Interview - Pr Alfred Karou (Chef de mission des Jeux de la Solidarité Islamique) : « Nous aurions pu faire mieux »
Malgré trois médailles de bronze récoltées à Ryad, le chef de mission ivoirienne aux 6èmes Jeux de la Solidarité Islamique estime que la délégation nationale aurait pu réaliser de meilleures performances. Entre contraintes électorales, absence de stars et défis logistiques, le Pr Alfred Karou revient sur une participation en demi-teinte, tout en saluant l'engagement des athlètes présents.
Le Patriote : En votre qualité de chef de mission des jeux pour la Côte d'Ivoire, quel bilan tirez-vous de la participation ivoirienne à Ryad 2025 ?
Pr Alfred Karou : Nous avons assisté aux 6èmes Jeux de la Solidarité Islamique dont le niveau est très élevé. Sans nous tromper, on peut affirmer que nous avons eu des jeux avec un niveau olympique. En ce qui nous concerne, nous avons engagé six athlètes au niveau de l'athlétisme féminin. Par rapport au minima mondial, seules trois ont été retenues et deux, nos meilleures, n'ont pas pu être ici. Nous sommes arrivés dans des conditions qui n'étaient pas faciles. Les Jeux de la Solidarité Islamique ont commencé le 7 novembre et en Côte d'Ivoire, nous avions une échéance majeure, la présidentielle du 25 octobre 2025. C'était difficile. Nous avons eu foi, nos autorités nous ont soutenus et après les élections, nous avons pu nous rendre à Ryad avec six disciplines. Avec six disciplines, nous avons eu trois médailles qui sont de bronze. Nous devons tirer le chapeau aux athlètes qui se sont investis. Nous aurions pu avoir largement mieux si les conditions n'avaient pas été celles que je viens de conter.
LP : Nourrissez-vous des regrets ou une satisfaction avec tout ce que vous venez de dire ?
Pr AK : Je dis que nous aurions pu faire largement mieux. Nous arrivions et on nous dit « on connaît la Côte d'Ivoire au taekwondo, mondialement vous êtes les meilleurs ».
Donc, c'est une assurance que les choses vont se faire. Mais il y a eu un concours de circonstances parce que pendant qu'on venait ici, il y a certains athlètes qui partaient en Guinée Équatoriale. Nous étions partagés. On a eu une médaille de bronze au taekwondo là où tout le monde nous attendait. C'est pour cela que je dis qu'on aurait pu faire mieux mais ce que nous avons vu amène nos athlètes à se remettre en cause et à se préparer conséquemment pour pouvoir être au rendez-vous des prochains Jeux.
LP : Vous l'évoquiez à l'instant, au niveau de l'athlétisme. Que s'est-il passé pour que de trois athlètes attendus, on se retrouve avec une seule à l'arrivée ?
Pr AK : Il y a eu un concours de circonstances. Quand nous sommes arrivés à mi-juin pour la première réunion des chefs de mission, ils nous ont fait comprendre que cette période de l'année est la meilleure pour accueillir du monde à l'extérieur. Il se trouve que les mois d'octobre, novembre et décembre sont les mois consacrés à la récupération des athlètes de l'athlétisme. Cela a fait que nos majeurs que nous avons au niveau de la discipline n'ont pu être présents. Nous avions eu une jeune fille, Djehi Lou Chantal, qui faisait ses débuts au plus haut niveau. C'est ce qui est à la base des résultats que nous avons eus au niveau de l'athlétisme. [Djehi Chantal a terminé 5e de sa série du 100m et a terminé 5e en demi-finale du 200m. Elle n'a pu disputer la finale des deux épreuves].
LP : La question m'est revenue de façon courante. Que s'est-il passé pour que les athlètes ivoiriens se présentent à ces Jeux dans des tenues bigarrées là où toutes les nations avaient des uniformes ?
Pr AK : C'est un regret et je mets ça sur la situation socio-politique que nous avions vécue en Côte d'Ivoire. On finit la présidentielle dans notre pays et une semaine après, il fallait embarquer pour Ryad. Vous comprenez avec moi que les regards étaient plus sur ce que le pays allait être à l'issue de la présidentielle. Nous croyons que nous avons eu la main du Seigneur qui a fait qu'il y a eu une situation apaisée. C'est ce qui explique cette situation et nous osons croire que les fois à venir, la situation ne sera pas celle que nous avons vécue ensemble ici parce que la Côte d'Ivoire reste la Côte d'Ivoire, une grande nation, un pays qui sait se faire respecter.
LP : Professeur, de façon concrète, êtes-vous satisfait des trois médailles ?
Pr AK : Nous nous réjouissons parce que le niveau des Jeux était très relevé. Nous disons merci à Dieu de nous avoir permis d'avoir ces trois médailles. Nous espérons que la récolte sera meilleure lors des prochains Jeux en Malaisie en 2029.
LP : Un mot sur l'organisation des jeux et sur le peuple saoudien.
Pr AK : Tout le monde a été réjoui. Les Saoudiens ont mis la barre très haute. Ils ont mis des moyens pour accueillir tous ceux qui sont arrivés. Le peuple était sympathique. Nous nous sommes reconnus parce que les Ivoiriens sont accueillants, hospitaliers. Et quand on nous rend l'ascenseur, nous sommes sensibles. Nous avons été heureux.
Par OUATTARA Gaoussou à Ryad, Arabie Saoudite
