Lettre ouverte : Laurent Gbagbo a encore déçu les Ivoiriens

Du déjà entendu ! Du réchauffé. Les mêmes rengaines. Laurent Gbagbo a fait encore du Gbagbo. Il avait tenu les Ivoiriens en alerte. Sa lettre ouverte attendue n’a accouché que d’une souris. Vraiment, rien de nouveau sous le soleil. Lettre ouverte là, c'est ça qui est là ?! Y a plus bagarre ? On se bat plus ? Y a plus mot d'ordre pour chasser ADO ? Ko "Trop c'est trop n'est pas un mouvement insurrectionnel, c'est un appel citoyen". Ah bon ? Trop de plaisanterie chez cet homme politique vraiment dépassé. C’est la conclusion qu’on peut tirer de la lettre que ses services ont rendu publique très tôt hier matin. A l’évidence, on se rend compte que le président du PPA-CI vit dans une bulle. Il a du mal à accepter que la Côte d’Ivoire et les Ivoiriens ont changé. Comme le diraient les jeunes, "la Cote d'Ivoire et les Ivoiriens ont bougé". Pendant que celui que ses partisans appelaient "le Seplou" n'a pas bougé. Il n'a pas actualisé son logiciel. Avec lui, ses quelques partisans. Ses discours démagogiques ont fait leurs effets par le passé. Il a entrainé avec lui des Ivoiriens à la dérive. Aujourd’hui, s’il veut se faire entendre, il gagnerait à changer de logiciel. Son malheur, c’est d’avoir déjà dirigé ce pays. Les Ivoiriens l’ont vu à l’œuvre. Tout le rattrape aujourd’hui. Les faits qu’ils dénoncent aujourd’hui, il a fait pire durant les 10 années de sa gouvernance. Aujourd’hui, il peut animer des meetings. Ses partisans peuvent tenir des propos outrageants contre le Président de la République en toute impunité. Hier, c’était impossible. La liberté d’expression et de la presse, la liberté, tout court, était un leurre. Jean Hélène, journaliste reporter de Radio France internationale l’a appris à ses dépens. Il a été abattu à bout portant par Dago Sery au Plateau sans remord. C'est pendant son règne que la presse a été bâillonnée : les rédactions des journaux ont été incendiées, avec des journalistes emprisonnés et des exemplaires de journaux déchirés.
Contre la vie chère, Laurent Gbagbo ne peut pas, n’ont plus, donné de leçon. Il a sous les mains le sang de ces manifestants tués à Port-Bouët pour avoir manifesté contre la vie chère, alors qu’il était au pouvoir. Des tirs de la police avaient fait un mort et plus d'une dizaine de blessés en 2008. La marche de l’opposition en 2004 a été réprimée dans le sang. En mars 2004, une marche de l'opposition pacifique à Abidjan avait été réprimée violemment par les forces de sécurité, entraînant de nombreuses victimes et un retrait de plusieurs partis d'opposition du gouvernement. Le gouvernement avait annoncé 37 morts, tandis que l'opposition a estimé le bilan entre 300 et 500 morts. Un rapport de l'ONU, publié le 3 mai de la même année, a confirmé l'implication des hautes autorités de l'État ivoirien et a estimé le bilan à au moins 120 morts. On le voit la Côte d'Ivoire qu'il décrit est celle de Gbagbo, quand il était au pouvoir et non celle d’Alassane Ouattara où la liberté est un fait recel. Entre les deux époques, c’est le jour et la nuit.
Que dire de son mouvement et son appel ? La première remarque est que Laurent Gbagbo a compris que son nouvel instrument de lutte : le PPA-CI n’a pas donné les résultats escomptés. L’ancien président de la République s’attendait à une adhésion massive des Ivoiriens à sa formation politique. Echec total. Convaincu que son PPA-CI ne pèse pas grande chose, l’ancien prisonnier de La Haye veut confier son sort aux Ivoiriens. Un autre mauvais casting. Parce que, de toute évidence, de nombreux ivoiriens lui ont tourné dos. Nombreux de ceux qui l’adulaient par le passé sont passés à autre chose. Sur les réseaux sociaux, les témoignages ne se comptent plus. « Moi, je suis Agni 100%. Avant, j’étais FPI. J’étais Gbagbo ou rien. Aujourd’hui, je suis avec ADO. Il a rendu la Côte d’Ivoire Jolie. Il a donné la dignité à l'Ivoirien. Les gens nous ont blagué », ces propos d’un automobiliste sont devenus viraux sur les réseaux sociaux. Ils résument à eux seuls la posture qu’adoptent aujourd’hui de nombreux Ivoiriens. Pas question pour eux de faire machine arrière. Entre les ponts, les échangeurs, les routes, les hôpitaux et les déchets toxiques, les Ivoiriens ont tranché. Ils ont compris qu’après avoir plongé le pays dans le chaos, Laurent Gbagbo ne peut plus incarner une nouvelle espérance pour la Côte d'Ivoire. Gbagbo, c'est bel et bien fini ! Lui et ses partisans doivent comprendre que le vent a changé de direction. Ils lui retournent « Le trop c’est trop », pour dire monsieur Gbagbo vous avez fait trop de mal à ce pays. Les Ivoiriens vous ont vomi.
Le vieux lion a perdu ses crocs.
Thiery Latt