Contribution-Braquage de la BCEAO en 2011 : La Côte d’Ivoire a remboursé 300 milliards francs CFA à la banque centrale

Contribution-Braquage de la BCEAO en 2011 : La Côte d’Ivoire a remboursé 300 milliards francs CFA à la banque centrale

Dans l’histoire des nations, certains actes résonnent comme des éclats de tonnerre dans un ciel chargé d’orages. La casse de la BCEAO en 2011 en est un. 

Ce ne fut ni une erreur, ni une simple transgression administrative, mais bel et bien un braquage, un coup de force organisé, prémédité, exécuté avec une froideur qui ne laisse place à aucun doute sur la nature criminelle de l’opération qui a coûté la somme de 300 milliards de francs CFA totalement remboursée par la Côte d’Ivoire.

Un braquage se définit par la violence, la préméditation et l’intention manifeste de s’emparer de biens ne vous appartenant pas. Ici, tous les ingrédients étaient réunis. L’État ivoirien, aux mains d’un pouvoir qui avait été braqué, s’est arrogé le droit de forcer les coffres de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) pour en extraire des milliards de francs CFA.

Ces fonds, destinés aux opérations monétaires des pays de la zone UEMOA, ont été détournés en pleine crise post-électorale, comme si la Côte d’Ivoire était devenue un far West où la loi du plus fort primait sur toute règle institutionnelle.

La gravité de cet acte dépasse de loin la simple spoliation de ressources. Il s’agit d’une attaque contre la confiance, le socle même sur lequel repose tout système financier.

Ce hold-up institutionnel a démontré, aux yeux du monde, que des dirigeants pouvaient fouler aux pieds le principe sacro-saint de l’indépendance des institutions monétaires, mettant ainsi en péril la crédibilité économique du pays et de la région. 

 

 

Un crime économique aux conséquences incalculables

L’argent ainsi soustrait ne représentait pas une simple somme de liquidités. C’était l’épine dorsale du système politico-économique en crise qui, devrait être sauvé par un apport en oxygène nécessaire au maintien des services publics.

En piochant dans les réserves de la BCEAO, le régime de Gbagbo a creusé un gouffre financier de 300 milliards de francs CFA, obligeant l’Etat ivoirien en premier ressort à procéder à la réparation dont les conséquences ont été supportées, in fine, par le peuple ivoirien.

Chaque citoyen, du plus modeste vendeur de rue au plus grand entrepreneur, a indirectement payé le prix de cette spoliation.

 

 

L’irresponsabilité politique et morale

Face à un tel crime, un homme d’État aurait dû reconnaître sa faute, assumer ses responsabilités et demander pardon.

Pourtant, plus d’une décennie après, ni Gbagbo ni ses proches n’ont jugé utile de faire acte de contrition. Pire encore, ils s’emploient à minimiser les faits, à les noyer sous des justifications politiques absurdes, comme si le contexte de crise pouvait excuser un tel forfait.

L’absence de remords, loin d’être anodine, traduit une faillite morale et une irresponsabilité politique qui devraient, en toute logique, disqualifier leurs auteurs de toute prétention à un retour aux affaires.

Dans des démocraties plus avancées, un tel acte aurait marqué la fin définitive d’une carrière politique. Les pays où la probité et l’éthique publique sont érigées en principes fondamentaux n’auraient jamais toléré qu’un homme coupable d’un tel abus puisse rêver de briguer de nouveau la magistrature suprême.

 

 

Une anomalie démocratique : l’impunité en héritage

Malgré cette tache indélébile, si Gbagbo peut encore envisager un retour au pouvoir, c’est avant tout grâce à une indulgence politique de Alassane Ouattara.

 Cependant, la mémoire nationale n’est pas si poreuse, ne devrait pas non plus oublieuse des trahisons financières commises par le régime de Laurent Gbagbo contre elle en 2011. Un peuple qui oublie expose son avenir aux mêmes errements.

La question fondamentale demeure : peut-on confier la destinée d’une nation à des hommes qui, hier, n’ont pas hésité à s’attaquer aux fondements de sa souveraineté économique ?

Peut-on espérer d’eux un sursaut moral alors qu’ils ont prouvé, par leur mutisme obstiné, qu’ils ne se sentent redevables d’aucun compte à rendre ?

L’histoire jugera, mais les faits demeurent. La casse de la BCEAO restera comme une balafre dans l’histoire politique et économique de la Côte d’Ivoire, un rappel cruel de ce qui arrive lorsque des dirigeants inconscients placent leur survie politique au-dessus du bien commun.

 

Kalilou Coulibaly Doctorant EDBA, Ingénieur.