouattara, le garant de la stabilité de la Côte d'Ivoire.
Thiery Latt et Raoul Sainfort