Pêche durable : Ce que contient le nouveau protocole ivoiro-européen

Pêche durable : Ce que contient le nouveau protocole ivoiro-européen
L’accord garantit un approvisionnement sécurisé en poisson thon pour les ménages

La Côte d’Ivoire franchit une nouvelle étape stratégique dans la gouvernance durable de ses ressources halieutiques, en scellant un protocole de pêche avec l’Union européenne qui allie retombées économiques, protection sociale et souveraineté alimentaire. En effet, le 6 juin 2025 à Bruxelles, la Côte d’Ivoire et l’UE ont signé un nouveau protocole de mise en œuvre de l’Accord de Partenariat Pêche Durable (APPD) pour la période 2025–2029.

Fruit de relations historiques entre Abidjan et Bruxelles, ce protocole marque une évolution vers des partenariats fondés sur un meilleur partage des bénéfices. Il autorise désormais l'accès à la zone de pêche ivoirienne à 32 navires thoniers européens — 25 senneurs congélateurs et 7 palangriers de surface — opérant exclusivement en haute mer, au-delà des 12 milles nautiques, sans concurrence avec les pêcheries locales.

Parmi les avancées majeures : une augmentation de 8,5 % de la contrepartie financière annuelle, qui passe de 682 000 à 740 000 euros, soit un total de 2,96 millions euros sur quatre ans. Cette somme comprend un appui spécifique annuel de 435 000 euros, destiné à soutenir le développement de la pêche artisanale, la lutte contre la pêche illicite et le développement de l’aquaculture. En parallèle, les contributions des armateurs ont été revues à la hausse, atteignant jusqu’à +66 % selon les catégories de navires, traduisant un effort plus équitable du secteur privé européen.

L’impact de cet accord est tangible : plus de 28 000 emplois (dont 8 000 directs) sont soutenus dans la filière thonière, et l’approvisionnement régulier en thon — un poisson largement consommé par les ménages à faibles revenus — contribue à maintenir la stabilité des prix alimentaires.

Le Port Autonome d’Abidjan, classé deuxième port thonier mondial, bénéficiera également d’une hausse d’activité, consolidant son rôle stratégique dans la filière halieutique internationale. L’accord favorise ainsi la compétitivité des conserveries locales et du secteur logistique, tout en s’inscrivant dans la mise en œuvre de la Politique Nationale de Développement de l’Élevage, de la Pêche et de l’Aquaculture (PONADEPA).

Ce protocole se distingue aussi par sa compatibilité avec les objectifs de souveraineté alimentaire. Contrairement à d’autres accords sur le continent, il cible exclusivement le thon et protège les intérêts des communautés locales. Il s’accompagne d’une ambition claire : encourager la création d’une flotte thonière ivoirienne à travers des incitations à l’investissement privé.

En effet, certains pays africains notamment, le Sénégal, la Guinée Bissau, la Mauritanie, ont des accords qui portent sur plusieurs espèces créant ainsi une concurrence aux pêcheurs artisanaux de ces pays pour l’accès à la ressource.  A la différence, celui de la Côte d’Ivoire qui est exclusivement thonier, se déroule en haute mer et n’a aucun impact négatif sur les unités de pêche locales.  Ce protocole apporte donc un appui significatif à la lutte contre la pêche INN, le développement de l’aquaculture et   la pêche artisanale

Yves Kalou