Lutte contre la corruption : Zoro Bi Ballo met en lumière les efforts de la Côte d’Ivoire
La Côte d’Ivoire reste déterminée dans la lutte contre la corruption. C’est le constat qui se dégage, après le passage du président de la Haute Autorité pour la Bonne Gouvernance (HABG), M. Zoro Bi Ballo Epiphane sur le plateau de l’émission « La Télé d’Ici » diffusée sur NCI. Il était, hier, l’invité de ce talk show, à l’occasion de la Journée internationale de la lutte contre la corruption célébrée chaque 9 décembre dans le monde.
Le patron de la HABG a saisi cette tribune pour expliquer la mission de son institution et mettre en lumière le dispositif de lutte contre ce fléau en Côte d’Ivoire. « La Haute Autorité est l’entité principale chargée de la prévention et de la lutte contre la corruption en Côte d’Ivoire. Créée par les ordonnances de 2013 et opérationnelle depuis 2015, la HABG a pour mandat de prévenir la corruption, lutter contre les infractions de nature économique et financière, et d’évaluer l’action des différents acteurs de la chaîne anticorruption », a clarifié d’entrée M. Zoro Bi Ballo. Ensuite, il a égrené les attributions de la HABG à savoir : l’éducation et la sensibilisation à l’intégrité, l’accompagnement des administrations et du secteur privé pour mettre en place des outils de transparence et de redevabilité, l’élaboration et le suivi de la Stratégie nationale de lutte contre la corruption 2024-2028. « La HABG reçoit les plaintes et dénonciations via plusieurs canaux : dépôt physique, numéro vert 800 800 11, et surtout la plateforme sécurisée de signalement SIGNALIS (www.signalis.habg.ci), qui permet aussi de joindre des éléments de preuve. Chaque saisine est examinée ; lorsque des indices sérieux d’infractions sont relevés, le Conseil de la HABG peut décider l’ouverture d’une enquête. Les officiers d’enquête de la HABG interviennent alors en coordination étroite avec le Pôle Pénal Économique et Financier (PPEF), chargé des poursuites judiciaires » a précisé M. Zoro Bi Ballo. Toutefois, il a relevé que sa structure n’agit pas seule. Elle s’inscrit dans une chaîne anticorruption qui comprend notamment : la justice (Parquet, PPEF), la Cour des comptes (contrôle de l’utilisation des deniers publics), les inspections et autorités de régulation (IGE, IGF, ARCOP, etc.). « La HABG exerce ainsi un rôle de veille, de coordination et d’évaluation et produit des rapports annuels destinés au chef de l’État sur les progrès et les insuffisances du dispositif » a insisté M. Zoro Bi Ballo.
« La Côte d’Ivoire affiche aujourd’hui un taux de déclaration de patrimoine parmi les plus élevés de la sous-région, même si des efforts restent nécessaires et que des mises en demeure par commissaires de justice ont déjà été adressées aux retardataires », a révélé M. Zoro Bi Ballo Epiphane. Par ailleurs, le président de la HABG a souligné sur le rôle de la digitalisation dans la réduction de la corruption avec des systèmes intégrés de gestion budgétaire, des outils informatisés de suivi des programmes ou encore la modernisation des procédures de dépenses et de recettes. « Le contrôle de la bonne gestion des finances publiques ne repose pas sur une seule personne mais sur des chaînes de responsabilité : responsables de programmes, ministères sectoriels, Cour des comptes, structures de contrôle, etc. L’ensemble contribue à détecter les mauvais usages des ressources publiques et à limiter l’opacité » a-t-il laissé entendre.
Quant à la protection des lanceurs d’alerte et la peur de certains plaignants, le patron de la HABG a reconnu une faiblesse du dispositif actuel. A l’en croire, des réflexions sont en cours pour renforcer le cadre juridique et mieux sécuriser ceux qui dénoncent de bonne foi des faits de corruption. Mais, a relevé M. Zoro Bi Ballo, « toutes les dénonciations ne concernent pas nécessairement des actes de corruption avérés, d’où la nécessité d’enquêtes rigoureuses avant toute conclusion ».
Faut-il le rappeler, la célébration de la Journée internationale de la lutte contre la corruption est « S’unir aux jeunes contre la corruption : façonner l’intégrité de demain ». Une transition toute trouvée par M. Zoro Bi Ballo Epiphane pour inviter la jeunesse à s’engager dans le combat contre cette gangrène. Justement, il en a profité pour se remémorer les initiatives menées en faveur des jeunes et du monde universitaire. Il s’agit entre autres de campagnes de sensibilisation, de formations sur l’intégrité et l’éthique publique, de programmes portés par l’Académie de la Bonne Gouvernance et du Leadership Anti-corruption (ABG-LAC), qui vise à former une nouvelle génération de leaders intègres. De même, il s’est réjoui des progrès enregistrés par la Côte d’Ivoire dans les classements internationaux (Transparency International, Mo Ibrahim, Banque mondiale, tout en réaffirmant l’ambition d’aller encore plus loin, pour faire de la Côte d’Ivoire un pays de référence en matière d’intégrité, de transparence et de bonne gouvernance.
Enfin, le premier responsable de la HABG a annoncé le lancement prochain d’une enquête nationale sur la corruption, destinée à mieux identifier les secteurs les plus exposés et à ajuster les politiques publiques. « La lutte contre la corruption est une action collective : l’État, le secteur privé, la société civile, les médias, et chaque citoyen ont un rôle à jouer », a-t-il conclu.
Y. Sangaré
Le président de la HABG, Zoro Bi Ballo Epiphane, a fait un large tour d’horizon de la lutte contre la corruption en Côte d’Ivoire (Ph Dr)
