Football-Eléphants, Conseil de la FIFA, chèque de la CAF, foot féminin, ... : Yacine Idriss Diallo sans détours  

A Ndola, en Zambie, le président de la Fédération ivoirienne de football (FIF), Yacine Idriss Diallo, a sacrifié à la tradition. Dans des échanges francs, il a passé en revue l’actualité du football ivoirien avec les médias ivoiriens présents dans le nord zambien pour suivre le match de la 6e journée des qualifications de la CAN Maroc 2025. Le récent revers des Eléphants face à la Sierra Leone, le nouveau maillot des sélections nationales et les mesures prises contre la contrefaçon, le choix de N’Dri Koffi Romaric au poste de sélectionneur national adjoint en charge de l’équipe nationale A’, sa candidature au conseil de la FIFA, le chèque de 14 millions de dollars de la CAF, l’indiscipline dans les stades et bien d’autres sujets ont rythmé les échanges qui se sont déroulés en présence des vice-présidents Malick Tohé et Mamadou Koné, du directeur exécutif de la FIF, Armand Gohourou, du conseiller du président Ahmed Ouattara, du manager sportif Aruna Dindane et de l’officier media des Eléphants, Anne-Marie N’Guessan.

Football-Eléphants, Conseil de la FIFA, chèque de la CAF, foot féminin, ... : Yacine Idriss Diallo sans détours   
Le président de la FIF a passé en revue toutes les questions de l’heure avec les médias présents à Ndola (Ph DR)

Défaite et statut des Eléphants

Cette défaite devait nous permettre de tirer les enseignements et ce qu'il n'avait pas fonctionné et de corriger. Parce que, lorsqu’on est champion d’Afrique, on a des obligations en termes de performance non seulement pour faire respecter notre statut, mais pour se maintenir au niveau de meilleures places africaines dans le classement FIFA et aussi au moment du tirage pour les têtes de poules. Il y a tous ces paramètres qu'il faut voir. Je pense qu’aujourd’hui ce qui s'est passé nous donne raison. Les 9 points que nous avons pris en trois matchs nous ont mis à l'abri de toute surprise.

 

 

Le nouveau maillot des Eléphants et la contrefaçon

Notre partenaire équipementier, c'est Puma et Puma fait les maillots selon des cycles de quatre ans. Donc le maillot avec lequel on a joué la CAN est arrivé en fin de cycle. La nouvelle collection est maintenant disponible pour l'équipe. A partir d'aujourd'hui (15 novembre 2024, Ndlr), ils vont jouer avec la nouvelle collection, notamment le maillot blanc et le match à Abidjan contre le Tchad, ce sera le maillot orange avec les trois étoiles. Donc pour l'équipe et pour le staff, le maillot est disponible. Par contre, pour le grand public, le maillot ne sera disponible qu’au mois de mars 2025, parce qu’il y a des conditions de fabrication. Ils sont fabriqués dans certains pays et mis dans des bateaux. Le temps que ça arrive, nous avons trois mois à peu près.

