L’indispensable union sacrée

L’indispensable union sacrée

« Par l'union, vous vaincrez. Étouffez toutes les haines, éloignez tous les ressentiments, soyez unis, vous serez invincibles ». Cette pertinente réflexion du célèbre poète et romancier français Victor Hugo relève, avec acuité, la nécessité absolue de s’unir pour obtenir des résultats tangibles, en toute circonstance.

Justement, c’est ce qu’a parfaitement compris le président du Directoire du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), Gilbert Kafana Koné, par ailleurs Haut Représentant du Président de la République.

En tournée politique la semaine dernière dans le District autonome des Montagnes – qui regroupe les régions du Tonkpi, du Guémon et du Cavally – il n’a eu de cesse de prôner l’union, le rassemblement et la cohésion entre les cadres et les militants de son parti. Partout où il est passé, avec le franc-parler qu’on lui sait, Gilbert Kafana Koné a carrément enjoint les animateurs locaux du parti au pouvoir à travailler en famille. Ce qui sous-tend qu’ils doivent, pour l’intérêt supérieur du RHDP et aussi pour leur épanouissement personnel, taire immédiatement leurs rivalités et querelles intestines pour se donner la main, en vue d’atteindre l’objectif commun : faire triompher le RHDP à la présidentielle du 26 octobre 2025, dès le 1er tour, avec un score sans appel. En somme, une victoire sans bavures comme le promettent déjà certains responsables du RHDP.

Le défi est certes ambitieux, mais il n’est pas du tout insurmontable, au regard de l’assise nationale du RHDP et de la surpuissance de sa machine qui rase tout sur son passage depuis 2010, que ce soit aux élections générales ou locales. La marée orange qui nappe le territoire national, depuis les régionales et municipales du 2 septembre 2023 à l’issue desquelles le parti au pouvoir a raflé, 25 régions sur 31 et 123 communes sur 205, en est une illustration édifiante.

 Pour autant, le RHDP doit-il dormir sur ses lauriers ? Assurément non. C’est pourquoi, bien qu’étant la première formation politique du pays, elle doit continuer d’occuper littéralement le terrain et surtout d’y être hyper active. Comme en témoignent actuellement ses nombreuses activités : restructuration du sommet et des structures d’encadrement de la base, mise en place des coordinations régionales, tournées de mobilisation des militants pour la révision de la liste électorale, opération numérique de recensement des militants dénommée E-militant... C'est évident, le RHDP est de très loin, une formation politique bien organisée, moderne et populaire.  Mais, à quoi bon toute cette architecture et ces frémissements de forme si les cadres en interne sont divisés, se regardent en chiens de faïence ? Tirant ainsi le parti par le bas.

De toute évidence, sans une union sacrée des houphouëtistes, toutes les actions de terrain ne pourront avoir les résultats escomptés. La visite de Kafana Koné dans les coordinations régionales de l'ouest est l'arbre qui ne doit pas cacher la forêt des rivalités que les cadres du RHDP entretiennent dans d’autres parties du pays.   Elles peuvent, dans une certaine mesure, plomber la dynamique. Et c’est une donne qu’il faut absolument prendre en compte. Ne pas le percevoir, c’est faire une erreur qui peut s’avérer préjudiciable dans un an, surtout qu’en face, les opposants, en dépit de leurs faiblesses, préparent un front unique anti-RHDP. Quelqu’un l’a dit : l'adversaire principal du RHDP, c'est le RHDP lui-même.   D’où l’importance pour le parti de resserrer ses rangs et la pertinence de la démarche du président de son Directoire. « Les cadres doivent se tolérer. Ils doivent faire en sorte que l'intérêt personnel ne prime pas sur l'intérêt du groupe », conseillait-il vivement aux houphouëtistes.

Entre nous, que gagnent ces cadres du RHDP à se tirailler dans une guerre de leadership et de positionnement dans leurs régions respectives ? Pas grand-chose, pour ne pas dire rien du tout. Car, s’ils sont ce qu’ils sont et ont ce qu'ils ont aujourd’hui, ils le doivent en grande partie, pour certains, et en totalité pour d’autres, à l’appareil du RHDP.  Leurs ambitions, aussi aiguisées soient-elles, se nourrissent donc sur l’autel de la bonne santé du RHDP.

Comment peuvent-ils alors penser pouvoir se réaliser en ramant à contre-courant de l’intérêt de l’outil politique qui les fait ?  C’est ce paradoxe ahurissant que cultivent, bien malheureusement, des cadres du RHDP. Pourtant, ce n’est pas ce qu’attend le Président Alassane Ouattara d’eux. Mais, plutôt un bloc homogène et solide autour de lui, afin de l’aider à poursuivre son œuvre remarquable de reconstruction du pays. Et non des gens qui ne pensent d’abord qu’à eux, avant le pays.

De toute évidence, le Président du parti a fait sa part. Il appartient désormais aux cadres de jouer pleinement leur partition et, bien plus, de se montrer à la hauteur de la confiance qu’il place en eux. Cela passe indéniablement par une union sacrée en tout temps et en tous lieux. Et non des guerres inutiles de positionnement.

C’est à ce prix, en plus du bilan exceptionnel de la gouvernance Ouattara, que le RHDP s’offrira une victoire éclatante au scrutin présidentiel prévu dans un peu plus de treize mois. « Autant l'union fait la force, autant la discorde expose à une prompte défaite », enseignait l’auteur grec Esope. Une pensée à méditer pour aujourd’hui et…demain !

Charles Sanga