Entre intrigues et manœuvres : Nady Bamba, la femme qui dirige le PPA-CI

Entre intrigues et manœuvres : Nady Bamba, la femme qui dirige le PPA-CI
Nady Bamba a pris des galons au PPA-CI

Et si Laurent Gbagbo n’était président du PPA-CI que pour la forme ? En tout cas, son épouse Nady Bamba semble avoir une mainmise totale sur sa formation politique. Selon nos informations, c’est elle qui est manifestement à la baguette et décide presque de tout. Elle a progressivement pris, après avoir mis son époux sous son influence totale, le contrôle du PPA-CI. Discrète, notamment lors de la présidentielle de 2010, alors qu’elle avait en charge la communication de l’ex-président de la République, Nady Bamba est désormais au-devant de la scène. Elle est devenue la plaque tournante d’un système qu’elle contrôle depuis 2023, soit deux ans après la création du Parti des peuples africains Côte d’Ivoire (PPA-CI), avec la nomination de nouvelles personnalités aux postes stratégiques (président exécutif, secrétaire général, responsable de la communication).

Petit à petit, son puzzle pour le contrôle total du parti se met en place. Elle se donne les moyens et les hommes pour devenir la patronne du parti fondé par son époux qui, tout le monde le voit, est visiblement sonné physiquement. Nos sources sont formelles : « Vous êtes avec elle, vous faites du bon chemin dans le parti. Vous êtes contre elle et son système, elle vous écrase ». Ahoua Don Mello, en sait quelque chose. La bataille avec l’ancien DG du Bnetd est connue de tous au PPA-CI. Ce dernier se préparerait assidûment pour l'élection d'octobre. Le sachant, Nady Bamba a décidé de faire prendre un virage à 180 degrés au PPA-CI. Ainsi, Laurent Gbagbo initiera des sorties de plus en plus fréquentes ces jours-ci, sur injonction de Nady Bamba. L’épouse du président du PPA-CI met tout en œuvre pour faire ombrage à Ahoua Don Mello. Elle est même soupçonnée d’avoir actionné ses hommes en sous-mains pour empêcher plusieurs manifestations initiées par le natif de Bongouanou. 

Petit à petit, par ses manœuvres, elle a mis sous l’éteignoir celui qui était présenté par de nombreux observateurs comme le probable plan B du PPA-CI. Il se murmure au sein de cette formation politique qu’elle serait le joker du parti. Ce qu’elle ne verrait pas d’un mauvais œil.  Aujourd’hui, au PPA-CI, c’est ce que Nady veut, Gbagbo veut. Pour le grand malheur du PPA-CI.  Avec sa grande influence sur l’ancien chef d’Etat, elle est présentée comme celle qui commandite toutes les activités, choisit les lieux et les intervenants. L’axe de communication, c’est toujours elle en accord avec un de ses proches, patron d’un des journaux proches du PPA-CI à qui elle a confié l’organisation des manifestations.  Pour avoir une mainmise sur les finances du parti, elle a fait nommer Zéréhoué Billaud Daniel, l’un de ses hommes sûrs à la tête de la commission finances. Elle a aussi mis en orbite Fabrice Lago alias Steve Beko, Blaise Lasm, Gnahoua Marcelin, ses poulains.  Les deux premiers sont chargés d’animer les plateaux télés pour polir l’image de l’ex-chef d’Etat. Dans les débats publics, aucun cadre du PPA-CI ne peut intervenir sans la caution de Nady Bamba. Pour contourner la Ligue des femmes du parti dont l’élection de la présidente a connu des soubresauts, elle a fait créer une structure satellite « Les Messagères de Gbagbo » présidée par l'ancienne ministre Likikouet Odette Sauyet.  Dans un local à la Riviera II, elle tient des réunions dans son bureau avec un groupe restreint de réflexion sur la gestion de son image et la création de beaucoup de mouvements de soutien à sa personne. Ce n’est pas tout. La patronne du groupe Cyclone est constamment aux côtés de Laurent Gbagbo non pas seulement en tant qu'épouse, mais aussi surtout avec une   volonté d'imposer son image comme la figure symbolique qui pourrait et devrait lui succéder. Des sources au sein du PPA-CI soutiennent que c’est elle qui impose le rythme des rencontres, oriente les débats et prises de positions. Pour couronner sa confiscation du parti, c’est aussi et encore elle qui a imposé le choix de Demba Traoré, son oncle, pour représenter le PPA-CI à la Commission électorale indépendante (CEI).

Manifestement, Nady Bamba, obsédée par l’idée de devenir aussi Première Dame, veut marcher sur les traces de celle qu’elle a évincée dans le cœur de l’ancien chef d’Etat. C’est pourquoi, elle s’affiche de plus en plus à la lumière et veut se construire une personnalité politique affirmée. D’où le verrouillage du PPA-CI par ses soins si bien qu’elle est aujourd’hui la tour de contrôle autour de laquelle gravitent tous les militants, y compris son époux. Et surtout, c’est elle qui pousse dans le dos un Laurent Gbagbo émoussé, à livrer le combat de trop. Pour cela, elle étouffe toute velléité de candidature de substitution à l’ex-chef d’Etat, qui n’est pourtant ni éligible ni électeur. Sans broncher, les cadres ruminent leur colère contre la « dame de la terreur ».  Et le PPA-CI bouille de l’intérieur, en attendant une implosion qui se dessine déjà.

Thiery Latt