Présidentielle du 25 octobre : Le PPA-CI invente ses propres chiffres

Présidentielle du 25 octobre : Le PPA-CI invente ses propres chiffres
Le PPA-CI de Laurent Gbagbo gagnerait à tourner le dos à la violence

Entre 8 % et 12 %. C’est l’estimation du taux de participation à la présidentielle du 25 octobre avancée par le parti de Laurent Gbagbo, dans un communiqué publié le mercredi 5 novembre. Sur la base de ce taux — dont l’origine n’est connue que d’eux-mêmes, puisqu’ils sont les seuls à détenir ces chiffres — le PPA-CI conclut à un « simulacre d’élection » et dénonce un « coup d’État civil ». Le communiqué appelle par ailleurs au « rétablissement de l’ordre constitutionnel », à travers l’organisation d’élections libres, transparentes, inclusives et conformes à la Constitution. Dès lors, il est aisé de deviner les véritables intentions du parti de Laurent Gbagbo, qui avait multiplié les appels à la mobilisation avant la présidentielle. L’objectif semblait clair : instaurer un climat de peur et d’insécurité pour peser négativement sur la participation, et en faire ensuite une récupération politique. Cette stratégie apparaît également à travers le drame de Nahio. Sous prétexte de compassion, Mme Nadi Bamba, au nom de son époux, s’est rendue sur les lieux pour visiter les victimes. Or, les causes de ces événements sont connues : les appels irresponsables lancés par certains responsables de l’opposition, notamment du PDCI et du PPA-CI, ont poussé leurs partisans à l’affrontement avec d’autres jeunes. Après Nahio, Nadi Bamba s’est également rendue à Bonoua, où des pertes en vies humaines ont également été enregistrées, sous le même prétexte de visite de compassion. Une attitude qui relève davantage du pompier pyromane que de la sincère solidarité.

 Pour revenir au taux de participation, il convient de rappeler qu’en 2000 la Côte d’Ivoire avait enregistré le plus faible taux de participation à une présidentielle, soit 37 %. Ce scrutin avait pourtant porté Laurent Gbagbo à la présidence de la République. Malgré ce chiffre bas, il a dirigé le pays pendant dix ans. Dès lors, suivant la logique du PPA-CI, faudrait-il conclure qu’il s’agissait d’un « coup d’État civil » et que Laurent Gbagbo était un président illégitime ? En réalité, le chiffre avancé par le PPA-CI relève de la pure imagination. Le parti n’ayant pas participé au scrutin, il ne disposait d’aucun représentant dans les bureaux de vote, et ne peut donc revendiquer aucune donnée crédible. Mieux, aucun organisme sérieux, qu’il s’agisse de la Commission électorale indépendante (CEI) ou des missions d’observation électorale, n’a publié un taux similaire. Il s’agit donc moins d’une analyse objective que d’une manipulation politique, relevant davantage de la masturbation intellectuelle que d’un travail scientifique et rigoureux.

Rahoul Sainfort