Interview-Dr Tahou Thierry (cadre RHDP) : « Le président a mis la barre si haut qu'il sera difficile de lui trouver un successeur »
Ex-militant du FPI, aujourd'hui cadre du RHDP et 2e vice-président du conseil régional du Guémon, Dr Thierry Tahou, dans l'entretien qu'il nous a accordé, dit ce qu'il pense du Président Alassane Ouattara, évoque le partenariat RHDP/FPI et se prononce sur l'appel de Laurent Gbagbo qui demande à l'opposition de s'unir pour battre le RHDP en 2025.
Le Patriote : Vous militiez au FPI de Pascal Affi N'Guessan avant de rejoindre aujourd'hui les rangs du RHDP. Qu’est-ce qui vous a motivé à changer de parti ?
Tahou Thierry : Ce n'est pas nouveau en Côte d'Ivoire. En jeune leader visionnaire, j'ai fait une analyse prospective. J'ai vu que le RHDP est un parti d'avenir. Pour moi, il est même le parti le mieux implanté dans notre pays. J’ai également été séduit par le charisme de son leader, le Président Alassane Ouattara, qui incarne ce parti. Il est porteur d'espoir pour toute la Côte d'Ivoire.
LP: Justement quel regard portez-vous sur la gouvernance du Président Ouattara ?
TT: Pour moi, je le dis haut et fort, si le Président de la République Alassane Ouattara avait directement succédé au Président Félix Houphouët-Boigny, la Côte d'Ivoire serait l'une des premières puissances économiques en Afrique. Lorsque vous voyez ce qu'il a fait, vous comprenez que l'homme est un génie et un véritable transformateur. En 2025, il sera à son dernier mandat, ce sera dommage pour la Côte d'Ivoire.
LP : Est-ce à dire que vous souhaitez qu'il se présente au-delà de 2025 ?
TT: Pour moi, s'il pouvait aller au-delà de 2030, cela ne me gênerait pas du tout. Regardez-vous même. C'est tout le pays qui est en chantier. Quel Ivoirien n'aimerait pas voir son pays évoluer et être cité en exemple dans le monde entier ? L'IDH dont on parle est acceptable. Le pays se repositionne au plan diplomatique. Au niveau des infrastructures sanitaires, on a désormais un bon plateau technique ; le meilleur même de la sous-région. Le président est un bosseur. Il travaille plus qu'il ne parle. Pour ne pas dire qu'il n'est pas dans du verbiage. Il a mis la barre si haut qu'il sera difficile de lui trouver un successeur.
LP: Vous êtes issu d'une région, le Guémon, qui a été longtemps à la traîne dans le développement. La région connait-elle une amélioration avec l'avènement du Président Ouattara ?
TT: Je peux vous affirmer haut et fort que tous les villages identifiés comme tels sont aujourd'hui électrifiés. La population du Guémon ne parcourt pas plus de 5 km avant de trouver un centre de santé. L'hôpital général de Duekoué a aujourd'hui les allures d'un CHR. Les populations ont accès à l'eau potable. On a, à l'instar des autres régions, bénéficié de nombreux collèges de proximité qui facilitent la scolarisation de nos enfants. Une des doléances fortes qu'on pourrait faire au président, c'est d'accélérer le projet de bitumage de l'axe Kouibly-Man. Nous avons confiance au président.
LP: Le Guémon a viré aujourd'hui au RHDP. Puisque la plupart des élus sont du parti au pouvoir. Comment expliquez-vous ce changement ?
TT: Je voudrais dire que c'est le travail de tous les cadres. Avant 2010, plus de 80% de la population du Guémon n'était pas du RHDP. La tendance a été inversée aujourd'hui. La région est RHDP à plus de 90%. Nos parents ont compris. Il y a eu beaucoup de manipulations. On leur a fait croire que les gens leur en voulaient, allaient s'accaparer leurs terres… Ce qui était faux.
LP: Le FPI a tissé un partenariat avec le RHDP qui semble connaître des difficultés. Même si vous n'êtes plus de ce parti, quel commentaire ?
TT: C'est le président du parti lui-même qui a remis en cause ce partenariat. Moi, j'en suis parti officiellement mais il y a beaucoup de cadres qui sont en train de partir aujourd'hui du FPI. Par son comportement, il mène le parti dans le désastre. Parce que vous ne pouvez pas être dans un partenariat et en tant que vice-président ou maire adjoint, le président va vous demander de vous opposer à votre leader. C'est une incohérence politique de sa part. Il est en train de plonger le FPI dans le désastre. Aujourd'hui le FPI est à son crépuscule. Si toi tu veux faire quelque chose et que tu vois ton frère le faire, il n'y a plus à s'opposer. Parce que mine de rien le Président Ouattara est train de tout faire y compris les droits démocratiques, la liberté d'expression, la justice, la sécurité. Qu'est-ce que tu vas critiquer ? Tout n'est pas parfait. Mais tu vois au moins qu'il essaie de s'appliquer sur tous ces aspects. Le président Affi a mis un partenariat en place qu'il est en train de saborder lui-même. Nous autres avons pris nos responsabilités.
LP: Pensez-vous que le RHDP puisse conserver le pouvoir quand on sait que Laurent Gbagbo a demandé à l'opposition de s'unir en 2025?
TT: Si vous permettez de m'exprimer ainsi, je dirai que Laurent Gbagbo est un naufragé politique. Je suis médecin. Vous savez, lorsqu'un individu agonise, il dit des choses. Les gens pensent que c'est la réalité. Mais ce n'est pas juste. Pour moi, c'est de la comédie. Parce que tu ne peux pas faire une chose et son contraire à la fois. Tu ne peux pas refuser de parler à Simone, Affi et Blé Goudé et appeler l'opposition à l'union.
LP : Pour vous, le RHDP remporte la présidentielle de 2025 ?
TT: Les régions qui étaient hostiles au président Ouattara sont le Guémon et le Cavally. Qu'en est-il aujourd'hui ? Je vous dis qu'aujourd'hui le Guémon est à 80% RHDP. Cependant nous sommes conscients qu'en politique, il ne faut jamais dormir sur ses lauriers. C'est pourquoi nous continuons de travailler. Avec la ministre d'État Anne Ouloto et le ministre Serey Doh Célestin, je ne pense pas qu'on puisse perdre dans ces deux régions. Je peux vous rassurer que le président passe haut la main au premier tour. C'est le défi que nous les leaders, nous nous sommes fixé.
LP: Un message à lancer ?
TT: Si j'ai un message à lancer, c'est de demander aux Ivoiriens d'avoir confiance au Président Ouattara et à ses lieutenants sur le terrain. Qu'ils ne se laissent pas berner par des politiciens sans épaisseur et sans avenir. L'avenir, c'est le RHDP et son leader charismatique Alassane Ouattara. Je voudrais enfin demander à nos parents une mobilisation record le 14 septembre prochain à la cérémonie d'hommage au chef de l'État.
Par Rahoul Sainfort