Colérique, hystérique, Injurieux, manipulateur : Thiam dans la poubelle et les ordures

Tidjane Thiam : colérique, hystérique, injurieux, manipulateur. C’est ainsi que se dessine le visage de celui qu’une certaine opinion présente comme le chantre de la politique autrement. Dans un dérapage verbal d’une rare violence, Tidjane Thiam a révélé, au fil d’une interview accordée au journaliste Alain Foka, les contours d’une personnalité arrogante, égocentrique, et éloignée des vertus qui caractérisent un véritable homme d’État.
La politique est un art subtil, un jeu de patience. Elle ne saurait être, pour reprendre les mots de Djeni Kobina, ancien secrétaire général du RDR, « une mêlée de rugby où l’on vient se salir et salir les autres ». Autrement, dire tout, sur tout, sans limites. Et pourtant, c’est ce théâtre nauséeux qu’a choisi d’installer Thiam depuis les salons feutrés parisiens où il se trouve. Ses propos, violents et irresponsables, choquent les consciences au-delà des clivages partisans.
Des insultes et outrances en cascade
Il y a un an, son ex-femme de ménage roumaine remportait un procès contre lui devant le tribunal de Zurich. Et que fait Thiam ? Il la traite publiquement « d’ordure et de dégoutante ». Une phrase qui, à elle seule, suffit à entacher durablement le vernis de respectabilité qu’on lui prêtait. Vous avez bien lu. Un homme d’une carrure internationale qui a employé une dame, ose la traiter avec autant d’indécence. Au-delà du contentieux entre eux, mérite-t-elle ces propos ? Certainement pas. Les associations et défenseurs de l’image des femmes ont là l’occasion de le rappeler à l’ordre. Cette histoire est simple : le président du PDCI-RDA a perdu son procès pour chantage contre son ancienne gouvernante devant un tribunal de Zurich en Suisse. L’ancien directeur général de Crédit Suisse avait porté plainte contre elle pour « chantage ». Le tribunal de Zurich s’est prononcé en faveur de la femme de ménage estimant qu’elle avait agi dans le cadre de ses droits après avoir demandé à Thiam une indemnisation contractuelle de plusieurs centaines de milliers de francs suisses pour des conditions de travail abusives.
La femme, d’origine roumaine, aurait souffert d’une dépression nerveuse après avoir travaillé dans la luxueuse villa au bord du lac de Zurich. Les médecins lui auraient diagnostiqué un trouble de stress post-traumatique en raison de son emploi.
Suite à son hospitalisation, elle a été licenciée par Thiam. Elle lui a alors réclamé une indemnisation comme indiqué dans son contrat, mais Thiam a contesté cette demande et a refusé de la payer. C’est toute l’histoire. Pour cacher ce revers juridique alors que c’est lui le plaignant, il accuse la justice suisse de « racisme », et tous ceux qui ne pensent pas comme lui d’être des « esclaves des blancs ». Il dit avoir perdu le procès parce qu’il serait « noir ». Il savait bien sa couleur de peau, quand il portait plainte devant la justice des « blancs ».
Mais Thiam, incapable d’assumer sa défaite, se retranche derrière une rhétorique victimaire grotesque, accusant la justice suisse de racisme. Ce sont ces mêmes « racistes » qui lui ont permis d’être pendant dix ans, patron d’une des plus grandes firmes du monde et que sa gestion a plongée dans une crise.
L’intellectuel Arthur Banga et le journaliste Yacouba Doumbia, qui ont osé révéler sa double nationalité et des manquements fiscaux, sont qualifiés d’« imbécile » et d’« idiot ».
Pourtant, les analyses des deux invités d’une émission de débats télévisées très suivie, sont vérifiées à l’épreuve du temps. C’est le même Thiam qui, une semaine après la révélation de Banga sur sa double nationalité, a attiré les regards vers lui en annonçant publiquement vouloir maintenant s’affranchir de son allégeance à la nationalité française. Pourquoi en vouloir à Banga qui n’a dit que ce qui est ?
En outre, il nie l’information selon laquelle il ne paie pas ses impôts en Côte d’Ivoire et donc, ne contribue, en rien, au développement du pays. Mais, Thiam peut-il donner le nom d’une structure qu’il a créée et qui emploie le moindre Ivoirien en Côte d’Ivoire, avant 2023 ? C’est en France, en Grande Bretagne et en Suisse qu’il a toujours payé ses impôts avant son OPA sur le PDCI.
Jean-Louis Billon, employeur privé du pays, devient un « héritier irresponsable » qui ne sait rien faire de ses doigts. Et pourtant, le groupe agroalimentaire qu’il dirige incarne cette Côte d’Ivoire qui bâtit, qui entreprend, qui emploie. « L’hôpital qui se moque de la charité », dit le proverbe. L’homme qui parle de mérite oublie qu’il est lui-même fils de ministre et petit-fils de chef d’État. Brillant, certes. Mais son parcours a été balisé par les privilèges. Des enfants au potentiel équivalent n’ont pas eu cette rampe de lancement et ces moyens pour faire les écoles prestigieuses.
