Gbagbo, une stratégie de revanche dans un pays tourné vers l'avenir
La résolution adoptée par le comité central du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) le samedi 4 janvier 2025 surprend par son ton vindicatif et inutilement provocateur. Elle reflète un esprit revanchard émanant de Laurent Gbagbo et de ses partisans, comme l’illustrent ces extraits :"Le Comité central du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), réuni ce samedi 4 janvier 2025 en session ordinaire, - Considérant que le Président Laurent Gbagbo, déclaré vainqueur de l’élection présidentielle de 2010 par le Conseil constitutionnel, a été renversé par un coup d’État soutenu par la communauté dite internationale, ensuite injustement déporté à la Cour pénale internationale, a été jugé, acquitté et est rentré triomphalement en Côte d’Ivoire ; - Considérant que cette injustice, qui lui a été faite et qui a également favorisé quatorze (14) années de forfaiture, a porté un coup d’arrêt à la mise en œuvre de la vision pour laquelle le peuple de Côte d’Ivoire l’avait élu…". Ces propos sont manifestement truffés de contre-vérités. Tout le monde sait que Laurent Gbagbo a été démocratiquement battu dans les urnes en 2010. Le Conseil constitutionnel, alors acquis à sa cause, avait choisi de violer la vérité des urnes. C’est son refus de céder le pouvoir qui a déclenché la crise post-électorale, une guerre qu’il a également perdue. Alassane Ouattara reste, quant à lui, le président légitimement élu et maintes fois plébiscité par les Ivoiriens. Alors, de deux choses l’une : soit Gbagbo et ses partisans montent les enchères pour se faire mieux entendre, soit ils nourrissent un dangereux fantasme de revanche, évoquant ce fameux "match retour" qu’ils appellent de tous leurs vœux. En lisant attentivement la résolution, un passage clé révèle les intentions du parti en cette année électorale :"Tous les organes centraux et de base, les structures spécialisées et d’activité doivent se tenir prêts pour les activités programmées de façon concertée, dès ce mois de janvier 2025, en vue d’obtenir, par la lutte, les conditions d’élections inclusives, justes, transparentes et démocratiques." Si la tonalité des mots inquiète, faut-il s’inquiéter outre mesure ? Apparemment, non. Le poids du PPA-CI sur l’échiquier politique ivoirien est aujourd’hui marginal, comme l’ont démontré les récentes élections locales. Quant à Laurent Gbagbo, il n’est plus que l’ombre de lui-même. Quand on se réfère au contexte actuel, il n'est pas sûr que son appel puisse être suivi par les Ivoiriens le moment venu. Ces derniers sont passés à autre chose qu'à ressasser la crise post-électorale. La Côte d'Ivoire est sur une belle trajectoire. Elle enchaîne les performances à tous les niveaux : économique, social, culturel, sportif. Elle a organisé la meilleure des CAN de toute l'histoire de la CAF. Les Ivoiriens, habitués au meilleur, ne sont pas prêts à renoncer au rêve dans lequel ils baignent sous Alassane Ouattara. Dans cette atmosphère d'instabilité actuelle dans la sous-région, la Côte d'Ivoire constitue aujourd'hui un havre de paix. Et pour rien au monde les Ivoiriens ne sont prêts à sacrifier cette quiétude. Encore moins pour un politicien. Fût-il Laurent Gbagbo.
Rahoul Sainfort