Interview-Imam Assoumana Kéita (Mosquée Maoula de Koumassi) : « Voici les catégories de personnes qui sont dispensées du jeûne »

La communauté musulmane a entamé le jeûne du ramadan depuis le samedi 1er mai 2025. Un mois de haute spiritualité. La deuxième décade qui a démarré dimanche dernier, est aussi importante que la première.   Dans cet entretien, El hadj Assoumana Kéita, l’imam principal de la mosquée Maoula de la zone industrielle de Koumassi, explique les mérites de ce jeûne du ramadan.  

Interview-Imam Assoumana Kéita (Mosquée Maoula de Koumassi) : « Voici les catégories de personnes qui sont dispensées du jeûne »

Le Patriote : La communauté musulmane ivoirienne a débuté le jeûne depuis le samedi 1er mars 2025.  Qu’est-ce que le jeûne du ramadan ?

Assoumana Kéita : Le ramadan est un mois sacré, béni.  C’est un mois choisi par Dieu pour que les fidèles musulmans s’abstiennent de boire, de manger et d’entretenir des rapports sexuels. Et ce,   du lever jusqu'au coucher du soleil. Cela nous apporte la crainte d'Allah. Cela renferme des valeurs importantes. Par le biais du jeûne, nous apprenons à donner aux autres et à connaître la pauvreté des pauvres pour mieux les assister. Le ramadan est un mois de pardon et de miséricorde. Ce mois saint intervient dans le neuvième mois du calendrier lunaire.

 

LP : Le jeûne a-t-il un caractère obligatoire ?

AK : Le jeûne du mois de ramadan est obligatoire en ce sens que Dieu nous dit, dans le Saint Coran, que le jeûne nous a été prescrit comme il l'a été à ceux qui nous ont précédés. L'Islam repose sur cinq piliers et parmi ces piliers figurent le jeûne du mois de ramadan. Ce sont des éléments qui expliquent le caractère obligatoire du jeûne pour tous les musulmans majeurs.

 

 

LP : Qui doit jeûner ?

AK : Tous les musulmans et musulmanes en bonne santé et disposant de toutes leurs facultés psychiques doivent jeûner.  Dieu nous dit dans le Saint Coran qu'il ne veut pas nous imposer ce qui est difficile pour nous. Donc, dans ce cas, il sait que pendant le mois de ramadan, on peut avoir des cas de dispenses du jeûne. Cela nous fait penser à cinq catégories de personnes qui ne peuvent pas jeûner durant ce mois béni. Mais après ce mois sacré, ils vont rattraper les jours perdus.

 

LP : Quelles sont ces catégories de personnes qui sont dispensées de jeûne ?

AK : Il y a le voyageur. Celui qui voyage et dont la distance dépasse 48 kilomètres en principe ne doit pas jeûner. Mais il est de son ressort d'apprécier s'il peut le faire ou pas. Dieu lui donne l'autorisation de pouvoir laisser le jeûne et de rembourser le nombre de jours perdus passés en voyage, à son retour après le mois de ramadan.

Le deuxième groupe de personnes, ce sont les malades. Il y a deux catégories de malades : les malades guérissables et ceux qui souffrent d'une maladie incurable. Concernant les personnes souffrant de maladies qu'on peut guérir, elles arrêtent de jeûner. Le nombre de jours ratés doit être remboursé après ce mois sacré. Mais s'agissant d'une maladie incurable, on parle de compensation. Dans ce cas, chaque soir, cette personne qui ne peut plus jeûner doit donner un demi-kilogramme de riz à un pauvre.

La troisième catégorie de personnes dispensées de jeûne concerne la vieille personne qui ne peut pas supporter la faim, compte tenu de son âge. Elle doit donc arrêter de jeûner. La compensation est estimée à un demi-kilogramme de riz à donner à un pauvre jusqu'à la fin du mois de ramadan, aux heures de rupture.

La quatrième personne est la femme enceinte.  En effet, sur ce point, deux cas de figure se dégagent. Le premier cas, si le médecin lui dit que son jeûne lui sera fatal, elle arrête son jeûne. Après le mois de ramadan, elle rembourse le nombre de jours laissés. Mais lorsque le médecin lui dit que le fait de jeûner sera fatal à l'enfant qu'elle porte, elle arrête le jeûne. Dans ce cas, elle donne en compensation un demi-kilogramme ou un kilo de riz durant le mois de ramadan. Après ce mois saint, l'obligation lui est faite de rembourser les jours ratés. Cela est valable pour une femme qui allaite. Quant à la femme en état de menstrues, elle ne peut pas jeûner pendant la période de menstrues. Mais après le jeûne, elle rembourse le nombre de jours laissés. Pour une femme qui a accouché pendant le jeûne, si son sang continue de couler, elle ne jeûne pas. Mais dès qu'elle recouvre la santé, après le mois de ramadan, elle rembourse les jours perdus. Il n'y a pas de compensation dans ce cas de figure.

 

 

LP : Est-il autorisé au musulman de rompre le jeûne avec les mets de la femme avec qui, il vit en concubinage ?

AK : Il faut faire la part des choses. Le jeûne, c'est le jeûne. Vivre en concubinage avec une femme qu'on n'a pas épousée est formellement interdit en Islam. Nous le savons tous. Mais en même temps, Dieu rend obligatoire le jeûne du mois de ramadan. Donc, en jeûnant avec la crainte de Dieu, cela peut permettre au musulman d'abandonner ce qu'il est en train de faire. Mais ce sont deux choses qui ne sont pas sur la même voie. Si le musulman jeûne, Dieu accepte son jeûne. Mais l'acte que le musulman est en train de poser en étant en concubinage, c'est entre Dieu et lui. S'il doit le punir, il le punira pour ça. Mais ce qui est obligatoire, c'est le jeûne ; s'il ne le fait pas, c'est une autre punition. Mais s'il le fait, il ne sera pas puni de ce côté-là. Souvent, les savants disent que lorsqu'on n'a pas marié une femme, elle n'a pas le droit de vous apporter la nourriture le soir pour rompre votre jeûne. Ces savants soutiennent que si vous le faites, votre jeûne ne sera pas accepté par Dieu. Le jeûne se déroule du lever au coucher du soleil. Tout ce qu'il va manger après la rupture n'engage que lui. S'il mange du licite, il a le mérite de celui qui a mangé licite, mais s'il a mangé illicite, il a les péchés de ce qu'il a mangé. Mais je pense que le jeûne qui nous amène à la recherche de la foi doit nous permettre de nous éloigner de tout ce qui est illicite pour rompre notre jeûne. Le jeûne doit nous amener à avoir la crainte de Dieu. Je profite de cet entretien pour inviter la communauté musulmane à cultiver la solidarité. Nous devons assister les pauvres, être à leur côté pour les aider. Si tu es un homme nanti, je pense qu'aujourd'hui tu dois assister ceux qui sont pauvres pour avoir encore plus de mérites. En tout cas, pour ce mois de ramadan, chacun doit faire des efforts dans la prière, dans l'adoration. Nous devons davantage prier pour notre beau pays, la Côte d’Ivoire, et prier également pour le Président de la République, Son Excellence, El hadj Alassane Ouattara. Qu’Allah lui accorde une longue vie.  Nous sommes à une année électorale, nous prions aussi pour que ces élections se déroulent dans un climat de paix.

 

 Réalisée par Anzoumana Cissé