Législatives 2025 : Cinq raisons qui donnent le RHDP ultra favori
Les candidats aux élections législatives sont connus depuis le 18 novembre. Au total, 1 143 prétendants briguent les 255 sièges de l’Assemblée nationale. Parmi eux figurent 185 femmes et 1 230 hommes, soit environ 13,1 % de représentativité féminine. On note également la forte présence des candidatures indépendantes, qui représentent plus de la moitié des postulants. Viennent ensuite les partis traditionnels : le MGC aligne 14 candidats, le FPI compte 21 candidats, l’ADCI mise sur 45 candidats, et le PDCI présente 169 candidatures.
Un parti présent sur l'ensemble du territoire
Le RHDP, quant à lui, est le seul parti à aligner le plus grand contingent. Il couvre l’ensemble des circonscriptions électorales, soit les 255 sièges en jeu. Ce positionnement fait du parti d’Alassane Ouattara l’ultra favori de cette élection. En présentant des candidats partout, le parti au pouvoir maximise ses chances de remporter le plus grand nombre de sièges. À l’inverse, les autres partis de l’opposition que sont le PDCI, le FPI, les transfuges du PPA-CI ou encore l’ADCI limitent leurs opportunités en raison de leur faible représentativité. De plus, le PDCI et le PPA-CI sont minés par des crises internes qui fragilisent leur cohésion et pourraient leur être préjudiciables. Parti unique du vivant de Félix Houphouët-Boigny, le PDCI qui était un parti national a abandonné une grande partie du territoire national au RHDP. Ce dernier, à chaque élection, réalise des percées, contrairement au PDCI, désormais confiné dans le centre du pays où il est d’ailleurs menacé par le parti d’Alassane Ouattara. Le moins que l’on puisse écrire, c’est que le RHDP aborde cette échéance électorale avec une longueur d’avance sur ses principaux concurrents.
La dynamique de la victoire présidentielle
Le parti bénéficie également de la dynamique née de la victoire à la présidentielle du 25 octobre. Le Président de la République, Alassane Ouattara, a été réélu avec un score fleuve de 89,77 %. Une victoire écrasante fruit d’un travail acharné et méthodique. Pour y parvenir, le parti a mené une campagne organisée et structurée, avec des directions dédiées qui ont sillonné le pays à la rencontre des différentes couches socioprofessionnelles. Sur le terrain, il a occupé chaque centimètre carré du territoire national, au point d’être visible partout. Si on ajoute à cela l’énorme travail abattu ces dernières années par le parti à travers le Président de la République Alassane Ouattara, valider ses choix, c’est en quelque sorte valider le travail accompli durant toutes ces années. Et lui donner carte blanche afin qu’il poursuive l’œuvre entamée. Les cadres qui ont piloté ce travail colossal restent, pour reprendre une expression sportive, toujours « en jambe » pour remporter cet autre match des législatives, portés par l’élan de la victoire présidentielle.
À cette dynamique, on pourrait ajouter la caution du Président Alassane Ouattara lui-même. Les candidats du parti bénéficient de l’aura du chef de l’État. Étant l’émanation de la direction du parti, ils deviennent de facto les « hommes du président ».
Une organisation politique sans équivalent
Les candidats du RHDP bénéficient aussi de la puissante machine politique du parti. Sur l’échiquier national, aucune formation n’apparaît aujourd’hui aussi structurée et organisée. C’est une machine redoutable, capable de relever n’importe quel défi électoral. Le parti ne cesse de se réinventer pour mieux aborder chaque échéance. En témoignent les ajustements opérés, notamment le passage d’une direction exécutive à un secrétariat exécutif en 2022, des changements alignés sur ses ambitions et défis. Les résultats ne se sont pas fait attendre : au fil des scrutins, le RHDP conquiert davantage de territoires. Il peut se targuer d’être devenu le plus grand parti de Côte d’Ivoire, le plus représentatif, avec le plus grand nombre d’élus. Présent dans toutes les régions, il apparaît désormais comme une formation véritablement nationale. À l’inverse, les autres partis peinent à dépasser leurs bastions traditionnels, lesquels se réduisent d’année en année sous la poussée du parti présidentiel.
Des indépendants nombreux mais peu menaçants
Dans ce contexte, on pourrait considérer que les véritables challengers du RHDP sont les indépendants. Mais là encore, il faut reconnaître que l’écart reste important. Mis à part quelques figures capables de tenir la dragée haute aux candidats du parti au pouvoir, la plupart ne font pas le poids. Ils n’ont pas une véritable histoire avec les populations, encore moins des actions marquantes susceptibles de susciter une forte adhésion. Beaucoup se présentent davantage pour se faire connaître que comme de véritables concurrents capables de renverser les rapports de force. Certains apparaissent ainsi comme de simples figurants. D’autres s’inscrivent dans une dynamique de négociation de leur candidature. Leur poids réel demeure faible, mais leur nombre produit un effet médiatique et politique. Il n’est donc pas exclu que l’on assiste à des deals ou alliances ponctuelles pour tenter de conquérir le Saint Graal.
Des candidatures de poids lourds
Enfin, un dernier argument plaide en faveur du parti au pouvoir : la qualité des candidats alignés. Le RHDP a engagé ses meilleurs atouts. Plusieurs sont membres du gouvernement ou hauts cadres de l’administration. Au moins vingt ministres sont en lice. Parmi eux : le vice-président de la République Tiémoko Meyliet Koné, candidat à Tafiré ; le Premier ministre Robert Beugré Mambé, à Songon ; le président de l’Assemblée nationale Adama Bictogo, à Yopougon où il exerce déjà les fonctions de maire ; et le ministre d’État, ministre de la Défense, Téné Birahima Ouattara, candidat à Abobo, un bastion stratégique du RHDP. Autant de candidatures de poids qui témoignent de la volonté du parti d’Alassane Ouattara de s’assurer une majorité confortable au Parlement.
Rahoul Sainfort
