Athlétisme ivoirien : Le candidat Sérikpa Dago dénonce un processus électoral gangrené par des irrégularités et appelle à sa suspension

Athlétisme ivoirien : Le candidat Sérikpa Dago dénonce un processus électoral gangrené par des irrégularités et appelle à sa suspension
Hyacinthe Kamélan, directeur de campagne du candidat recalé Sérikpa Dago augustin, dénonce un abus de pouvoir et un conflit d’intérêts avec la présence du président sortant Kouamé Jeannot dans le comité électoral (Ph DR)

L’atmosphère est électrique dans le landerneau de l’athlétisme ivoirien à quelques jours de l’Assemblée générale élective prévue le 8 novembre. Le président de l’Athletic Club Sérikpa (ACS), Augustin Sérikpa Dago, dénonce une mascarade orchestrée par le président sortant Jeannot Kouamé Kouadio, candidat à sa propre succession pour un troisième mandat. A travers son directeur de campagne Hyacinthe Kamélan, président du Central Athletic Club (CAC) de Yamoussoukro, le camp Sérikpa a livré, le 1er novembre à la Maison de la Presse d’Abidjan Plateau, un réquisitoire sans concession contre les dérives qui entachent la crédibilité du scrutin.

 

Manipulations, conflit d’intérêt, abus de pouvoir, non-respect de textes

Au cœur de la polémique, l’invalidation des candidatures de Sérikpa Dago Augustin et de Victor Yapobi par la commission électorale soulève de graves interrogations sur l’impartialité du processus. Le motif invoqué pour écarter Sérikpa Dago, le non-paiement des droits de compétition en 2022 et 2023, est qualifié de manipulation grossière par ses partisans. Hyacinthe Kamélan dénonce un montage de toutes pièces : « C’est un faux prétexte. Le club ACS qui a parrainé la candidature de monsieur Sérikpa a pris part à toutes les compétitions officielles durant ces deux années. Or, selon les statuts de la fédération, un club non à jour de ses obligations financières ne peut participer aux activités fédérales. S’ils ont accepté notre participation, c’est bien la preuve que nous étions en règle. Alors, à partir de cet instant, l’ACS peut valablement, légalement légitimement parrainé une candidature ».

Pour le conférencier, cette décision vise clairement à écarter toute concurrence et garantir la réélection du président sortant. « Nous ne pouvons pas laisser passer un tel abus », affirme-t-il. La composition de la commission électorale elle-même est au centre des critiques. Le président sortant, candidat déclaré, en est aussi membre, ce qui constitue un conflit d’intérêts manifeste. « Il est illégal et contraire à toute éthique sportive qu’un candidat puisse présider la commission qui statue sur sa propre éligibilité. Même la décision d’invalider le dossier du candidat Sérikpa et aussi celui de monsieur Yapobi est signée du président sortant de la FIA », précise Kamélan, qualifiant cette situation de « totalement inacceptable ».

Autre grief majeur, la modification des statuts fédéraux en 2021, qui aurait introduit une ambiguïté dans les conditions de mise à jour des clubs. « Les textes disent qu’un club est à jour quand il paie ses licences et ses cotisations. Or, nulle part il n’est question de droits de compétition renouvelables chaque année. C’est une interprétation arbitraire », déplore-t-il. Sans oublier le non-respect des délais statutaires pour la mise sur pied du comité en charge de mener le processus électoral. « Dans nos textes, il est dit que la Commission électorale doit être mise en place 45 jours avant l’AG. A la date du jour, la composition de cette entité n’est pas encore connue », révèle-t-il.

Annulation du processus électoral

Face à cette accumulation d’irrégularités, le camp Sérikpa a entrepris plusieurs démarches institutionnelles. Un recours gracieux a été adressé au ministère des Sports et au Comité national olympique (CNO-CIV) pour dénoncer cette forfaiture. « Nous voulons donner la force à la sagesse de triompher. Par respect pour nos institutions, nous avons écrit au ministère des Sports et au Comité national olympique pour dénoncer cette forfaiture, cet abus de pouvoir. Nous espérons qu’ils vont très vite réagir pour que les choses se mettent en place », souhaite le président du CAC. Il ajoute : « Nous avons aussi fait un courrier pour la Confédération africaine d’athlétisme (CAA). »

Pour Kamélan, il n’y a pas d’ambiguïté sur la suite à donner si la tutelle et le CNO-CIV, où le président sortant est également secrétaire général, restent silencieux. « Nous allons saisir la justice pour faire arrêter tout le processus électoral pour mieux assainir le milieu parce que l’enjeu ne se limite pas à la candidature d’un homme, mais concerne le respect des règles et la crédibilité de la fédération. »

Les jours à venir seront décisifs pour une fédération qui aspire à retrouver sa place parmi les disciplines phares du sport ivoirien.

OUATTARA Gaoussou