Plan B ou boycott de la présidentielle : Le gros dilemme du Front commun

L’élection présidentielle approche à grands pas. Dans quelques semaines, les Ivoiriens seront, en effet, invités dans les urnes pour choisir leur président pour les cinq prochaines années. C'est donc la veillée d'armes dans les états-majors des partis politiques. Si les porte-étendards de certaines formations politiques remplissent toutes les cases des critères pour prendre part à la course présidentielle, ceux du Front commun, c'est-à-dire le Parti des peuples africains section Côte d'Ivoire (PPA-CI) de Laurent Gbagbo et le  Parti démocratique de Côte d’Ivoire -Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA) de Tidjane Thiam et leurs militants sont dans l'expectative.

Radiés de la liste électorale par des décisions de justice, les deux leaders politiques de l’opposition ont perdu leur qualité d’électeur, condition principale pour être candidat au regard du code électoral. En effet, l’article 48 dudit code énonce que: “Tout Ivoirien qui a la qualité d’électeur peut être élu président de la République dans les conditions prévues par la Constitution sous les réserves  énoncées ci-après”.  Ces réserves sont énumérées par l’article 49 relative à l'inéligibilité des candidats “Sont inéligibles: les personnes privées par décision judiciaire de leur droit d’éligibilité’’.

Les personnes pourvues d’un conseil judiciaire

L’ex-chef de l’État Laurent Gbagbo et l’ancien directeur général du Crédit Suisse Tidjane Thiam sont inéligibles conformément à ces dispositions. Car, la qualité d’électeur, selon l’article 5 du code, est constatée par l’inscription sur une liste électorale. Cette inscription est de droit. En d’autres termes, pour être électeur, il faut être inscrit sur une liste électorale de façon régulière.

Absents de la liste électorale, comment Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam peuvent-ils prouver leur qualité d’électeur, condition sine qua non pour être candidat ? N’étant pas électeurs, ils ne peuvent donc pas être éligibles. Devant cette situation, que faire? Boycotter ou appeler les militants à voter les candidats indépendants Issus du PDCI-RDA et du PPA-CI, notamment le candidat du CODE (regroupement de huit partis politiques), Jean-Louis Billon et Ahoua Don Mello?

C'est le gros dilemme du Front commun

Pour de nombreux militants des deux partis, la politique de la chaise vide, c'est-à-dire le boycott, coûtera cher. C'est pourquoi, au PDCI des cadres et non des moindres réunis au sein du mouvement  « Initiative pour la Réconciliation et la Sauvegarde du PDCI-RDA », en abrégé « IRS PDCI-RDA », ont demandé, au cours d’un point-presse animé au Plateau le 18 août dernier, une nouvelle convention pour la désignation d’un nouveau candidat. Pour ce mouvement, le PDCI ne peut plus se payer le luxe d’être absent à l’élection présidentielle après 2015 et 2020. « Notre démarche n'est pas un acte de défiance, ni une rupture, mais un appel pressant au sursaut ; un cri d'alarme et une invitation à la mobilisation, pour réconcilier les militants et sauver le PDCI-RDA, notre patrimoine commun, notre ‘’ fétiche’’. Nous sommes prêts à nous investir pleinement dans un processus de transformation, à apporter nos idées et notre énergie pour que notre formation politique retrouve sa grandeur et sa raison d'être », ont annoncé les conférenciers.

Même son de cloche au PPA-CI. Avant d’être limogé de son poste de vice-président, Ahoua Don Mello avait demandé à son président Laurent Gbagbo d’autoriser des candidatures qui pourraient prendre le relais au cas où il serait disqualifié. Il a qualifié ces candidatures de précaution. Après avoir essuyé le courroux de la direction de son parti, il a finalement déposé ses dossiers de candidature à la Commission électorale indépendante. Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam vont-ils appeler à voter Jean-Louis Billon et Ahoua Don Mello, les candidats de précaution ? Rien n'est moins sûr.

Lacina Ouattara