FESCI : Pourquoi l'Etat doit frapper fort

FESCI : Pourquoi l'Etat doit frapper fort
Tous Les regards sont tournés vers le ministre de l'Enseignement supérieur

Le molosse ne change jamais sa déhontée façon de s'asseoir, dit l'adage. Le syndicat estudiantin, la Fesci, se retrouve encore sous le feu des projecteurs. Elle s'est illustrée négativement comme elle en a l'habitude. C'est-à-dire par la violence. En effet, le corps sans vie de l'étudiant Agui Mars Aubin Deagoué alias "Général sorcier", étudiant de 49 ans en Master 2 option anglais, a été retrouvé au CHU de Cocody. Ce dernier, présenté comme le principal opposant à l'actuel secrétaire général du syndicat Sié Kambou, est mort dans des circonstances violentes. Selon des images présentées comme celles de la victime, on aperçoit des entailles profondes au niveau du crâne. Tout de suite après la découverte du corps, les autorités judiciaires ont ouvert une enquête et procédé à des interpellations dont le suspect numéro, Sié Kambou, SG du syndicat.

Le gouvernement de son côté a pris des mesures conservatoires en suspendant toutes les activités des associations syndicales estudiantines  sur le territoire national. Alors qu'on croyait que la Fesci s'était débarrassé de ses vieux démons, cet assassinat digne d'un autre âge, apporte de l'eau au moulin des sceptiques qui la croit incapable de tourner dos à la violence. Et donne raison à tous ceux qui militent pour sa dissolution pure et simple. La Fesci est, en effet, un mouvement très controversé. En ce sens qu'elle opère comme une mafia en rackettant en milieu estudiantin. Et fonctionne en véritable milice en semant la terreur et des exactions.  Pourtant au sortir de la crise postélectorale, le mouvement était complètement affaibli avec la fermeture des cités universitaires. Mais petit à petit, l’organisation a repris du poil de la bête jusqu'à redevenir le monstre qu'il était dans les années 2000 à 2010.

Cet assassinat rappelle celui d'un autre étudiant du nom de Dodo Habib. Celui-ci, comme Agui Aubin, fut enlevé le 23 juin 2004 par des individus se réclamant de la Fesci. Trois jours après ce rapt, il a été retrouvé mort. Jusqu'à ce jour, ce crime est resté impuni. C'est un secret de polichinelle, la violence est inscrite dans l'ADN de ce syndicat estudiantin. Que ce soit pour revendiquer ou en interne.  Il est courant de voir différentes factions s'affronter pour le contrôle du mouvement. Ainsi le syndicat est à l'origine de l'introduction de la machette dans le milieu estudiantin en 2000. Depuis, c'est devenu la voie privilégiée pour régler les comptes. Leurs auteurs qui agissent au vu et au su de tous ne sont guère inquiétés. Donnant parfois le sentiment qu'ils sont au-dessus de la loi. En tout cas, l'affaire Agui Aubin remet au goût du jour la question de la sécurité sur nos campus et dans les cités universitaires qui, il faut le préciser, sont devenus dangereux du fait de la Fesci. Il importe donc que l'Etat frappe fort. Il faut que toute la lumière soit faite sur cet assassinat et que tous les auteurs soient poursuivis devant les tribunaux et condamnés. Dans la même veine, il faudrait procéder à un véritable nettoyage non seulement dans nos universités mais aussi au sein des organisations syndicales. Car il est inadmissible que des quadragénaires et quinquagénaires pour ainsi dire des étudiants carriéristes soient à la tête d'étudiants de plus en plus jeunes. Et s'il le faut, que ce soit les plus méritants qui président aux destinées desdites organisations. L'opération de libération des résidences des chambres illégalement occupées par des étudiants entreprises depuis ce jeudi 3 octobre 2024 par le ministère de l'Enseignement supérieur est un bon début. Cependant, il faut aller  plus loin dans les actions. Il faut siffler la fin de la récréation pour que le temple du savoir retrouve sa vocation première qui est de former l’élite de demain. L’avenir de la Côte d’Ivoire en dépend.

Rahoul Sainfort