Législatives 2025 : Le RHDP déjà en ordre de bataille pour renforcer sa suprématie

Législatives 2025 : Le RHDP déjà en ordre de bataille pour renforcer sa suprématie
Le parti au pouvoir prépare activement ses troupes pour participer à cette échéance électorale (Ph Dr)

Après la présidentielle, place désormais aux législatives. Selon un communiqué de la Commission électorale indépendante (CEI), le dépôt des candidatures pour ces élections se déroulera du 31 octobre au 12 novembre 2025 inclus, conformément aux articles 70 à 80 du Code électoral.

Alors que la page de l’élection présidentielle se tourne progressivement, avec la victoire provisoire du président de la République annoncée par la CEI — en attendant la proclamation définitive par le Conseil constitutionnel —, le parti au pouvoir a déjà mis les pieds à l’étrier. Le 27 octobre dernier, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocrate et la paix (RHDP) a lancé un appel à candidatures à l’attention de ses militants désireux de briguer un siège à l’Assemblée nationale sous ses couleurs. Les postulants doivent être Ivoiriens de naissance ou naturalisés depuis au moins dix ans, âgés d’au moins 25 ans, inscrits sur la liste électorale, et jouissant de leurs droits civiques. Ils doivent en outre être militants du RHDP, résider en Côte d’Ivoire depuis cinq ans (hors diplomates et fonctionnaires internationaux), et s’acquitter d’une caution non remboursable de 500 000 FCFA.

Le dossier de candidature doit comprendre : une lettre d’intention adressée au président du parti ; la photocopie de la carte nationale d’identité et de la carte d’électeur ; le reçu de paiement de la caution ; un curriculum vitae valorisant le parcours politique ; et une lettre d’engagement à ne pas se présenter en indépendant en cas de rejet du dossier. Les intéressés avaient jusqu’au jeudi 30 octobre à 18h pour déposer leurs dossiers au siège du parti à Cocody.

Fort de sa victoire à la présidentielle du 25 octobre, le RHDP aborde ces législatives dans une dynamique ascendante. Certes, le taux de participation à ce scrutin est légèrement en deçà de celui de 2020 (50,10 % contre 53,9 %), mais une constante demeure : le nombre d’électeurs ayant accordé leur confiance au président de la République augmente à chaque élection. De 2 618 229 électeurs en 2015, le candidat du RHDP est passé à 3 031 483 en 2020, malgré la désobéissance civile lancée par l’opposition. En 2025, malgré un climat de peur et de boycott orchestré par l’opposition radicale, la progression s’est confirmée : 3 759 030 électeurs ont dit “oui” à son projet de société.

Dans le détail, le candidat du RHDP est parvenu à briser le plafond de verre dans certaines localités longtemps considérées comme réfractaires à son influence. Il y a enregistré non seulement de bons scores, mais aussi des taux de participation élevés, preuve d’une adhésion croissante. Parmi ces zones figurent Bangolo (53,63 %), Zoukougbeu (67,80 %) et Abengourou (51,26 %). Quant à la partie septentrionale, elle demeure la chasse gardée du parti présidentiel, qui y confirme son hégémonie électorale.

Sur la base de ces résultats, le RHDP semble bien lancé pour les législatives du 27 décembre prochain. D’autant plus que, historiquement, en Côte d’Ivoire, le parti vainqueur de la présidentielle remporte généralement la majorité des sièges à l’Assemblée nationale, ainsi qu’aux municipales.

Face à lui, l’opposition paraît désunie et hésitante. Le PPA-CI (Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire) et le PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire), en plus d’un manque de préparation, se trouvent dans un dilemme stratégique : participer ou non à ces élections, après avoir boycotté la présidentielle. D’autant que les conditions qu’ils dénonçaient — fichier électoral inchangé et CEI maintenue — sont toujours en place. Difficile, dès lors, d’expliquer à leurs militants une éventuelle participation sans perdre en cohérence. Beaucoup d’entre eux risquent, encore une fois, d’opter pour le boycott.

Dans ce contexte, le principal adversaire du RHDP pourrait bien être… le RHDP lui-même. Le parti devra éviter les candidatures indépendantes en privilégiant des consensus locaux. À défaut de primaires, la direction du parti devra tenir compte de plusieurs facteurs : la proximité des candidats avec la base, la représentation générationnelle (équilibre entre jeunes et anciens), et le respect du genre.

C’est à ce prix que le parti présidentiel pourra espérer réaliser un « tsunami orange » lors de ces législatives.

 

Rahoul Sainfort