Sur une col : Il l’a dit…
A mots couverts, oui ! Entre les lignes, oui ! Mais il l’a quand même dit ! N’en déplaise à ceux qui veulent y voir du clair-obscur. Pour se donner encore quelques raisons d’espérer une abdication salvatrice pour eux et pour leurs petites ambitions mal caressées.
Las ! Ça en est presque fini pour les rêveurs d’un supposé « boulevard triomphal » royalement ouvert vers un palais aux lambris incessamment dorés à leur goût immodéré du lucre. Et ils n’ont plus que leurs yeux pour pleurer. Le locataire en place ne veut guère aller voir ailleurs. Il déclare qu’il s’y sent encore bien et qu’il aimerait bien poursuivre depuis ce lieu, ce qu’il n’a cessé de faire pour ses compatriotes depuis bien des années. Pour leur bien-être et pour la grandeur de leur pays.
« Je suis en bonne santé et désireux de continuer à servir mon pays », a-t-il lâché, hier, d’une voix mélodieuse, presque musicale pour une bonne partie de ses concitoyens. Réalistes et férus de pragmatisme et surtout pas assez fous pour tourner le dos au bonheur dans lequel il les fait baigner depuis belle lurette, eux qui ont connu tant d’années de supplice et d’errance existentielle, ils esquissent déjà des pas de danse sous les chaumières d’espoir et d’espérance.
Oui, Alassane Ouattara est toujours bon pour le service ! Il n’est pas fatigué de distiller le développement à son peuple. Il n’est pas exténué par la distribution sans relâche de la santé, de l’électricité, de l’eau, des routes, des ponts, des échangeurs, et j’en passe, à ceux des siens qui lui ont confié leur destin. Il n’est pas lassé par l’offre de milliers d’écoles, collèges, lycées et universités à ses « enfants », encore moins par la facilitation à l’accès à l’emploi à des millions de jeunes et femmes de son pays. Il n’est pas encore prêt à renoncer à se battre pour que les braves agriculteurs voient les prix de leurs productions valorisés.
Évidemment, cette bonne disposition au don de soi, cet altruisme rare en politique sous nos tropiques, ce n’est malheureusement pas tout le monde qui l’accueille « avec bon cœur », comme on dit chez nous. Hier, beaucoup d’entre eux, notamment les politiciens de la courte échelle, ceux qui veulent tout et tout de suite, l’ont ressenti comme une douche froide. Ils auraient voulu que Alassane Ouattara leur dise : « venez, emparez-vous de ce beau pays que j’ai reconstruit de fond en comble, après que vous l’ayez laissé en ruine et plongé ses vaillants habitants dans le désespoir et la misère ». Ils auraient voulu que cet esthète du développement, que la providence a gracieusement offert à la Côte d’Ivoire, leur donne l’occasion à nouveau de le faire basculer dans le cauchemar.
Mais, Dieu ne dort pas. Il l’a dit…
KORE EMMANUEL