Contribution - Nasseneba Touré : « Les femmes doivent être les gardiennes de la paix en Côte d’Ivoire »
Alors que la Côte d’Ivoire est en proie au doute, en cette année électorale, Nasseneba Touré, ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, invite ses sœurs dans cette contribution à être les gardiennes de la paix dans leur pays.

"Je crois profondément que les femmes sont les piliers d’une nation. Elles le démontrent par leur rôle capital dans la construction et le maintien de la cellule familiale, socle de toute société. La nation elle-même repose sur l’engagement collectif et, plus encore, sur la volonté de préserver la paix. Cette vérité est intemporelle.
La vie politique, par essence, vise la conquête et l’exercice du pouvoir d’État pour assurer le bien-être des populations. Dans cette quête, il peut arriver que certains acteurs usent de stratégies diverses, parfois excessives. Mais la démocratie exige que nous respections les règles que nous nous sommes librement données, à travers nos institutions et nos lois. C’est à cette condition que s’épanouit une société apaisée et juste.
Dans ce processus, la femme n’a pas vocation à attiser les flammes des conflits. Elle est, par essence, gardienne de la paix et du bien-être de sa famille, artisan du vivre-ensemble et de la cohésion sociale.
C’est pourquoi j’ai été profondément surprise et attristée de voir, récemment sur les réseaux sociaux, un groupe de femmes se réclamant d’une coalition politique - le Front commun - prédire l’apocalypse à l’orée des prochaines élections présidentielles du 25 octobre. Elles évoquent dans leur déclaration, déjà une crise électorale alors même que le processus suit calmement et sereinement son cours. Une telle posture, qui ne reflète pas la réalité du terrain, est non seulement injuste, mais également dangereuse.
Le Président de la République, Son Excellence Alassane Ouattara, a, à plusieurs reprises, réaffirmé sa volonté d’organiser des élections transparentes, inclusives et apaisées. C’est un engagement ferme, au plus haut sommet de l’État, qui doit être respecté et soutenu par tous.
La Commission Électorale Indépendante (CEI), dans le strict respect de la procédure, a reçu une soixantaine de candidatures et les a transmises au Conseil constitutionnel présidé par une femme d’une grande compétence professionnelle et d’une intégrité reconnue. Jusqu’à présent, le processus électoral se déroule de manière exemplaire, au grand bonheur des Ivoiriens. Pourquoi alors certaines choisissent-elles de semer la peur et d’annoncer le chaos
Mes chères sœurs du Front Commun, l’inclusion dont vous parlez concerne tous les partis et courants politiques. Elle ne saurait servir de prétexte à des crises alimentées par des ambitions individuelles qui, par ailleurs, ne respectent pas les textes que nous nous sommes donnés. L’idéal aurait été de proposer des candidatures alternatives lorsque la loi ne permet pas à certains choix initiaux de se présenter.
Par conséquent, je vous appelle à la retenue et je vous mets solennellement en garde contre les risques que de telles déclarations font peser sur notre cohésion nationale. Notre passé commun est encore vif dans les mémoires. Nous savons tous à quel prix se paie la division.
Face à ces défis, notre rôle de femmes, de mères, de sœurs, est de rassurer et d’apaiser. Nous avons le pouvoir d’orienter nos familles, nos maris, nos enfants vers la paix. Qui mieux qu’une femme mesure le prix des larmes, depuis la naissance jusqu’à la perte d’un être cher ? Nos souffrances ne doivent plus jamais être sacrifiées sur l’autel d’ambitions politiques.
Notre mission est claire : rappeler sans cesse que la paix naît du respect de nos lois et de nos institutions. La Côte d’Ivoire est un État de droit : ses textes et ses lois seront respectés.
Dans un contexte régional marqué par l’instabilité, la paix est devenue une denrée rare. La Côte d’Ivoire a choisi d’être une terre d’espérance et de stabilité. À nous, femmes ivoiriennes, de préserver ce bien précieux, en nous affirmant comme des artisanes de paix et de cohésion."
Nasseneba Touré
Ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfant.