Présidentielle 2025 : Namizata Sangaré (CNDH): "Le scrutin s’est globalement déroulé dans un climat serein, propice au respect des droits de l’Homme"
Le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) a livré, hier lundi, sa déclaration préliminaire à l’issue de sa mission d’observation du scrutin présidentiel du 25 octobre 2025. Présentant le rapport, la présidente du CNDH, Mme Namizata Sangaré, a salué le climat globalement serein du vote tout en appelant au respect des voies légales de contestation des résultats.
Pour cette élection, le CNDH a mobilisé 2350 observateurs et observatrices dans l’ensemble des 31 régions administratives et les deux districts autonomes du pays. Selon Mme Sangaré, cette mission, menée à travers l’Observatoire pour le respect des droits de l’homme dans les processus électoraux, visait à garantir la conformité du scrutin avec les principes de liberté, d’égalité, de participation et de non-discrimination.
Sur les 11 835 lieux de vote, les équipes du CNDH ont pu en visiter 9400, soit 79,4 % du total, et observer 18 800 bureaux de vote sur 25 370. L’organisation note que 64,9 % des bureaux ont ouvert à l’heure légale, les retards constatés étant principalement liés à des problèmes logistiques et sécuritaires. Le CNDH rappelle que cette élection s’est tenue dans un contexte tendu. Malgré cette tension, la campagne électorale, officiellement ouverte le 10 octobre, « s’est déroulée dans un climat apaisé et de débats démocratiques », note le CNDH.
Les cinq candidats en lice, notamment Alassane Ouattara, Simone Ehivet Gbagbo, Henriette Lagou, Jean-Louis Billon et Ahoua Don Mello, ont pu battre campagne librement sur le territoire national. Le CNDH relève que 86 % des lieux de vote étaient sécurisés par les forces de l’ordre, dont la présence a été jugée « discrète et professionnelle ». Le matériel électoral a été disponible dans la quasi-totalité des bureaux, même si des destructions ont été enregistrées dans certaines localités, notamment à Zaguiéta (Bouaflé), Golilié, Guehou et Nahio. Des dysfonctionnements techniques ont toutefois été observés, notamment des pannes de tablettes biométriques ayant ralenti l’identification des électeurs, ainsi que la méconnaissance du mode opératoire par certains agents électoraux, parfois à l’origine d’erreurs de procédure.
Au total, 212 incidents ont été signalés sur la plateforme d’alerte précoce du CNDH, dont 80 % ont été traités en coordination avec la CEI et le ministère de l’Intérieur. Ces incidents concernaient des saccages de matériel électoral, des intimidations, des agressions physiques ou encore des restrictions d’accès imposées à certains observateurs accrédités.
Le CNDH cite notamment des cas de refus d’accès ou de limitation du temps d’observation dans certains bureaux à Bingerville et Cocody. Sur le plan du respect des droits humains, le CNDH estime que le droit de vote, la liberté d’expression et la sécurité des électeurs ont été, dans l’ensemble, garantis. Des efforts ont également été notés pour l’accessibilité des personnes en situation de handicap et des personnes âgées, même si quelques sites restaient difficilement accessibles. Le Conseil des droits de l’Homme invite les candidats à « recourir exclusivement aux voies légales de contestation » et les populations à « préserver le calme et la cohésion sociale ». L’institution recommande au gouvernement de renforcer le dialogue politique et la lutte contre les discours de haine, à la CEI d’améliorer la formation des agents électoraux et l’éducation civique des citoyens, et à la société civile de poursuivre son travail d’éveil démocratique.
« Le scrutin s’est globalement déroulé dans un climat serein propice au respect des droits de l’Homme », a conclu Mme Namizata Sangaré, tout en annonçant la publication prochaine du rapport final de la mission.
Rahoul Sainfort