Narcissisme à profusion
Dans cette interview d’une cinquantaine de minutes, l’homme s’est mué en monologue ambulant : « je, je, je », « moi, moi, » « mon parcours », « ma grandeur ». L’élitisme ostentatoire devient une religion : Thiam vante ses études en ayant été « premier en Côte d’Ivoire, premier au Maroc », ses salaires en millions de dollars, ses voyages « en business class » tandis que le ministre britannique George Osborne, lui, voyageait « en classe économique. »
Mais ce triomphe du moi ne paie pas. Dans son esprit, la politique est réservée aux technocrates, excluant les hommes au parcours différent. On l’a même entendu dire qu’il a été à la tête du Club des 500 entreprises les plus riches du monde. Pourtant, cette vision élitiste a montré ses limites dans la gestion des affaires de l’État. Planifier la gestion, partager les richesses, mobiliser les ressources, bâtir des infrastructures, gérer les budgets, garantir la paix et la cohésion entre les populations : autant de tâches qui relèvent d’une activité pragmatique différente de celle d’être sur les marchés boursiers.
Les propos de Thiam révèlent une méconnaissance flagrante de l’histoire politique mondiale. Félix Houphouët-Boigny, Nelson Mandela, Abraham Lincoln ou Lech Walesa, aucun de ces Présidents n’était bardé de diplômes, mais tous ont incarné leur peuple avec humilité.
Lech Walesa, un exemple éloquent, était électricien avant de devenir Président de la Pologne. Grâce à son leadership, il a joué un rôle clé dans la chute du communisme en Pologne et a été élu Président en 1990. Il a également reçu le prix Nobel de la paix en 1983 pour son combat en faveur des droits des travailleurs et de la démocratie.
L’histoire regorge de grands hommes d’État qui ont marqué leur époque malgré une éducation scolaire et universitaire limitée. Abraham Lincoln, Président des États-Unis, s’est instruit par lui-même en lisant des livres. Nelson Mandela, bien qu’il ait entamé des études universitaires, ne les a pas achevées, mais il est devenu un symbole mondial de la lutte pour la justice et l’égalité. Ces exemples montrent que la grandeur d’un leader ne réside pas dans ses diplômes, mais dans sa vision, son courage et sa capacité à imprimer un cap.
Chez Thiam c’est la glorification du « je » qui prédomine. La politique moderne, elle, ne conçoit pas les choses ainsi.
Lincoln disait : “ Peu importe votre rôle, l’essentiel est d’y mettre du cœur et de l’intégrité. ” Thiam, lui, semble dire : “Je suis bon parce que je suis moi.” Jamais, il ne parle d’équipe. D’ailleurs, quand il évoque d’autres noms, c’est pour dire qu’il les a aidés, comme Emmanuel Macron qu’il a aidé à devenir Président…
Manipulations
Thiam brandit une prétendue étude du cabinet Messina Group qui le donnerait victorieux face à Ouattara. Mais question : si cette étude est objective, pouquoi selon lui, a-t-il dit à Ouattara qu’il ne se présenterait pas contre lui, si le Président du RHDP était candidat ? Pourquoi aujourd’hui s’insurger alors contre la candidature du chef de l’Etat pour un autre mandat, alors qu’il ne s’y était pas opposé lors du tête-à-tête au cours duquel il aurait dit : « il me sera difficile d’être candidat si vous l’êtes » ? La supercherie est bien grosse. En vérité, qui, parmi les Ivoiriens peut soutenir que Thiam est populaire en Côte d’Ivoire que Ouattara ? La popularité, s’entend être connu par un grand nombre. En dehors des salons d’Abidjan, Thiam reste une énigme.
Il est donc faux et trompeur de faire croire à l’opinion internationale qu’une machination aurait été déclenchée contre lui en raison de sa popularité.
Sur le Conseil National de Transition, il tente de se laver les mains. « Je n’ai pas de sang sur la main », affirme-t-il. Pourtant, Affi N’Guessan, numéro deux de ce mouvement, a lui-même reconnu l’appui moral, politique et financier de Thiam à ce mouvement qui a coûté la vie à près d’une centaine de personnes. Cette affirmation est un déni. Thiam a bel et bien soutenu cette insurrection qui a échoué. Sinon, qu’il donne la preuve de cette déclaration dans laquelle il aurait condamné les violences contestant le scrutin présidentiel en 2020.
Une gestuelle qui interroge
L’observateur attentif aurait pu se demander si le Président du PDCI était sous influence. Son agitation, ses propos décousus, sa posture belliqueuse : autant de signaux qui interrogent. Est-ce là l’homme d’État qu’attend la Côte d’Ivoire ? Certainement pas. Cette interview n’a pas seulement révélé un homme. Elle a fini par exhumer le banquier que les ivoiriens, pendant ces 23 dernières années, n’ont vu qu’à travers les médias. Elle a révélé la personnalité d’un homme présumé élégant, mais animé par l’autosuffisance, le mépris et le narcissisme.
« Celui qui fait parade de ses forces, s’en défie », a écrit l’économiste Jean-Baptiste Say. A méditer.
Charles SANGA