Métro d’Abidjan : La livraison est maintenue pour fin 2028
Au lendemain de la prestation de serment du Président Alassane Ouattara, la ministre déléguée française chargée des Partenariats internationaux, Éléonore Caroit, et le ministre ivoirien des Transports, Amadou Koné, ont effectué, mardi 9 décembre, une visite du chantier de la ligne 1 du métro d’Abidjan. Au pied du viaduc en construction à Treichville, les deux membres du gouvernement ont salué l’avancée des travaux et la solidité de la coopération bilatérale autour de cet investissement majeur.
S’exprimant à l’issue de la visite, Éléonore Caroit a rappelé l’importance stratégique accordée par la France à ce projet de mobilité urbaine, présenté comme l’un des plus ambitieux du continent. Selon elle, la ligne 1 du métro d’Abidjan constitue un modèle de coopération en matière d’investissement durable et solidaire. Avec 180 millions de déplacements prévus par an, 24 gares, des dizaines d’ouvrages d’art et un vaste ensemble d’infrastructures, il s’agit d’un chantier d’envergure auquel participent plusieurs entreprises françaises. La ministre a souligné la fierté de la France d’accompagner ce projet, en particulier grâce au transfert de savoir-faire et à la création d’emplois locaux, éléments qu’elle considère comme centraux dans les partenariats modernes. Interrogée sur l’impact de tels projets sur la politique de financement de la Côte d’Ivoire, Éléonore Caroit a rappelé que la France évalue systématiquement l’impact climatique, social et environnemental des prêts qu’elle accorde, notamment en matière de réduction des émissions de CO₂ et d’amélioration de la qualité de vie. Elle a réaffirmé la volonté de la France de demeurer un partenaire engagé de la Côte d’Ivoire et de renforcer davantage la relation bilatérale.
Le ministre des Transports, Amadou Koné, a retracé la genèse du métro d’Abidjan, rappelant que le projet avait été initialement conçu en 2018 comme un partenariat privé. Ce modèle devait permettre au consortium chargé de la construction d’assurer également l’exploitation. Mais les coûts très élevés des financements commerciaux rendaient le ticket de transport inaccessible pour les populations. Face à cette impasse, le gouvernement ivoirien s’est tourné vers les pays dont sont originaires les entreprises du consortium. La France a alors accepté de reprendre le financement intégral du projet.« Le gouvernement français a sauvé ce projet », a tenu à souligner Amadou Koné, saluant un engagement déterminant. Le ministre a également expliqué qu’il est normal pour le bailleur de constater régulièrement l’évolution des travaux, dans la mesure où il s’agit de ressources, même sous forme de prêts, mobilisées par le contribuable français. Amadou Koné a insisté sur l’impact futur de la ligne 1 sur l’ensemble du système de transport d’Abidjan. Alors que la SOTRA transporte aujourd’hui environ 44 millions de passagers par an, le métro permettra d’ajouter 180 millions de déplacements supplémentaires. À terme, la capitale économique pourrait atteindre près de 400 millions de passagers transportés par an, tous modes confondus. Une transformation majeure, qui renforcera également la compétitivité du Port autonome d’Abidjan et contribuera à fluidifier une ville en pleine croissance. Le ministre a également mis en avant les retombées sociales du projet : 4 000 personnes travaillent actuellement sur le chantier, dont moins de 200 expatriés, la grande majorité étant de jeunes Ivoiriens, parmi lesquels de nombreuses jeunes femmes formées aux métiers techniques. À l’exploitation, le métro mobilisera entre 1 300 et 2 000 emplois supplémentaires. Cette montée en compétences est, selon lui, l’une des grandes réussites de la coopération franco-ivoirienne sur ce dossier.
Amadou Koné a confirmé que le calendrier est respecté : la ligne 1 sera livrée fin 2028. Les rames de métro sont déjà en cours de fabrication, et une première maquette grandeur nature est arrivée à Abidjan, où elle sera prochainement exposée pour familiariser le public avec ce nouveau mode de transport.
Rahoul Sainfort