Sur la contrefaçon, nous allons procéder, à partir d'aujourd'hui, à une campagne de sensibilisation. Des gens ont déjà commencé la contrefaçon parce que Puma a publié la photo du maillot sur son site. Donc nous avons porté plainte auprès de la PLCC que je tiens à féliciter et à remercier pour son efficacité. Elle a mis la main déjà sur des fabricants du black market d’Adjamé. Nous serons dans des procédures où on va être très féroces. C’est-à-dire que celui qui va s'amuser va nous sentir. Nous allons débuter par une campagne de sensibilisation pour dire que le maillot va sortir. Il ne sera mis en vente pour le grand public par la Fédération qu'à partir du mois de mars 2025. Mais il y a des partenaires officiels de Puma que sont les magasins City Sport. Lorsque vous achetez chez City Sport, c'est un maillot officiel. Mais ce que vous avez acheté ailleurs, c'est une contrefaçon et nous allons lutter contre la contrefaçon parce que les études ont démontré que pendant la CAN, les contrefaçons ont coûté plus de 2 milliards de francs CFA à Puma et à la fédération. Ce sont des choses sur lesquelles on ne va pas plaisanter. Pour le respect de cela, on a l'appui de la PLCC et des autorités judiciaires. Il faut inviter tout le monde à respecter ces dispositions et à patienter, car le maillot sera là et ils pourront l'acheter dans de bonnes conditions. Ce n'est pas nous qui fabriquons le maillot, nous n'avons pas la capacité d'accélérer des choses. Le processus est général pour toutes les équipes nationales qui ont un accord avec Puma pour les uns ou avec Adidas pour d'autres. Dans le cadre de notre campagne, nous allons amener les gens à comprendre que désormais notre logo a été déposé officiellement auprès de l’OAPI. Donc tout est protégé. Aujourd'hui nous avons les moyens de traquer et de sanctionner tous ceux qui seront dans cette logique.

 

Le choix de coach Romaric N’Dri en A’

D'abord, il faut savoir que notre vision, c'est que le sélectionneur des A doit avoir la main sur les Olympiques et les Locaux parce que c'est l'antichambre des A. Pour les équipes de jeunes, c'est différent. Nous avons échangé avec le sélectionneur et c'est lui qui nous a proposé Romaric. Je pense qu’il nous a proposé Romaric, parce que tout simplement Romaric est un coach qui a entraîné plusieurs équipes locales. C’est la même génération que Coach Faé. C'est ainsi que Faé a proposé Guy Demel. Il l’a fait avec Sanogo Boubacar qui était avec nous lors du match des Olympiques contre la France. C'est comme ça, il a proposé Romaric et ça nous convient totalement. Le contrat de Romaric N’Dri court sur la compétition du CHAN. J’ai énormément confiance en cette génération de jeunes. C’est une génération que je connais avec qui j'ai vécu, avec qui j'ai partagé des choses depuis la Coupe d'Afrique 2006 en Egypte puis la Coupe du Monde 2006 en Allemagne dans la foulée. Je les connais individuellement. Je connais leur état d’esprit, la mentalité et je leur fais confiance.

 

DTN, directeur de la formation et sélectionneur équipe féminine

La sélection féminine, comme les sélections de jeunes, sont sous la responsabilité de la commission de football et du développement technique. C'est-à-dire la commission du colonel Koné Mamadou. Nous allons lancer d'ici la fin du mois, un appel à candidature pour le poste de directeur technique national, pour le poste de directeur de la formation et pour les postes de sélectionneur de football féminin. Et à l'issue des appels à candidature, nous allons choisir des gens qui vont prendre fonction à partir du 1er janvier. Je ne suis pas le président qui considère que comme c'est le football féminin, ça peut être forcément une femme qui est entraîneur. Je suis totalement ouvert à toutes les options. L'essentiel, c'est qu’il y a quelqu'un qui ait les compétences pour mener à bien la mission en tant que technicien du football féminin et si vous avez remarqué, nous mettons beaucoup d'accent sur le football féminin jeune. Vous avez vu qu’en Ligue 2 par exemple où on a exigé que ce soient des filles de moins de 20 ans et des Ivoiriennes. On a exigé ça pour que les jeunes filles de Côte d'Ivoire s'intéressent et commencent à s’aguerrir. Après, on a l’équipe des U16 qui est allée jouer au Maroc. Nous avons les U20 féminines qui vont jouer contre les Marocaines à la fenêtre Fifa. Nous avons deux à quatre ans de formation. C’est un travail de longue haleine. Raison pour laquelle quand elles encaissent un score fleuve, je ne me plains jamais. Parce je considère que nous sommes en apprentissage. Mais un moment viendra pour nous aussi on pourra s'imposer sur le plan africain.

