Anyama : Les vendeurs de bétail investissent le nouveau parc 

Anyama : Les vendeurs de bétail investissent le nouveau parc 
Le site de plus de 200 ha accueille progressivement bœufs et moutons

En périphérie d’Abidjan, le nouveau parc à bétail d’Anyama s’étend sur plus de 200 hectares, fruit d’une initiative étatique visant à centraliser les activités des commerçants de bétail jusque-là éparpillés dans la ville. Lors d’une visite sur le site, ce mercredi 27 novembre, l’activité battait son plein, malgré quelques défis logistiques signalés par les acteurs. Maïga Ahmed Abdoul Aziz, vendeur de moutons installé depuis deux semaines, se réjouit de l’espace disponible : « Le site est suffisamment grand. Tout se passe bien. » Cependant, les pluies rendent le terrain difficilement praticable : « En cas de pluie, il devient impraticable à cause de la boue. Ça fatigue nous et nos animaux. » L’accès à l’eau constitue également un problème : « Il y a un seul forage pour tout le monde. On est obligé d’aller chercher de l’eau hors du site. » 

Même constat du côté de Sery Youssouf, un bouvier : « La pression du forage n’est pas forte. Pour pallier ce manque, nous faisons appel à des motos tricycles qui livrent 30 bidons d’eau par jour, ce qui coûte 4000 FCFA. » Il souligne également le coût élevé des enclos : « 500 000 FCFA, c’est un peu trop. » Autre bémol, les enclos initialement conçus pour accueillir tous types de bétail pourraient ne pas convenir aux propriétaires de bœufs, suscitant des inquiétudes : « On nous a dit qu’on sera déplacés, c’est un désagrément. »
Malgré ces difficultés, les progrès sont notables, comme l’explique Moussa Zalé, membre de l’Organisation interagricole des gros ruminants (OIR) :« Depuis quatre mois, les travaux avancent à grands pas. Les enclos sont construits, chacun vaque librement à ses occupations, et nous avons la lumière. Même la nuit, nous travaillons. » 

Le superviseur général du parc, Gaoussou Doumbia, salue également l’engouement autour de cette infrastructure unique en Afrique de l’Ouest :« Les enclos sont remplis d’animaux. Nous confectionnons de nouveaux espaces pour accueillir les nouveaux arrivants. Actuellement, nous avons 6 000 enclos construits. »
Pour Issiaka Sawadogo, président de l’Organisation Interprofessionnelle Agricole (OIA) de la filière bétail-viande, les efforts en cours finiront par résoudre les problèmes : « Le site est en construction, mais tous les petits désagréments seront bientôt derrière nous. À terme, ce parc sera une infrastructure digne de ce nom. » Il appelle à un engagement collectif : « Tous les acteurs doivent accepter de faire un petit sacrifice financier. » Si les défis restent nombreux, le parc à bétail d’Anyama promet d’être un levier de modernisation pour la filière viande et bétail en Côte d’Ivoire. Avec une gestion bien rodée et des améliorations continues, cette infrastructure pourrait devenir un modèle en Afrique de l’Ouest. En attendant, l’état des lieux reflète une cohabitation entre satisfaction et attentes, témoignage des réalités d’un projet ambitieux. 

Le principal parc à bétail du District autonome d’Abidjan, qui se trouvait dans la commune de Port-Bouët, a été délocalisé dans un premier temps à la casse d’Adjamé avant son installation définitive sur le nouveau site d'Anyama.

Rahoul Sainfort