PDCI : Tidjane Thiam se dégonfle devant Billon et Guikahué

Jean-Louis Billon est visiblement plus coriace que la direction de sa formation politique, le Parti démocratique de Côte d'Ivoire, ne le croyait. C'est le moins qu'on puisse écrire au regard de  l’évolution de ce qu’on peut désormais appeler le dossier “Billion”. En effet, le bras de fer engagé par la direction du parti doyen avec son militant actif est en train de tourner inexorablement à l’avantage de l’ancien ministre du Commerce. En témoigne la récente suspension de l’audition de Jean-Louis Billon par le conseil de discipline. Attendu le mercredi 15 janvier devant les membres de cette instance, l’ancien président de la Chambre de commerce et d'industrie de Côte d'Ivoire n’a pas pu être auditionné. Et, la direction a adressé un courrier à l'intéressé pour expliquer la décision.

“Au regard des informations concordantes faisant état de l’imminence de troubles à l’ordre public, et dans un souci de préserver et d’assurer la sécurité au siège du parti à Cocody, nous sommes au regret de vous informer que, pour des raisons de force majeure totalement indépendantes de notre volonté, la session du Conseil de discipline prévue ce mercredi 15 janvier 2025 et consacrée à votre audition est reportée à une date ultérieure”, précise le courrier.

Le porte-parole du parti doyen, Soumaila Bredoumy, parle même de grabuge évité pour expliquer la suspension in extremis de la session du conseil de discipline attendue de tous. Pourtant, ce que le PDCI et les partisans de Tidjane Thiam veulent cacher est connu de tous. En fait, après avoir minimisé la force et le poids de Billon au sein du PDCI, après l’avoir traité pratiquement de feuille morte, le président du PDCI et ses hommes se rendent compte de la réalité et sont gagnés par la fébrilité et la panique. A la vérité, ils ont reculé devant la grande mobilisation des partisans de Jean-Louis Billon.  Qui ont décidé d’accompagner leur champion. Laisser voir cette mobilisation à l’opinion nationale serait prendre le risque d’affaiblir le président du parti avec qui Jean-Louis Billon est en conflit autour de la candidature du PDCI à l’élection présidentielle d'octobre prochain.

Aussi, le conseil de discipline, certainement sous les ordres de la direction, a-t-il trouvé des arguments pour suspendre sa session. Sinon que devant les menaces qui planaient sur la rencontre, la force régalienne pouvait être sollicitée en vue d'éviter tout débordement. On le voit, le  problème est ailleurs. Et, l'équation “Billion” semble désormais très difficile à résoudre au PDCI.

A la recherche de solutions, Tidjane Thiam et ses conseillers ont trouvé opportun de se rapprocher de l'ex-chef secrétaire exécutif, Maurice Kakou Guikahué qu’ils avaient pourtant accusés de tous les péchés d’Israël, écarté de la course à la présidence du parti avant de le jeter.

Ainsi, le 17 janvier dernier, le président du parti a procédé à la signature d’une décision nommant son ancien rival de la course au fauteuil présidentiel du PDCI en qualité de conseiller politique. Désormais, il sera conseillé par l’ancien médecin de feu Félix Houphouët-Boigny, fondateur du PDCI et très proche collaborateur de feu le président Aimé Henri Konan Bédié. L’homme qui a été de tous les combats et qu’on pensait naïvement pouvoir se passer de ses services est aujourd'hui placé au cœur du jeu. Ici encore, on note un rétropédalage de Tidjane Thiam. Lui qui pensait que son actuel secrétaire exécutif en chef, Emmou Sylvestre, pouvait aisément prendre la place d’un dinosaure comme Guikahué pour qui l’appareil PDCI n’a pas de secret est obligé de faire face à la réalité. Maurice Kakou Guikahué est donc appelé à la rescousse à quelque neuf mois de l’élection présidentielle. Mais, que pourra-il apporter  à un président tiraillé entre franchir ou marquer le pas concernant sa candidature à l’élection présidentielle. C'est un secret de polichinelle, Tidjane Thiam est pour le moment hésitant. Raison pour laquelle, il ne veut pas renoncer à certaines choses, notamment sa nationalité française et il ne semble pas  pressé pour convoquer la convention qui désignera le candidat du parti. Alors que son rival,  Jean-Louis Billon a déclaré sa candidature à l'élection présidentielle, Tidjane Thiam de son côté joue la montre. De toute vraisemblance, il ne veut pas s’engager sans avoir une certaine garantie.  C'est là qu'il se rend compte de la complexité de la politique surtout sur les bords de la lagune Ébrié. Auréolé de ses fonctions internationales, il pensait entrer sur la scène politique comme le couteau dans du beurre et s’imposer. Un an après son élection à la tête du PDCI, il est aujourd'hui face à la réalité. Loin des salons feutrés des banques et autres institutions internationales, c'est le terrain qui commande en politique. Et ce terrain est très glissant pour Tidjane Thiam qui est aujourd'hui obligé de reculer et de se dégonfler

Lacina Ouattara