Agression des agents électoraux, incendie des sièges locaux : Ibrahime Coulibaly-Kuibiert crache ses quatre vérités

Agression des agents électoraux, incendie des sièges locaux : Ibrahime Coulibaly-Kuibiert crache ses quatre vérités
Ibrahime Coulibaly-Kuibiert appelle des acteurs politiques à se ressaisir

Le président de la Commission électorale indépendante (CEI), Ibrahime Coulibaly-Kuibiert, n'est pas du tout content. Très remonté contre les individus qui ont agressé les agents électoraux et saccagé les sièges locaux de son institution avant de mettre parfois le feu lors du scrutin présidentiel du 25 octobre dernier, l’organisateur en chef des élections en Côte d'Ivoire a craché hier ses quatre vérités. Recevant trois agents victimes d’agressions physiques dans les départements de Guiberoua et de Lakota, le magistrat hors hiérarchie n’y est pas allé avec le dos de la cuillère. Selon lui, ces actes de violences et de vandalisme n'ont pas leur place dans une élection. Dans un discours franc et très offensif, il a remonté les bretelles aux auteurs et commanditaires des violences qui ont souvent emporté des vies humaines.

 “Nous avons décidé de rencontrer ces victimes pour montrer au monde que ces personnes qui ont répondu à l’appel du devoir ont été agressées par certains. Motif pris de ce qu’ils ne sont pas contents du processus électoral”, a regretté le président de la CEI. Il s’agit de Tra-Bi Williams, président de bureau de vote à Guiberoua sous-préfecture; de Koné Ibrahima, commissaire local, président de la commission électorale sous-préfecture de Goudoko et de Petety Léopold, agent technique d’appui à la commission électorale de la sous-préfecture de Lauzoua.

 “J’étais dans le bureau de vote le jour de l’élection. Un électeur accompagné de sa femme sont arrivés. Au même moment, des manifestants sont arrivés pour nous dire qu'ils ne veulent pas d’élection dans le village. Ils  ont demandé à ce qu’on libère le bureau. Ce qui a été fait. Mes assistants et moi sommes sortis du bureau. Après, ils disent qu’ils vont tuer le policier qui était chargé de veiller sur notre sécurité. Ils l'ont pris, l'ont déshabillé. Ils ont pris son arme et l’ont bastonné. L’un d’entre eux a voulu porter le coup fatal sur la tête du policier. J'ai mis ma main pour contrer le coup et il m’a tranché le pouce. Le policier a pu être ainsi sauvé”, a relaté Tra-Bi Williams.

Quant à Koné Ibrahima, il a expliqué que deux jours avant l’élection présidentielle, des manifestants l'ont séquestré au siège de la commission électorale avant d’y mettre le feu. C'est en fuyant les flammes avec l’aide des agents des forces de l’ordre qu’il s'est grièvement blessé. Le cas le plus grave, c'est celui de Petety Léopold qui a été maîtrisé par les manifestants au siège de la commission électorale locale, aspergé de carburant. Il n'a eu la vie sauve que grâce à un acte de bravoure du gardien du siège qui a empêché le manifestant chargé de le brûler vif d’atteindre son but. Profitant du cafouillage créé par l’action du gardien, la victime s'est sauvée pour se réfugier au domicile du sous-préfet.

“Pourquoi en venir à la violence ? Est-ce que c'est ce que la République  demande? Non. Vous savez, la loi est à la République ce que le Coran est aux croyants musulmans ou la Bible est aux croyants chrétiens. Si vous considérez dans la République que vous êtes victime d'une injustice, c'est la loi qu'il faut utiliser pour expurger de votre cœur cette injustice, pour revendiquer votre droit. La violence n'a pas sa place. Vaille que vaille, c'est la loi seule qui établit votre justice. Mais non la violence. Parce que la violence est porteuse de destructions. Même les acquis disparaissent avec la violence. Pourquoi ne fait-on pas comme les religieux? La seule voie qui vaille dans une République, c'est  la loi. Et, la loi ne prescrit pas la violence”, a expliqué le président de la CEI. Avant de demander à toutes les victimes de violences de se considérer comme des héros défenseurs de la République. “Vous avez participé à sauver la Côte d'Ivoire. Nous vous disons merci et prompt rétablissement à vous. Rassurez-vous, toutes les dispositions seront prises pour vous aider à traverser cette douloureuse épreuve”, a-t-il annoncé.

A l’en croire, les acteurs de violences doivent absolument se ressaisir. “On demande aux préfets de nous mettre des citoyens à disposition. Ils le font. Ces citoyens réquisitionnés répondent à l’appel du devoir pour les remercier, on veut les immoler, on veut les tuer. Et, puis demain, on fait le dos rond. Oui les Ivoiriens ne participent pas au processus électoral. Mais comment voulez-vous qu'ils viennent. On n'attire pas les mouches avec du vinaigre. On n'appelle pas un chien avec un gourdin à la main. On se bat. On organise les élections. Si vous n'êtes pas d'accord. C'est votre droit. Vous pouvez rester à la maison. Vous pouvez manifester à travers les actions en justice. Mais celui qui a décidé de voter, vous n'avez pas le droit de l'en empêcher. Au point même de porter atteinte à sa vie. Ressaisissez-vous. Que chacun parle à son enfant”, a-t-il invité les uns et les autres à l’approche des élections législatives du 27 décembre prochain.

Lacina Ouattara