Secteur des hydrocarbures : La Côte d'Ivoire prend la tête de l’organisation panafricaine du pétrole en 2026
Un leadership ivoirien pour une souveraineté énergétique africaine. La Côte d’Ivoire assurera la présidence de l’Association des pays producteurs de pétrole africains (APPO) en 2026. Le ministre ivoirien des Mines, du Pétrole et de l’Énergie, Mamadou Sangafowa-Coulibaly, a été désigné à l’issue de la 48ᵉ réunion du Conseil des ministres de l’organisation, tenue les 4 et 5 novembre à Brazzaville. Il succède au Congolais Bruno Jean Richard Itoua.
Cette nomination intervient dans un contexte marqué par la transition énergétique mondiale et le désengagement progressif des bailleurs de fonds des projets liés aux hydrocarbures. « La pertinence de cette organisation n’a jamais été aussi évidente », a souligné le ministre ivoirien dans son discours d’investiture.
Au cœur de son mandat, Sangafowa-Coulibaly place la finalisation de la Banque africaine de l’énergie, un projet stratégique porté par l’APPO depuis six ans. Dotée d’un capital prévu de 5 milliards de dollars, cette institution vise à garantir l’autonomie financière des pays africains dans le développement de leurs projets énergétiques, de l’exploration à la transformation locale.
Un sommet des chefs d’État est prévu au premier semestre 2026 pour mobiliser les 500 millions de dollars nécessaires à son lancement. Le ministre ivoirien a salué l’implication de l’Algérie dans l’accélération du processus, à travers la présidence d’un comité ministériel dédié.
Autre axe fort du mandat ivoirien : la mise en œuvre de la Déclaration de Brazzaville sur le contenu local, adoptée à l’unanimité lors de la 4ᵉ Conférence CECLA. Les 18 États membres s’engagent à renforcer l’intégration des entreprises africaines dans la chaîne de valeur pétrolière et gazière, à travers dix actions concrètes.
« Nous ne pouvons plus nous permettre d’importer ce que nous pouvons produire localement », a martelé Sangafowa-Coulibaly. Il a annoncé que 2026 serait l’année de la concrétisation de cette vision. La Côte d’Ivoire, qui a découvert le gisement Baleine en 2021, a déjà mis en place une loi sur le contenu local et une plateforme numérique recensant plus de 2 000 entreprises nationales du secteur.
Historiquement agricole, la Côte d’Ivoire entend désormais valoriser ses ressources extractives. Le ministre ivoirien, fort de son expérience continentale, a affirmé que son mandat serait guidé par l’intérêt collectif : « Les défis liés à notre souveraineté énergétique sont immenses et ne peuvent être traités de manière partisane. »
Il a rendu hommage à son prédécesseur congolais, salué le nouveau Secrétaire général algérien, et félicité la ministre congolaise nommée Vice-Présidente, avec qui il entend « faire équipe pour l’intérêt de notre organisation commune ».
Le premier conseil sous présidence ivoirienne se tiendra à Abidjan dès janvier 2026. L’objectif est clair : faire de la souveraineté énergétique africaine une réalité tangible.
Créée en 1987, l’APPO regroupe 18 pays producteurs de pétrole et de gaz, dont l’Algérie, le Nigeria, l’Angola et la Libye. Elle œuvre à la défense des intérêts communs du continent et à une exploitation durable de ses ressources naturelles.
Yves Kalou (Sercom)
