Enseignement technique/ Beugré Mambé, aux jeunes Ivoiriens : "Nous devons être présents dans le championnat mondial du numérique"

La Côte d’Ivoire franchit une nouvelle étape dans sa politique de modernisation de l’enseignement technique et du numérique. Le Premier ministre Robert Beugré Mambé, accompagné de plusieurs membres du gouvernement, a présidé une double cérémonie au Lycée technique d’Abidjan : la visite du chantier de construction d’un internat moderne et la remise d’ordinateurs portables aux auditeurs du programme École de la Deuxième Chance (E2C/TIC). Deux initiatives majeures qui illustrent la volonté des autorités de renforcer la formation des jeunes aux métiers d’avenir.
Le Premier ministre Beugré Mambé a saisi l’occasion pour appeler la jeunesse ivoirienne à embrasser les carrières scientifiques et techniques, indispensables pour la compétitivité du pays. "Nous sommes dans un championnat mondial : celui de l’intelligence artificielle et de l’informatique. Nous ne devons pas être absents", a-t-il déclaré avec insistance. Face au faible taux d’étudiants inscrits dans l’enseignement technique (6 % de la population estudiantine), le gouvernement entend inverser la tendance. "Il n’est pas normal que l’enseignement technique soit perçu comme une voie de recours. Nous devons changer cette mentalité et attirer plus de jeunes vers ces formations essentielles au développement du pays", a-t-il martelé.
Dans cette dynamique, le gouvernement a engagé la construction d’un internat de 2 500 lits au Lycée technique d’Abidjan. Une infrastructure qui vise à offrir aux élèves un cadre propice à l’apprentissage et à l’innovation. "Les investissements dans l’enseignement technique traduisent notre volonté de proposer à la jeunesse un dispositif performant pour la préparer aux défis de demain", a souligné le ministre de l’Enseignement technique, de la Formation professionnelle et de l'Apprentissage N’Guessan Koffi.
L’internat accueillera en priorité les élèves de seconde T1, filière qui ouvre la voie aux formations en mathématiques appliquées, construction mécanique, électronique et électrotechnique. Ces disciplines constituent le socle de l’innovation technologique et sont à l’origine du développement spectaculaire des pays d’Asie du Sud-Est. Avec un effectif actuel de 1 614 élèves, le Lycée Technique d’Abidjan ambitionne d’atteindre 2 500 étudiants, dont 80 % dans les filières industrielles. "Nous voulons créer un centre d’innovation technologique pour propulser la Côte d’Ivoire dans l’ère de l’intelligence artificielle et de la révolution numérique", a ajouté le ministre.
Cette double cérémonie marque un tournant dans la stratégie nationale en matière d’éducation et de formation. "Notre pays est en train d’opérer une révolution éducative en privilégiant la formation aux métiers", a conclu N’Guessan Koffi.
Parallèlement à cette modernisation de l’enseignement technique, la Côte d’Ivoire mise aussi sur la formation aux métiers du numérique. Le programme École de la Deuxième Chance (E2C/TIC) s’inscrit dans cette dynamique, en offrant une formation qualifiante aux jeunes non diplômés ou en reconversion. "Nous faisons le pari de la jeunesse, le pari du numérique", a déclaré Siata Sakanoko Ouattara, coordonnatrice du projet TIC. Ce projet vise à former 525 jeunes aux métiers du numérique, avec des spécialisations en analyse de données, cybersécurité, développement d’applications, community management, infographie et bureautique avancée.
Le Fonds de Développement de la Formation Professionnelle (FDFP) est un acteur clé dans la mise en œuvre de cette transformation. Son secrétaire général, Dr Philippe N’Dri, a réaffirmé l’engagement du fonds à soutenir ces initiatives. "Nous accompagnons 325 jeunes avec la prise en charge des frais de formation, du coaching, l’octroi de 250 ordinateurs portables et l’assurance des apprenants. Ce matériel n’est pas un simple don, mais un outil de travail pour bâtir leur avenir", a-t-il insisté.
Par ailleurs, le FDFP est également impliqué dans le financement du nouvel internat du Lycée technique, qui comprendra, en plus des dortoirs, un centre médical, un restaurant scolaire et des infrastructures sportives.
Rahoul Sainfort