Appel à manifester du PDCI-RDA : Les Ivoiriens font le choix de la responsabilité et de la stabilité

Appel à manifester du PDCI-RDA : Les Ivoiriens font le choix de la responsabilité et de la stabilité
Tidjane Thiam et les opposants ivoiriens ont oublié que les temps ont changé en Côte d’Ivoire

Le ciel n’est pas tombé sur la Côte d’Ivoire ce vendredi 2 mai. Face à l’appel à la mobilisation générale lancé par le Parti démocratique de Côte d’Ivoire – Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA), les Ivoiriens ont majoritairement préféré la retenue à l’agitation. De Yopougon à Bouaké, en passant par Daloa, Korhogo ou encore San Pedro, la vie a suivi son cours normal. Les commerces sont restés ouverts, les administrations ont fonctionné, les transports n'ont subi aucun ralentissement. Une journée normale, presque banale, là où certains redoutaient des débordements. Tout avait pourtant été mis en place par le PDCI-RDA pour galvaniser ses troupes afin de les envoyer envahir les rues. À l’origine de cette tentative de mobilisation : la décision de justice ordonnant la radiation du président du parti, Tidjane Thiam, de la liste électorale. Un coup dur pour le plus vieux parti de Côte d’Ivoire, qui voit son champion écarté à quelques mois de l’élection présidentielle.

Réagissant à cette décision, le porte-parole du parti, Bredoumy Soumaïla, avait sonné la charge. « Le PDCI-RDA n’acceptera pas cette forfaiture que nos avocats qualifient de braquage judiciaire », avait-il martelé. Avant de prévenir : « À partir du 2 mai, si rien n’est fait, nous appelons à des actions de mobilisation sur tout le territoire national. » L’objectif affiché : dénoncer ce qu’il qualifie de dérive autoritaire et obtenir le retour de Tidjane Thiam dans le jeu électoral. Mais cette fois, l’opposition s’est retrouvée seule. Ni ses partisans traditionnels, ni les mouvements de la société civile, ni même les jeunes souvent enclins à exprimer leur mécontentement dans la rue ne se sont mobilisés. L’appel à la désobéissance est resté sans écho. C’est un fait politique marquant : les Ivoiriens ont tourné le dos à la confrontation pour choisir la paix.

Ce rejet silencieux du mot d’ordre de protestation n’est pas anodin. Il s’inscrit dans une dynamique profonde de maturité citoyenne. Depuis les douloureux événements postélectoraux de 2010, les Ivoiriens ont appris à se méfier des discours incendiaires et des mots d’ordre partisans. Le souvenir des violences, des morts, des exilés et du chaos reste vivace. Aujourd’hui, l’aspiration collective est à la stabilité et au développement. Durant les quinze dernières années, la Côte d’Ivoire a reconstruit son économie, renforcé ses institutions et amélioré ses infrastructures. Sous la houlette du Président Alassane Ouattara, le pays a enregistré une croissance soutenue, modernisé ses villes, électrifié ses zones rurales et étendu l’accès à la santé et à l’éducation. Ce bilan, pour de nombreux citoyens, est tangible. Chaque région du pays revendique désormais sa part du progrès : routes bitumées, ponts, centres de santé, écoles, adduction d’eau potable, projets agricoles… Le discours du développement a remplacé celui de la révolte. Les Ivoiriens ne veulent plus de slogans ; ils veulent des résultats concrets.

 

 

Une jeunesse plus lucide, moins manipulable

Le changement est également perceptible chez les jeunes. Jadis considérés comme les troupes de choc des partis politiques, ils sont aujourd’hui plus prudents. Beaucoup préfèrent s’engager dans des initiatives économiques, se former, entreprendre ou chercher un emploi plutôt que de servir de chair à canon pour des causes dont ils ne saisissent pas toujours les enjeux. Cette nouvelle génération, connectée et informée, ne se laisse plus facilement instrumentaliser. Elle aspire à la réussite individuelle dans un pays en paix. L’échec cuisant de cette tentative de mobilisation sonne aussi comme un avertissement pour l’opposition, et en particulier pour le PDCI-RDA. Elle révèle l’essoufflement d’une stratégie politique basée sur la contestation systématique. Elle traduit une perte de confiance d’une partie de l’opinion publique, notamment face à un RHDP qui, malgré les critiques, continue de capitaliser sur ses réalisations. Même des figures charismatiques comme Tidjane Thiam, pourtant encensé à son retour sur la scène politique ivoirienne, peinent aujourd’hui à susciter un véritable engouement populaire. Sa mise à l’écart judiciaire, que certains dénoncent, n’a pas suffi à provoquer une mobilisation de masse. Ce désintérêt soulève une question de fond : l’opposition propose-t-elle aujourd’hui une alternative crédible, capable de rassembler et d’inspirer ?

Dans l’opinion, le contraste est saisissant entre le leadership d’Alassane Ouattara, perçu comme un bâtisseur, et une opposition encore divisée, en quête de stratégie et de figures consensuelles. Le président du RHDP a réussi à imprimer une vision, celle d’une Côte d’Ivoire moderne, connectée au monde, tournée vers l’émergence. Une vision qui parle à une large frange de la population.

Dans ce contexte, il devient difficile pour l’opposition d’imposer son narratif. La Côte d’Ivoire de 2025 n’est plus celle des années 90 ou 2000. Les mentalités ont évolué. Le citoyen ivoirien veut la paix, le progrès, l’emploi, l’avenir. Et il l’a exprimé, ce 2 mai, par le silence, mais aussi par sa détermination à vivre normalement, à continuer d’avancer. En définitive, l’épisode de ce 2 mai aura été révélateur : celui d’un peuple qui, face à la tentation de la confrontation, a choisi la voie de la responsabilité.

 

Rahoul Sainfort