Polémique autour des propos de Serey Doh : Mamadou Touré dénonce une indignation sélective du PDCI
La sortie du ministre Serey Doh Célestin sur la nationalité de Tidjane Thiam a déclenché une vague d’indignation au sein du PDCI. Face aux réactions outrées des militants du parti et du principal concerné, le ministre Mamadou Touré a, à son tour, pris la parole pour dénoncer ce qu’il considère comme une "indignation sélective".
Lors de la rentrée politique du RHDP à Daloa-Est, ce dimanche, il a rappelé que plusieurs cadres de son parti avaient également été la cible de remises en cause identitaires sans que cela ne provoque le même émoi. « On a traité Bictogo de Burkinabè à Yopougon pendant les élections locales. Kandia Camara, moi-même, Anne Ouloto à Toulepleu, nous avons été traités de Burkinabè par des acteurs politiques de premier plan. Pourtant, personne n'a réagi », a-t-il fustigé.
Pour Mamadou Touré, cette réaction du PDCI illustre une "indignation à géométrie variable", où certains propos seraient jugés acceptables selon l’identité de la cible. Il va plus loin en accusant les responsables du PDCI d’avoir attiser pendant longtemps les tensions identitaires. Comme récemment dans le Haut-Sassandra lors des élections locales où des personnalités de premier plan du parti ont tenu des discours tribalistes et xénophobes.
Les propos en tout cas regrettables émanant de cadres de l'opposition dans ce sens sont légion. Ainsi lors des élections législatives de 2021 à Lakota, Moïse Lida Kouassi, figure importante du parti de Laurent Gbagbo, avait tenu des propos extrêmement graves contre son adversaire, Kouyaté Abdoulaye, aujourd’hui député. « Je salue l'honorable Kouyaté Abdoulaye. Ici, c'est Lakota. Ici, un Kouyaté n'a pas de pedigree. Il faut que ça soit clair », avait-il lancé, insinuant ainsi que son adversaire ne pouvait prétendre à une légitimité politique dans cette localité en raison de son origine ethnique.
Pour Mamadou Touré, le silence du PDCI face à ces propos tranche avec son indignation actuelle. « Si on doit s'indigner, on s'indigne pour tout le monde », a-t-il martelé, dénonçant ce qu’il perçoit comme une posture hypocrite.
À l'en croire, c'est tout le pays qui a souffert de ces discours xénophobes. « Ici même à Daloa, vous en avez souffert. Mais tout ça, c’est derrière nous », a-t-il affirmé, tout en appelant à tourner la page.
Au-delà de cette polémique, Mamadou Touré a tenu à rappeler que le RHDP ne se préoccupait pas du choix du candidat du PDCI. « Les débats sur les candidatures des autres partis politiques ne nous intéressent pas. Ils n’ont qu’à choisir qui ils veulent. S’ils veulent, ils peuvent même aller en Chine chercher leur candidat », a-t-il lancé avec ironie.
Affichant la sérénité du RHDP face aux échéances électorales à venir, il a conclu sur une note de défi : « Notre niveau de préparation et notre implantation sont tels que, quel que soit le candidat en face, il sera battu à plate couture ».
Rahoul Sainfort