 

 

Le chèque de 14 millions de dollars de la CAF

On n'a pas reçu d'argent de la CAF pour l'instant. J’ai reçu un gros chèque en papier d'abord. Ils nous ont promis 14 millions de dollars qui sont issus des bénéfices qu'ils ont réalisés sur la compétition de la CAN. Mais pour l'instant ils n’ont pas encore reçu toutes les sommes et ils vont pouvoir nous donner les sommes dès que cela sera possible. On n’a aucun doute là-dessus. Ce sont juste des questions de timing maintenant, même si on reçoit cet argent, on ne peut pas l'utiliser parce que la CAF nous donne un cahier des charges d'utilisation. Ce n’est pas par ma volonté. La CAF dit cet argent, vous allez l'utiliser pour le football féminin et le football des jeunes. Mais ils n'ont pas encore envoyé le cahier des charges. Alors une fois qu'on aura les informations précises, on saura ce qu'il faut en faire. Donc l’argent que les clubs de football féminin ont reçu, ce n’est pas celui de la CAF. C’est de l’argent issu des ressources mobilisées par la Fédération ivoirienne de football pour aider ces entités.

 

 

Indiscipline dans les stades

D'abord ce qui s'est passé l'année dernière n’est pas fini. Il y a une instruction qui est en cours au niveau de la commission de discipline. La Fédération n'a aucun moyen de pression sur les commissions indépendantes. Pour ce qui concerne les actes de violence dans les stades, j'ai demandé que nous soyons intransigeants, parce que les violences sont les prémices de l’hooliganisme, ce qui a perturbé le football européen pendant plusieurs années. Pour s'en sortir, ils ont appliqué la tolérance zéro. Et on sera dans cette direction.

Je n'ai pas les moyens d'obliger les commissions indépendantes, mais en revanche j'ai la capacité de les interpeller. On va les interpeller sur ces choses-là. Il faut que des mesures soient prises et avec célérité pour que les gens n'aient pas l'impression justement qu’il n'y a jamais rien qui est décidé. De là à parler de pacification, pour moi le football ivoirien est en paix. Vraiment je n'ai pas de problème. Celui qui n'est pas dans la paix, est seul dans sa bagarre. Mon comité exécutif et moi, on n'a pas la force. On est concentré sur notre mission. Il y a tellement de choses à faire qu’on est concentré sur ça et on espère simplement que le travail que nous faisons au quotidien, avec sérieux, abnégation, humilité, va porter pour le football ivoirien. Pour l'instant, il porte. Sur nos 14 engagements de campagne, nous avons rempli 13 et le dernier qui restait, c'était la professionnalisation de l'arbitrage qu'on vient de faire. Et là-dessus d'ailleurs pour vous dire à quel point on est pointilleux, il y a eu une action litigieuse lors du dernier match ISCA contre Zoman FC, un penalty que les gens ont qualifié d’imaginaire. Mais la commission d'arbitrage a revu l'action. Elle a disséqué l'action. Ils m'ont emmené les éléments et il y a penalty parce que le défenseur a tiré le maillot mais vraiment très intelligemment dans l'action. Quand vous regardez effectivement, il a tenu l'autre par le maillot, donc le penalty est justifié. Le professionnalisme que nous avons mis dans l'arbitrage va faire l'objet d'un suivi rigoureux parce que justement, c’est là où on doit « pacifier l’environnement ». C’est quand on arrive vers la fin de la saison les clubs commencent à se plaindre et c'est l'arbitrage qui est souvent au centre. Nous allons travailler à améliorer ces choses-là. Nous ne sommes pas isolés sur une autre planète. Même en Europe il y a des fautes techniques d'arbitrage, mais nous ferons de notre mieux pour faire avancer les choses.

