Trajectoires opposées

Dans sept mois, les électeurs ivoiriens se rendront aux urnes pour élire leur Président de la République. Ce processus électoral, tant attendu à la fois par les populations et les acteurs politiques, entame, cette semaine, sa dernière ligne droite, avec la publication dès ce lundi 17 mars, de la liste électorale provisoire. Une étape qui ouvrira la phase, très scrutée, du contentieux électoral, qui débutera le samedi 22 mars prochain.
Ainsi, après la révision de la liste électorale l’année dernière, le train électoral entame son sprint final avec au bout de la course, le scrutin présidentiel du 25 octobre 2025. Mais, le schéma de cette bataille est déjà connu. Elle mettra aux prises, deux camps. D’un côté, il y a le mastodonte RHDP et de l’autre, l’opposition composée d’une cohorte de partis politiques hétéroclites aux idéologies diverses et parfois opposées.
Les deux parties ne préparent pas cette échéance – pourtant importante- avec le même état d’esprit. Au RHDP, l’objectif est déjà connu et même fixé : remporter l’élection au 1er tour avec à la clé une victoire éclatante et écrasante. Pour y arriver, le parti au pouvoir - le plus structuré et implanté – a revu de fond en comble l’architecture de son appareil et renouvelé sa base notamment les secrétaires départementaux au prix d’un exercice de démocratie interne réussi, en dépit de quelques convulsions légères. Pour autant, le RHDP ne s’est pas arrêté là. Il a également injecté du sang neuf dans le commandement de ses structures spécialisées, avec de nouveaux responsables élus de l’UF-RHDP, l’UJ-RHDP et l’UE-RHDP. Des élections internes ouvertes et transparentes qui ont renforcé la culture démocratique insufflée à ce parti par son président, Alassane Ouattara. Cette étape franchie, le RHDP a lancé une opération de recensement numérique de ses militants baptisée « E-militant », histoire de constituer une base fiable de militants identifiés et répertoriés. En somme, un matelas d’électeurs sûrs pour les futures échéances électorales.
Par ailleurs, le RHDP occupe littéralement, depuis de nombreux mois, le terrain pour renforcer son assise sur les zones acquises à sa cause ; et également conquérir, celles qui lui échappent encore. Depuis plusieurs semaines, il ne se passe pas une semaine, sans qu’il n’y ait une activité du RHDP dans le pays. Des meetings aux rencontres de proximité, le parti houphouëtiste travaille méthodiquement pour renforcer son implantation et surtout gagner le cœur des électeurs en surfant, à juste raison, sur le bilan exceptionnel des 14 années de gouvernance de son premier responsable, le Président Alassane Ouattara, qui a totalement transformé positivement le visage de ce pays. Sûr de sa force et très actif sur le terrain, le RHDP construit une victoire sans bavures à l’élection présidentielle à venir.
A contrario, l’opposition « se cherche » comme pour dire qu’elle est à la croisée des chemins. Pour ne pas dire en perte de vitesse. Quasi-absente, lors de la révision de la liste électorale l’année dernière, elle l’est aussi actuellement sur le terrain, écartelée entre plusieurs défis : dissensions internes, manque de stratégie, absence de projets politiques … A cela s’ajoutent des équations à plusieurs inconnues. Le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire a décidé de confier son destin électoral à son mentor Laurent Gbagbo, pourtant ni éligible ni électeur. Au PDCI, en raison de sa nationalité française, Tidjane Thiam ne remplit pas la condition sine qua none pour être candidat à l’élection présidentielle à savoir « être exclusivement Ivoirien ». Son cas est même plus complexe, parce qu’il n’est plus Ivoirien au regard de l’article 48 portant Code de la nationale ivoirienne qui dispose clairement que : « Perd la nationalité ivoirienne, l'Ivoirien majeur qui acquiert volontairement une nationalité étrangère, ou qui déclare reconnaître une telle nationalité ». Et il n’est pas exclu que des citoyens demandent sa radiation pure et simple de la liste électorale. Que dire du FPI de Pascal Affi N’guessan qui n’est plus que l’ombre de lui-même ou encore du Mouvement des Générations Capables, qui ne vit et respire que par le nom de Simone Ehivet. Idem pour le COJEP de Blé Goudé.
Manifestement, c’est une opposition faiblarde qui patauge dans le marigot politique, cherchant par divers artifices à discréditer la Commission électorale indépendante et le processus qu’elle conduit. Ou à tout le moins, une échappatoire à une déconvenue électorale qui se profile à l’horizon.
On le voit donc, le RHDP et l’opposition, c’est deux trajectoires diamétralement opposées vers le rendez-vous électoral le plus crucial de cette année. L’un prépare la victoire, l’autre cherche à fuir une défaite cuisante qui l’attend.
Charles Sanga