Face au RHDP en 2025 : Pourquoi l’opposition ivoirienne ne peut s’unir
2025, année électorale en Côte d’Ivoire, approche à grands pas. Les Ivoiriens vont choisir leur président pour les cinq années à venir. Le RHDP qui affirme de plus en plus son unité aura face à lui une opposition profondément divisée. En effet, elle montre depuis longtemps les signes d’une division profonde entre ses membres. Personne n’est dupe, Laurent Gbagbo (PPA-CI), Tidjane Thiam (PDCI-RDA), Affi N’Guessan (FPI), Simone Gbagbo (MGC), pour ne citer que ces leaders de l’opposition, ont un rêve commun : celui de briguer la magistrature suprême. Chacun d’entre eux a affiché cette détermination à chaque fois que l’occasion se présente. Leurs partisans travaillent à cela. Au PPA-CI, tous les cadres de jurent que par l’ex-chef de l’Etat. Au PDCI, en attendant la désignation de leur leader comme candidat du parti à la présidentielle de 2025, les partisans de Tidjane Thiam donnent de la voix. Récemment, sur les antennes de plusieurs médias internationaux, Affi N’guessan a rappelé qu’il sera le candidat du FPI. Les positions sont tranchées et claires. Personne n’entend faire la passe à l’autre.
L’ancien président de la République Laurent Gbagbo se voit comme l’océan dans lequel doivent converger tous les autres qu’il considère comme des fleuves. « J’ouvre les bras. Tous ceux qui veulent un rassemblement politique clair et sain pour battre ce gouvernement en 2025 sont les bienvenus. J’ouvre les bras, je les attends mais attention, il ne faut pas essayer de faire la roublardise avec nous », avait affirmé Laurent Gbagbo, le dimanche 14 juillet, au cours d’un meeting à Bonoua, dans la ville natale de Simone Gbagbo, son ex-épouse. Pour Laurent Gbagbo, pas question de s’aligner derrière le candidat du PDCI qu’il considère comme non expérimenté dans la gestion des affaires de l’Etat.
Thiam, lui, n’entend pas les choses de cette oreille. Ses partisans le présentent comme un technocrate capable de transformer le pays par des idées novatrices. Et pour ne pas arranger les choses, selon des informations de sources concordantes, le courant ne passe pas entre les deux personnalités. Thiam aurait pris ses distances avec Gbagbo. A preuve, pendant que Gbagbo appelait l’opposition à le rejoindre, un regroupement d’une dizaine de partis de l’opposition se constituait au siège du parti doyen. Ils ont même signé un protocole d’accord et présenté Simone Gbagbo, présidente de MGC (Mouvement des générations capables), comme leur porte-parole.
Gbagbo aura aussi des difficultés à rallier à sa cause son ex–épouse. En raison de leur rupture brutale, à la fois matrimoniale et politique, de nombreux analystes politiques estiment que chacun des deux a emprunté le chemin du non-retour. Le retour au premier rang de la vie politique de Nady Bamba, devenue la nouvelle épouse de l’ex-chef de l’Etat, n’est pas fait pour arranger les choses. D’autant plus que dans une vidéo devenue virale, Simone Ehivet Gbagbo réclamait son époux. « On me demande de pardonner... Je pardonne mais tu as pris mon mari. Rends-moi mon mari ! », avait-elle exigé avant que la rupture entre elle et Gbagbo ne soit consommée. A l’évidence, avec le remariage de son ex-époux, ce message de détresse n’a pas été entendu. L’ex-députée d’Abobo qui posait comme condition de son pardon, le retour au foyer de son ex-époux va-t-elle pardonner à son ancien compagnon de lutte politique ? La question reste sans réponse pour l’heure.
Avec plus d’élus (députés, maires, conseils régionaux), le PDCI peut à juste titre revendiquer avoir plus de poids que le PPA-CI. Dans ces conditions, pourquoi accepterait-il de se mettre à la remorque du parti de Laurent Gbagbo. Surtout que, ne l’oublions pas, le rêve ultime de Thiam, c’est de devenir président de la République. De son côté, Affi N’guessan veut aussi jouer sa carte. Il a affiché à maintes reprises sa volonté d’être candidat. Il se présente comme une alternative crédible alors que les dernières élections locales ont démontré qu’il ne pèse plus grand-chose sur la scène politique. En aucun cas, Laurent Gbagbo ne voudra s’aligner derrière lui et encore moins le PDCI. Les appétits politiques, les orgueils des uns et des autres et leurs ambitions démesurées de devenir président font que cette opposition qui cultive de nombreuses contradictions ne peut s’unir. Voilà qui est clair comme l’eau de roche.
Thiery Latt