Violences électorales en Côte d’Ivoire : La recette privilégiée de Gbagbo et de Thiam

« L’histoire récente des élections dans notre pays la Côte d’Ivoire est marquée par des violences à répétition qui ont fait de nombreux morts, de nombreux blessés avec pour conséquences des traumatismes graves parmi les populations couplées avec des fissures profondes dans l’unité de la Nation». Ce sont les premiers mots de la déclaration lue lundi dernier par les députés du PDCI au siège de leur parti. Sur cette base, pour les élus du parti doyen, il faut revoir le processus électoral, engager un dialogue politique, reformer la Commission indépendante électorale. Ils embouchent la même trompette que les autres partis de l’opposition sur tous ces points. En parcourant ces lignes, l’évidence, qui saute aux yeux, est que les députés du PDCI font une lecture étriquée de la situation. Primo, toutes les élections en Côte d’Ivoire n’ont pas été marquées par des violences à répétition. A preuve le 6 mars 2021, la Côte d’Ivoire a organisé des élections législatives sans violence. Le 2 septembre de 2023 ont eu lieu des élections pour renouveler les membres des 201 conseils municipaux et des 31 conseils régionaux de Côte d'Ivoire. Cela dans un climat apaisé
Secundo, et c’est ce que les députés du PDCI veulent occulter, les violences constatées en 2010 et 2020, ne sont le fait ni de la CEI, ni du RHDP aujourd’hui au pouvoir. En 2010, le PDCI, qui était à l’époque allié du RDR dans le RHDP, doit se souvenir que les deux tours du scrutin présidentiel se sont déroulés dans le calme. La crise est née de la volonté de l’ancien chef d’Etat Laurent Gbagbo et de son parti d’alors, le FPI, de ne pas reconnaitre leur défaite et de céder le pouvoir au RDR et au PDCI. Le Conseil constitutionnel, dirigé à l’époque par Yao Paul N’dré, a été actionné pour semer le trouble dans l’esprit des Ivoiriens, la suite on la connait… En 2020, les acteurs ont changé. Mais, la violence n’est pas venue de la CEI. Mais, plutôt du PDCI et de l’opposition en général qui, pour bloquer le processus électoral, avait lancé le boycott actif dans un premier temps et le Conseil national de la transition (CNT), ensuite. Il est bon de rappeler qu’en 2015, le scrutin présidentiel a été totalement apaisé.
Boycott actif et désobéissance civile
Le 15 octobre, soit deux semaines avant le scrutin présidentiel ivoirien, feu Henri Konan Bédié et Pascal Affi N'Guessan animaient une conférence de presse, au domicile de l'ex-président, pour appeler leurs militants et électeurs à un boycott actif du processus électoral en cours. « Nous invitons nos militants […] à mettre en application le mot d'ordre de boycott actif par tous les moyens légaux à leur disposition, afin que le pouvoir actuel consente à convoquer l'ensemble des forces politiques nationales afin de trouver des solutions acceptables à toutes les revendications (de l'opposition)», a lancé Pascal Affi N'Guessan du Front populaire ivoirien (FPI), qui s'exprimait aux côtés du patron du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI). Dans les faits, il s'agissait pour ces opposants d'empêcher « le convoyage et la distribution de tout matériel électoral », « l'affichage électoral » ou encore « les meetings de campagne ». Le mot d'ordre touche aussi « la distribution et le retrait des cartes d'électeurs ». Pour atteindre leurs objectifs, les leaders de l’opposition n’ont pas lésiné sur les moyens. Les violences relatives à l'élection présidentielle du 31 octobre 2020 ont fait officiellement 85 morts et près de 500 blessés en Côte d'Ivoire, entre août et novembre 2020, selon Adou Richard, procureur de la République à l’époque. Des tronçonneuses ont été acquises pour abattre les arbres et obstruer les voies publiques par endroit. Consécutivement à ces actes, il y a eu des actions d’atteinte aux personnes et aux biens publics que privés, constitutifs d'infractions graves à la loi pénale, qui ont été commises dans plusieurs localités du pays, à l’en croire. La violence a toujours été le fait des adversaires du Président Ouattara. Thiam n’est pas étranger à cette violence. Pour preuve, il a été cité dans les événements survenus durant le CNT. Affi N’Guessan, porte-parole du CNT, a cité nomment le nom du président du PDCI comme un soutien au CNT.
« Je voudrais vous annoncer de façon solennelle que depuis quelques semaines, nous sommes en contact avec une très forte personnalité de ce pays, en l’occurrence notre frère le ministre Tidjane Thiam et il m’a chargé d’annoncer officiellement et solennellement au peuple de Côte d’Ivoire qu’il a décidé de rejoindre l’opposition et que désormais il est dans ce combat contre la dictature d’Alassane Ouattara », déclarait en substance le porte-parole du CNT. Preuve si besoin en était que l’ancien patron du Crédit Suisse est partie prenante à cette violence. Contrairement à Laurent Gbagbo et à feu Henri Konan Bédié et Tidjane Thiam, Alassane Ouattara a toujours prôné la paix. Il a œuvré dans ce sens. La réputation de la violence a toujours collé à la peau des adversaires d’Alassane Ouattara.
Tertio, les députés du PDCI font une autre mauvaise analyse de la situation par rapport au dialogue politique et à la réforme de la CEI. En effet, qu’ils se rappellent que le PPA-CI, parti de l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, a fait son entrée au sein de la Commission électorale indépendante (CEI), selon un décret présidentiel. Signé le 15 février, le décret avait été rendu public le 22 février 2022. Ainsi, le Président Alassane Ouattara nommait au sein de la CEI, Demba Traoré, vice-président du PPA-CI. Sa participation au sein de la CEI faisait partie des sujets de discussion de la phase 5 du dialogue politique qui visait à renforcer "la culture démocratique" dans le pays.
Cinq, c’est donc le nombre de dialogues politiques qui ont été organisés en Côte d’Ivoire. Preuve que le gouvernement n’est pas opposé à un quelconque dialogue. L’opposition semble, elle, fermer les yeux sur tous les efforts du gouvernement. Avec certainement un plan B, auquel ils ont toujours habitué les Ivoiriens. Récidiver avec la violence en 2025.
La politique de la chaise vide
La démarche du PDCI n’est pas nouvelle. Elle ressemble à celle de 2020. A l’époque, bien que déclaré éligible par le Conseil constitutionnel-une décision qu’il a salué - et après avoir fourni tous les documents (affiches, tee-shirts), pour la campagne présidentielle, Henri Konan Bédié a jeté l’éponge. Il avait été imité par Affi N’guessan. En réalité, cette volte-face, on le saura plus tard, était le meilleur moyen pour l’ex-chef d’Etat et l’ex-Premier ministre d’éviter la honte d’un échec face à Alassane Ouattara. Selon des sources dignes de foi, les sondages en leur possession à l’époque, donnaient le PDCI et son candidat et le FPI et son candidat perdants. Thiam, avec ce qui se profile à l’horizon, semble vouloir adopter la même posture. D’où son hésitation, d’après certaines sources, à se lancer véritablement dans la campagne. Il accuse un grand retard face à un candidat comme Alassane Ouattara. Qui, pour battre Laurent Gbagbo en 2010, avait lancé sa pré-campagne en mai 2007 à la place Ficgayo de Yopougon avant de faire le tour de toute la Côte d’Ivoire pour non seulement se représenter aux Ivoiriens mais pour leur expliquer son slogan qui était à l’époque « ADO Solutions »
Thiery Latt