Bande dessinée : Marguerite Abouet fait voyager son "commissaire Kouamé" d'Abidjan à Angoulême

Quand un policier ivoirien se retrouve à enquêter dans une ville française pour sortir sa nièce d'un trafic d'êtres humains ! C’est la trame du tome III des "Aventures du Commissaire Kouamé" ; personnage de bande dessinée imaginé par Marguerite Abouet et Donatien Mary.
Chef de la police d'Abidjan, le commissaire Kouamé, incorruptible et irascible, va avoir fort à faire dans cet album intitulé "On ne fait pas de feu sous un arbre en fleurs" qui vient de sortir chez les Editions Gallimard.
Marguerite Abouet, il est bon de le noter, est née en 1971 à Abidjan en Côte d'Ivoire. Elle passe douze ans de sa vie à Yopougon, un quartier populaire d'Abidjan. Par la suite, elle s'inspire de cette période de sa vie pour ses scénarios de bande dessinée, d'abord pour "Aya de Yopougon" qui a connu un franc-succès, en bande dessinée et en film ; puis plus directement dans "Akissi" où les bêtises de l'héroïne sont directement inspirées de sa propre enfance.
Marguerite Abouet s'installe en France, à l'âge de douze ans, en 1986.
Pendant une période, elle met par écrit des choses vues et entendues mais sans destiner encore ses écrits à la publication. Par la suite, en même temps qu'elle travaille comme assistante juridique à Romainville, près de Paris, elle écrit des romans pour jeunes adultes, une forme d'écriture très contraignante qui ne la satisfait pas à cause des modifications sans cesse imposées par les éditeurs. C'est la lecture des bandes dessinées de Marjane Satrapi qui l'intéresse à l'écriture de scénarios de bandes dessinées.
Aya de Yopougon, dont le premier tome paraît en 2005, est sa première publication en tant que scénariste. La série relate le quotidien d'un groupe d'adolescentes dans le quartier de Yopougon à Abidjan, vers la fin des années 1970. Elle résulte de la volonté de Marguerite Abouet de donner à voir une représentation plus réaliste de la Côte d'Ivoire que l'image misérabiliste véhiculée par les médias européens. Le premier tome d’"Aya de Yopougon" est récompensé par le premier Prix au festival d'Angoulême en 2006 et est un succès commercial avec plus de 350 000 albums vendus. La série comprend six tomes parus entre 2005 et 2010, et un nouveau tome, le septième, sort en 2022. Il évoque notamment les thèmes de l’homosexualité et du mal-logement des étudiants ivoiriens.
Un auteur prolixe à souhait
À la suite du succès de ses publications dans la deuxième partie de la décennie 2000, Marguerite Abouet arrête son métier d'assistante juridique et se consacre à l'écriture.
En 2010, elle scénarise la bande dessinée jeunesse "Akissi", qui se déroule également à Yopougon, mais met en scène les facéties d'une petite fille remuante à qui il arrive toutes sortes d'aventures.
En 2011, Marguerite Abouet se lance dans la réalisation pour l'adaptation d’Aya de Yopougon en film d'animation.
Marguerite Abouet contribue occasionnellement au doublage de films d'animation. En 2011, elle prête sa voix au personnage de l'Africaine dans le long métrage d'animation "Le Chat du Rabbin", de Joann Sfar et Antoine Delesvaux, adapté de la bande dessinée éponyme.
En 2013, elle double les personnages de Fanta et de mère Mamadou dans le film d'animation "Aya de Yopougon" adapté de la bande dessinée.
Jean Antoine Doudou