Contentieux électoral : Le gros risque que court Tidjane Thiam

La Commission électorale indépendante (CEI) procédera, lundi prochain, à la publication de la liste électorale provisoire. Ce qui ouvrira la voie au contentieux électoral. En effet, les électeurs et les membres de la CEI auront l’occasion de défiler devant les équipes de l’institution en charge de l'organisation des élections en Côte d'Ivoire pour faire des réclamations soit en inscription, soit en radiation, soit en rectification. Pour le cas d’inscription, il concerne tout électeur omis sur la liste électorale indépendante et tout électeur ayant recouvré ses droits civiques. Il faut préciser que le réclamant pour ce cas doit avoir la qualité d’électeur de la circonscription électorale ou membre de la CEI. Après l’inscription, il y a le cas de la radiation. Dans ce second cas, les réclamations portent sur les personnes décédées ; les personnes déchues de leurs droits civiques ; les non ivoiriens ; les mineurs et les naturalisés de moins de cinq ans. Ici, le réclamant doit avoir la qualité d’électeur de n’importe quel lieu de vote ou de membre de la CEI. Justement, c'est le cas qui fait planer l’épée de Damoclès au-dessus de la tête du président Tidjane Thiam. En effet, conformément aux critères, tout électeur ou membre de la CEI peut réclamer sa radiation sur la liste électorale relativement au débat en cours sur sa double nationalité. A la suite d’une discussion autour du sujet, le président du vieux parti a annoncé, le 7 février dernier, avoir officiellement entamé la procédure de renonciation à sa nationalité française. « Nous avons effectué, en compagnie de mes conseils, une démarche importante dans ce processus qui était inscrite dans le calendrier de mon programme et de mon action, et prévue de longue date. Il s’agissait d’aller déposer ma demande de libération de ma nationalité française, ce qui me permettra d’être exclusivement de nationalité ivoirienne au moment de l’élection », a-t-il déclaré. Mais, comment est-il devenu Français ? Interrogé par le confrère Jeune Afrique, l’avocat français de l’ancien directeur général du Crédit suisse, Me Mathias Chichportich, a révélé que son client a acquis la nationalité française en février 1987, alors qu'il avait 25 ans. Etant majeur, c'est de façon volontaire qu'il a acquis la nationalité française. Or, l’article 48 du code de la nationalité ivoirienne est assez clair : “Perd la nationalité ivoirienne, l'Ivoirien majeur qui acquiert volontairement une nationalité étrangère, ou qui déclare reconnaître une telle nationalité”. C'est clair comme de l’eau de roche. Le président du PDCI a perdu la nationalité ivoirienne en février 1987 à la lumière de cette disposition du code de la nationalité ivoirienne. De ce point de vue, n’importe quel électeur ou membre de la CEI peut profiter du contentieux électoral pour réclamer sa radiation sur la liste électorale avec preuves à l’appui. Si cette réclamation est prise en compte par la Commission électorale indépendante, le président Tidjane Thiam sera tout simplement radié du listing électoral. Il ne sera alors ni électeur, ni éligible. En tous cas, le risque qu’il soit radié de la liste électorale est grand. Le contentieux électoral qui s’ouvre dans les jours à venir peut donc réserver des surprises.
Lacina Ouattara