Inscription de Gbagbo sur la liste électorale : Le PPA-CI annonce la chienlit

Inscription de Gbagbo sur la liste électorale : Le PPA-CI annonce la chienlit
Laurent Gbagbo et ses partisans veulent replonger le pays dans le chaos

Le Parti des peuples africains Côte d’Ivoire (PPA-CI) a décidé d’engager le bras de fer. Pour l’inscription de Laurent Gbagbo, son président, sur la liste électorale, le parti entend passer à une vitesse supérieure. En parcourant l’unique résolution de son comité central du samedi 4 janvier dernier, on ne peut que tirer une telle conclusion. Morceaux choisis : « Tous les responsables du parti, les membres du secrétariat général, des organes centraux et commissions centrales, des structures de base sont appelés à se mobiliser massivement et avec détermination autour de la candidature du Président Laurent Gbagbo en s’investissant, chacun à son niveau, physiquement sur le terrain. Tous les organes centraux et les organes de base, les structures spécialisées et d’activité doivent se tenir prêts pour les activités programmées de façon concertée, dès ce mois de janvier 2025, en vue d’obtenir, par la lutte, les conditions d’élections inclusives, justes, transparentes et démocratiques ». 

Une déclaration très musclée voire incendiaire. S'investir "physiquement sur le terrain", nous ramène aux heures de marches et chienlit dont ce parti (ex-FPI) est coutumier.  Le parti annonce ainsi la chienlit pour espérer forcer la main au pouvoir d’Abidjan et l’obliger, au mépris de toutes les règles démocratiques, à faire inscrire le nom de l’ex-chef de l’Etat sur la liste électorale. Laurent Gbagbo et ses partisans ont ainsi décidé de franchir une étape de leur revendication en froissant une décision de justice. Ils ramènent les Ivoiriens à leur jeu favori : le désordre, la manipulation, la désinformation. Leur mode opératoire est connu pour qui a suivi le parcours du FPI depuis le retour au multipartisme en 1990. Il s’agit de déclarations enflammées, d’appels à la chienlit et au passage à l’acte.

En décidant de passer à l’acte, notamment prendre la rue, le parti de Laurent Gbagbo montre au moins une chose :  Gbagbo et ses partisans remettent au goût du jour leur propension à la violence et au désordre et leur refus de s'inscrire dans la voie du dialogue et de la négociation. Laurent Gbagbo n’a jamais cru à son fameux slogan : « asseyons-nous et discutons ». Ces propos, il ne les tient que du bout des lèvres. A preuve, au sein de sa famille politique, il a refusé de s’assoir pour discuter avec son ex-épouse Simone, avec Affi N’guessan, actuel président du FPI, et surtout avec Charles Blé Goudé, son codétenu à la prison de La Haye.  

C'est de toute façon, dans l'ADN de ce parti (anciennement FPI) et son chef de croire qu'on ne peut tout obtenir que par la violence et la défiance. Rappelons-nous qu’après sa défaite dans les urnes en 2010, Laurent Gbagbo avait essayé de se maintenir au pouvoir par la force. D’ailleurs, à l’époque, il avait foulé aux pieds les conclusions du dialogue de haut niveau.  Proclamant haut et fort qu’il était le vainqueur de la présidentielle et cela, après avoir fait invalider le vote de milliers de citoyens ivoiriens.

Pour les contemporains de l’histoire récente de la Côte d’Ivoire, l’attitude que le PPA-CI veut adopter en cette nouvelle année n’est guère étonnante pour ce parti. Coutumiers de la défiance et de l'arrogance, Laurent Gbagbo et ses partisans n’ont jamais demandé pardon pour tout le mal fait à la Côte d'Ivoire avec les 3000 morts de la crise postélectorale. Ils n’ont également jamais demandé pardon pour la gabegie, la mauvaise gouvernance, les déchets toxiques qu’ils ont servi aux Ivoiriens durant une décennie.

Enfin, il ne faut pas perdre de vue que par cette déclaration, le PPA-CI défie la loi en remettant en cause une décision de justice. En engageant un bras de fer avec l'État, Gbagbo et son parti veulent replonger un pays en plein essor dans l'incertitude, au grand désarroi de nombreux Ivoiriens qui savourent la paix retrouvée depuis 2011.   Laurent Gbagbo et ses partisans pourraient surtout se retrouver devant la justice. C’est aussi cela un pays de droit.

Thiery Latt