Conservation des espèces marines : Des spécialistes observent et analysent le comportement de six tortues olivâtres à Monogaga
De son nom scientifique Lepidochelys olivacea, la tortue olivâtre est aujourd’hui une espèce menacée et protégée de tortue marine qui vit au large des eaux tropicales. En Côte d’Ivoire, on les trouve dans la zone côtière de l’agro-forêt classée de Monogaga, dans le sud-ouest. Justement, à l’initiative de la Root Wild Foundation (Rwf), en collaboration avec l’Ong Conservation des Espèces Marines (Cem), des chercheurs de l’Université d’Exeter et des experts de l’African Aquatic Conservation Fund ont effectué, du 24 au 28 novembre 2025, une mission dans cette localité, précisément sur les plages de Kounouko, Madié et Doulayeko. Elle s’inscrivait dans le cadre d’une nouvelle phase de recherche sur la tortue olivâtre. Ainsi, ils ont observé et analysé le comportement de cette tortue dans les eaux ivoiriennes et les liens qu’elle entretient avec les populations de la sous-région. Concrètement, ils sont équipé six tortues olivâtres de balises satellites, dont cinq femelles et un mâle, après les avoir repérées lors de patrouilles nocturnes sur 10 à 25 kilomètres de plage. Comment cela a-t-il été fait ? «Le protocole est strict. Il comprend la mesure de la carapace, puis la préparation du dôme avec nettoyage, ponçage et application d’acétone. Vient ensuite la pose du tissu d’adhérence, la résine, l’époxy et la fixation de la balise en position hydrodynamique. Des bandes supplémentaires renforcent l’ensemble, avant de retirer les caches des capteurs. La balise posée, après quarante-cinq minutes de séchage, la tortue regagne la mer, prête à transmettre ses déplacements via satellite à chaque remontée en surface » explique Bilal Hallal, président de la Rwf. Selon lui, les premiers résultats sont à la fois préoccupants et encourageants. Et Bilal Hallal de poursuivre : « ces observations confirment l’urgence d’intensifier la protection de la zone. Grâce à cette mission, nous disposons désormais d’un expert local capable de poursuivre le balisage en autonomie. C’est une avancée décisive pour le suivi scientifique des tortues marines en Côte d’Ivoire ». A l’en croire, cette opération marque un tournant décisif pour la conservation des tortues marines en Côte d’Ivoire, qui reste sous la menace du braconnage à Monogaga bien qu’étant un site de ponte majeur. « En comprenant mieux les déplacements et les besoins de ces tortues, nous serons en mesure de mieux les protéger et de préserver un patrimoine naturel d’une valeur inestimable pour les générations futures », estime le président de la Rwf. Faut-il le noter, l’un des objectifs majeurs de la mission est d’identifier les zones vitales à la survie afin de renforcer les mesures de protection. Ces données serviront aussi à alimenter la conception du futur réseau national d’aires marines protégées.
YS
