Ouattara travaille pour vous - Abidjan-San Pedro : Quand voyager sur la Côtière devient un plaisir exquis

Il fut un temps où parcourir la Côtière relevait du défi. Cette voie mythique, qui relie Abidjan à San Pedro en longeant la côte par Dabou, Grand-Lahou, Fresco et Sassandra, était en si mauvais état qu’elle était devenue synonyme d’enfer pour les usagers. Entre les nids-de-poule béants, les accidents fréquents et les coupeurs de route qui sévissaient en toute impunité, voyager sur cet axe relevait de l’aventure périlleuse. Mais aujourd’hui, le cauchemar appartient au passé. Grâce aux travaux de réhabilitation menés par le gouvernement, la Côtière a retrouvé tout son éclat, facilitant la circulation et redynamisant les localités qu’elle traverse. Outre la réhabilitation de la route, les localités traversées ont bénéficié d'un linéaire de voirie de 72 km, dont 25 km pour San-Pedro. La Côtière, mise en exploitation en 1991, était quasiment impraticable depuis des années. En 2021, l'État a lancé les travaux de réhabilitation, achevés peu avant la CAN en Côte d'Ivoire. Pour mesurer l’ampleur du changement, nous avons emprunté ce tronçon routier le vendredi 14 février, depuis Abidjan jusqu'à San Pedro.
Notre périple commence à Yopougon, depuis une gare de transport réputée. À 9h20, nous embarquons à bord d’un car VIP climatisé, équipé d’écrans diffusant des clips vidéo. Confortablement installés, les passagers profitent du trajet sans le stress d’antan. Moins de 40 minutes après notre départ, nous atteignons le corridor de Dabou. "Avant, il fallait passer par Méagui, Soubré, Gagnoa, Divo et Tiassalé, un détour interminable", raconte Aboudramane Berthé, assis à nos côtés. "Aujourd’hui, nous voyageons sereinement et sans fatigue. Mais curieusement, les tarifs du transport n’ont pas baissé", observe-t-il.
Dans le car, un groupe de jeunes entrepreneurs discute à voix basse. Parmi eux, Jean-Marc Koffi, un logisticien, voit en cette route une opportunité. "Avec cette fluidité, nous pouvons enfin livrer nos produits en temps et en heure. Avant, c’était un casse-tête de faire parvenir nos marchandises à San Pedro ou Sassandra."
L’ambiance est paisible. Certains passagers somnolent, bercés par les images défilant sur les écrans, tandis que d’autres profitent du paysage. À travers la fenêtre, un décor luxuriant s’offre à nous : une succession de forêts verdoyantes et de vastes plantations d’hévéa, de palmiers à huile et de cacaoyers.
Un impact visible sur l’économie locale
À Grand-Lahou, notre car s’immobilise au corridor. Immédiatement, des vendeurs ambulants envahissent l’espace, proposant des produits locaux : banane braisée, chips d’alloco, boissons fraîches… Amy, une jeune vendeuse, s’approche avec un plateau de poissons fumés. "Nous vendons mieux maintenant que la route est bonne. Beaucoup de véhicules s’arrêtent", dit-elle avec enthousiasme.
Même constat à Zegban, où l’activité commerciale connaît un véritable boom. "Avant, les clients hésitaient à venir, à cause de l’état de la route. Aujourd’hui, nous recevons des acheteurs de San Pedro et même d’Abidjan", explique Adèle Konan, vendeuse de fruits de mer.
Dans les villages environnants, la vie a également changé. Kouadio Benoît, un producteur de manioc à Zuézouko, n’en revient toujours pas. "Il y a trois ans, je devais marcher des kilomètres pour trouver un acheteur. Maintenant, les camions viennent directement charger nos sacs."
La route traverse plusieurs localités autrefois enclavées : Lauzoua, Zégban, Zuézouko, Dassioko, Dagbego 2, Petit Bondoukou, Pont Brimé… Autant de villages qui, hier encore, peinaient à écouler leurs productions agricoles et à attirer les investisseurs. Aujourd’hui, la tendance s’inverse.
San Pedro et Sassandra : des villes métamorphosées
À San Pedro, où nous arrivons après 4h30 de route, les bénéfices de la réhabilitation de la Côtière sautent aux yeux. "Avant, rejoindre Abidjan prenait au moins 10 heures via Soubré. C’était un calvaire. Maintenant, en 4h30 ou 5h, nous y sommes", témoigne Kouassi Joseph, éducateur au lycée Inagohi. "À tout moment, il y a des départs: à 19h, 20h et même à 5h du matin parce que la route est bonne", ajoute-t-il.
Outre le retour des grandes compagnies, de nouvelles se sont installées, favorisant ainsi l’amélioration des services de transport : "Toutes les compagnies possèdent des cars VIP. C’est une chose qu’on ne pouvait pas se permettre auparavant à cause de l’état de la route", précise cet autre responsable de gare à San Pedro. "Nous enregistrons au moins 5 départs à partir d’Abidjan et 5 autres à partir de San Pedro."
La transformation est également visible dans le secteur du tourisme. "Nous avons enregistré une augmentation de 40 % des réservations depuis la réhabilitation de la route", se félicite Marie-Louise Tano, gérante d’un hôtel en bordure de mer. Les plages attirent désormais de plus en plus de visiteurs : "Avant, il fallait avoir du courage pour venir ici en voiture. Maintenant, les familles affluent les week-ends", constate Zadi Emmanuel, restaurateur.
Même son de cloche à Sassandra, où l’économie locale connaît une nouvelle dynamique. "L’impact est indéniable. Les commerçants écoulent plus facilement leurs productions, et le secteur immobilier est en plein essor", analyse Tiemoko Coulibaly, un habitant.
Quant aux transporteurs, ils respirent enfin après des années de souffrance. "Avant, un aller-retour Sassandra-Abidjan pouvait prendre 24 heures à cause des pannes dues à l'état de la route. Nos véhicules se dégradaient rapidement, et nous dormions parfois en pleine forêt", se souvient Konaté Sinali, transporteur. "Aujourd’hui, nous roulons sereinement. Même les coupeurs de route ne font plus parler d’eux."
L’amélioration des infrastructures routières a également transformé le marché du transport. "Les grandes compagnies sont revenues et proposent plusieurs départs par jour", explique un responsable de gare à Sassandra.
Si les transporteurs indépendants peinent à s’adapter, le gain en confort et en sécurité est indéniable pour les passagers. Toutefois, un défi demeure : l’entretien de la route sur le long terme. C’est dans cette optique que deux postes à péage sont en construction. "C’est une bonne chose, mais nous espérons que les fonds seront bien utilisés pour l’entretien", souligne Drissa Sanogo, un transporteur.
Malgré cette inquiétude, l’optimisme l’emporte. "Le Président Ouattara a redonné à nos villes leur âme", conclut Joseph Akrou, habitant de Sassandra. Cette renaissance est saluée par tous, des commerçants aux voyageurs, en passant par les transporteurs et hôteliers.
Une chose est sûre : la Côtière n’est plus une route de souffrance, mais un axe vital pour le développement de toute la région. Les travaux de rénovation et de réhabilitation de cette route stratégique, longue de 353,5 km, ont coûté 308 milliards de FCFA. Le projet a été entièrement financé par l’État de Côte d’Ivoire.
Rahoul Sainfort, envoyé spécial