Lettre à la CPI : Quand Gbagbo pense utiliser la justice internationale pour régler des comptes politiques

Lettre à la CPI : Quand Gbagbo pense utiliser la justice internationale pour régler des comptes politiques
Laurent Gbagbo se trompe de combat

Il est prêt à tout pour régler ses comptes politiques. Laurent Gbagbo, c'est de lui qu’il s'agit, mise sur toutes les occasions même les plus désespérées pour satisfaire des visées politiques. C'est ainsi qu’il a demandé à son avocat, Me Emmanuel Altite, de ressaisir la Cour pénale internationale (CPI) et de remettre sur la table le problème de la guerre en Côte d’Ivoire. Car, selon lui, il faut que la vérité éclate sur les crises que la Côte d'Ivoire a connues depuis le 19 septembre 2002. 

L’ancien chef de l’État, à travers cette initiative, veut remettre au goût du jour une guerre que les Ivoiriens ont presque oublié. Cela fait en effet plus de 14 ans que la Côte d'Ivoire a renoué avec la paix et la stabilité politique. Le peuple, résolument engagé en faveur de la cohésion sociale, de l’unité nationale et de la paix, veut tourner la page des crises et de l’instabilité. Ce qui n'est pas la volonté de Laurent Gbagbo déterminé à rouvrir les plaies pour ses besoins politiques.

 

La CPI ne saurait être un instrument politique

 

Ce que l’épouse de Nadiana Bamba feint d’oublier, c'est que la Cour pénale ne saurait être utilisée pour atteindre des objectifs politiques. Car, elle n’intervient pas dans des débats nationaux. Elle intervient conformément à l’article 17 du statut de Rome que “si les États sont incapables ou refusent de juger’’. Au sortir de la meurtrière crise post-électorale, l’État de Côte d'Ivoire complètement à genoux n’était pas en mesure de juger les faits liés à la crise survenue. Devant cette incapacité, la CPI était fondée à engager des poursuites surtout contre ceux qui tenaient les manettes du pouvoir à Abidjan au moment des faits. C'est pourquoi, Laurent Gbagbo, ancien président de la République, et son ancien bras droit, Charles Blé Goudé à qui elle reprochait des crimes contre l’humanité, ont été envoyés à La Haye par la Côte d'Ivoire pour être jugés.

15 ans après, la situation a changé. La Côte d'Ivoire remise sur les rails de la paix et du développement, a retrouvé son système judiciaire. Ainsi, la Justice ivoirienne fonctionne à merveille.

Aussi, a-t-elle organisé les procès historiques sur l’assassinat du général Robert Gueï en décembre 2015 et l’ex-première dame, Simone Gbagbo, qui, il faut le souligner, a été acquittée. On le voit, la justice ivoirienne est aujourd'hui à mesure de juger n’importe quel dossier. Si Laurent Gbagbo estime qu'il faut rendre justice aux victimes des crises, qu’il fasse confiance à la justice de son pays. Auquel cas, il est pleinement dans un  jeu politique qui ne saurait prospérer.

 

En plus, il est bon de rappeler à Laurent Gbagbo que son acquittement n'est pas synonyme d’innocence. C'est-à-dire qu'il n'est pas innocenté par la décision de la CPI contrairement à ce qu’il dit. Ce sont quelques faits de la crise post-électorale qui ont fait l’objet d’enquêtes menées par la CPI. Par ailleurs, Laurent Gbagbo doit savoir qu’aujourd’hui la Côte d'Ivoire n’a plus besoin de regarder dans le rétroviseur. Elle a besoin de paix, de développement et d'une classe politique responsable.

Lacina Ouattara