Interview - Fadiga Issouf Diouf (PCA du GUCE et parrain du CNO-CIV) : « La Côte d'Ivoire doit s'illustrer sur tous les podiums, pas seulement au football »

En marge des 6èmes Jeux de la solidarité islamique à Ryad, Fadiga Issouf Diouf, président du conseil d'administration du Guichet unique du commerce extérieur et parrain du Comité national olympique de Côte d'Ivoire, analyse la participation ivoirienne et plaide pour une meilleure structuration du sport national. Entre bilan des performances, vision stratégique et engagement personnel, il appelle à une mobilisation collective pour hisser la Côte d'Ivoire au rang des grandes nations sportives.

Interview - Fadiga Issouf Diouf (PCA du GUCE et parrain du CNO-CIV) : « La Côte d'Ivoire doit s'illustrer sur tous les podiums, pas seulement au football »
Fadiga Issouf Diouf, parrain du CNO-CIV et conseiller spécial du président Georges N'Goan, lors de son séjour à Ryad pour les 6èmes Jeux de la solidarité islamique.

Le Patriote : Qu'est-ce qui explique votre présence aux 6èmes Jeux de la solidarité islamique à Ryad ?

Fadiga Issouf Diouf : Je suis ici à l'invitation du Comité national olympique de Côte d'Ivoire. Cela s'inscrit dans l'engagement que j'ai toujours eu envers le monde sportif et la presse sportive, qui m'honore régulièrement en m'impliquant dans leurs activités. C'est ainsi que le CNO-CIV s'est intéressé à mes actions. Je salue son président, Georges N'Goan, qui m'a fait l'honneur de me nommer conseiller spécial. Pour moi, c'est un appel à m'engager davantage pour le développement du sport dans notre pays.

 

LP : En tant que parrain du CNO-CIV, quelle était votre mission à Ryad ?

FID : Ma mission était d'observer avec un œil neuf, de côtoyer les journalistes, les athlètes, les encadreurs et les officiels, afin d'apporter une contribution réelle au développement du sport ivoirien. Le président de la République a fixé le cap : faire de la Côte d'Ivoire une grande nation. Cette construction nécessite l'implication de tous. Mon rôle était d'observer, de comprendre et d'échanger avec l'ensemble de l'écosystème sportif pour identifier comment nous pouvons contribuer. Nous sommes tous redevables des résultats de nos athlètes. On ne peut pas se contenter de critiquer depuis nos salons, il faut s'impliquer davantage.

 

LP : La Côte d'Ivoire repart de Ryad avec trois médailles de bronze. Quel est votre bilan ?

FID : Les résultats sont encourageants. La participation a été très honorable. Voir notre drapeau flotter dans tous les stades, entendre nos jeunes chanter l'hymne national, c'est une fierté pour tout Ivoirien, particulièrement pour la jeunesse. Nous avons l'obligation de soutenir ces jeunes qui font briller notre pays.

Trois médailles, c'est tout à notre honneur, surtout que certaines nations sont reparties les mains vides. Nos athlètes se sont brillamment illustrés et méritent nos félicitations. Nous avons le potentiel humain et technique pour glaner des médailles d'or, mais il faut pour cela adopter une nouvelle vision du sport en Côte d'Ivoire.

 

LP : Concrètement, que proposez-vous ?

FID : Il faut un engagement collectif. Aujourd'hui, quand on parle de football, tout le monde est concerné. Mais il n'y a pas que le football dans notre pays. Il y a tous ces sports dits mineurs et leurs athlètes qui ont besoin de soutien. Quand nous voyons la Turquie caracoler en tête ici, c'est toute la fierté de ce pays. Pourquoi ne pourrions-nous pas faire autant pour nos athlètes ? Pour y arriver, il faut mutualiser nos intelligences, nos expertises et développer un networking puissant. L'avenir du sport ne peut pas reposer uniquement sur les athlètes, les encadreurs et les dirigeants sportifs. C'est un ensemble qui doit se mobiliser pour obtenir de bons résultats dans toutes les compétitions. Le football nous le démontre avec les Éléphants, mais la grande nation promue par le président de la République ne doit pas se contenter du football. Une grande nation doit s'illustrer sur tous les podiums.

 

LP : De jeunes athlètes talentueux comme Angaman Médéric, Ouattara Mohamed ou Djehi Lou Chantal ont marqué ces jeux. Peut-on s'attendre à un accompagnement dans leur formation en vue des prochaines échéances ?

FID : Dans nos différents échanges, nous avons abordé la formation et l'encadrement de ces jeunes. Si nous voulons des résultats, il faut commencer par renforcer l'encadrement. Si nous attendons les jeux pour demander aux fédérations de fournir des athlètes sans bon encadrement, nous repartirons avec des résultats mitigés. Pour ces jeunes talents, il faut mettre en place une stratégie impliquant l'État, les entreprises et les acteurs sportifs, afin de trouver des cadres de formation performants. Le CNO ne doit pas attendre l'organisation des jeux mais repenser sa stratégie dès maintenant. Les Jeux Olympiques de 2028 se préparent aujourd'hui. Il faut donner de nouvelles orientations aux gouvernants pour qu'ils jouent pleinement leur rôle. La formation doit être le levier pour avoir de grands champions. Avec une politique de formation bien pensée, les investisseurs viendront aider à l'éclosion de champions.

 

LP : Quel regard portez-vous sur l'organisation de ces 6èmes Jeux de la solidarité islamique ?

 

FID : L'organisation est impeccable, c'est tout un art. Nous avons vu avec la CAN 2023 et les Jeux de la Francophonie ce qu'est une grande organisation. Avec les infrastructures sportives dont dispose notre pays, nous devons intensifier l'organisation de grands événements. L'Arabie Saoudite a sorti le grand jeu avec un respect strict des règles. Dans notre pays, nous devons élever le niveau d'organisation des événements. C'est une responsabilité collective qui interpelle journalistes, athlètes, dirigeants sportifs et décideurs.

 

LP : À quelques semaines de la CAN, qu'envisagez-vous pour accompagner la presse sportive au Maroc ?

FID : Chaque fois qu'il y a des compétitions sportives en Côte d'Ivoire ou à l'étranger, j'ai toujours plaisir à rencontrer les journalistes sportifs et à chercher des moyens de les accompagner. Cette année encore, nous allons regarder ce que nous pouvons faire pour soutenir les membres de la presse sportive qui se rendront au Maroc.

 

LP : Un message aux Éléphants qui défendront leur titre au Maroc ?

FID : Les Éléphants nous feront honneur, je n'en doute pas. La fédération est très impliquée, avec des dirigeants compétents qui font un travail extraordinaire. Les Ivoiriens ont toujours été en bloc derrière nos Éléphants, et c'est ce que nous devons continuer à faire pour leur permettre d'aller chercher la quatrième étoile.

 

Par OUATTARA Gaoussou à Ryad-Arabie Saoudite