 

 

Candidature au Conseil de la FIFA

Peut-être que vous ne le savez pas, Jacques (Anouma) est mon ami. On est ensemble depuis 1984. C'est là qu'on s'est croisé la première fois. On a fait beaucoup des choses ensemble. Pendant 40 ans, il peut avoir des moments où ça se passe bien ou moins bien. Ça fait partie des choses de la vie, mais absolument, il n’y a aucun problème et ça ne peut même pas exister. Je vous informe officiellement que je suis candidat au Conseil de la FIFA pour le compte de mon pays. Je pense que notre pays a prouvé sa capacité à organiser d’abord des grands événements, notre pays a prouvé sa capacité à recevoir et à gérer, de façon efficace, la plus belle des compétitions africaines jamais organisée. Notre pays a prouvé aussi qu’au plan sportif, nous sommes capables d'avoir d'excellents résultats avec la CAN où nous sommes aujourd'hui champions en Afrique. Notre pays a prouvé aussi que nous sommes capables d'accueillir plusieurs pays chez nous à l'occasion des compétitions. Je pense que notre pays peut prétendre à avoir un poste au gouvernement mondial du football. Depuis 40 ans, je suis dans le football à divers échelons et je pense humblement que je peux apporter ma contribution au football mondial et représenter dignement notre grand pays la Côte d'Ivoire.

 

La Côte d’Ivoire, source de fierté de la Caf

Le président de la République, depuis qu'il est aux affaires en 2011, a souhaité que la Côte d'Ivoire retrouve sa position et même aille au-delà de la position qu'elle avait. Donc on a retrouvé la position au plan de la stabilité politique, au plan de la stabilité économique et au plan de l'image de marque du pays. Avec la CAN que nous avons organisée, ça a été un moment important de rayonnement de notre pays. Aujourd'hui nous avons l'opportunité de recevoir tous les pays africains qui veulent venir jouer chez nous. Et effectivement c'est la Fédération qui organise ça. Nous avons créé un département des compétitions internationales qui est dirigé par Dié Fonéyé et qui a une équipe très outillée qui travaille en harmonie avec l'ONS pour le rayonnement de la Côte d'Ivoire. Vous voyez que les pays, comme le Qatar, ont organisé la Coupe du Monde, ça leur a permis d'avoir une certaine dimension. Voyez un pays comme l'Arabie saoudite en train de mettre de gros moyens aujourd'hui pour pouvoir organiser la Coupe du Monde en 2034. Tout ça participe d'une stratégie diplomatique que les gens appellent en anglais le SoftPower. Donc c'est ça l'objectif. Et je pense que, comme le disait le président Motsepe à la dernière assemblée générale, ce qui lui a fait le plus plaisir depuis la CAN, c'est qu’il est dans les plus grands forums économiques du monde. Dans ces forums économiques, avant la CAN, quand on parlait de l'Afrique, on parlait de l'Afrique à travers le prisme de la misère et des guerres. C'était comme ça qu'on parlait de l'Afrique mais depuis la CAN, quand ils arrivent, tous les hommes d'affaires du monde entier parlent d'abord du football, de la CAN et cette image positive de l'Afrique là que la Côte d'Ivoire a véhiculé qui fait sa fierté. Il a félicité encore la Côte d'Ivoire lors de l'Assemblée générale. Notre pays comme l’a souhaité notre chef de l'État est repositionné au plan international. En Afrique, le numéro 1 en matière de capacité d'organisation et de réception des matchs, c'est le Maroc. Le Maroc est intouchable. Et le Maroc est notre modèle en termes de déploiement et en termes de développement. Nous les regardons et nous essayons de faire comme eux. Je ne pense pas qu'on arrive à leur niveau, mais après le Maroc aujourd'hui c'est la Côte d'Ivoire. Avant on avait des pays comme l'Egypte, l'Afrique du Sud qui étaient largement devant nous en termes de capacité de réception et d'organisation. Mais nous sommes cette dynamique-là aujourd’hui.

Recueillis par OUATTARA GAOUSSOU