Filière coton : Vers une refonte stratégique du zonage agro-industriel

Filière coton : Vers une refonte stratégique du zonage agro-industriel
Les participants ont réaffirmé la pertinence du zonage comme levier de développement, tout en appelant à une refonte stratégique du modèle

Repenser le zonage agro-industriel pour une filière cotonnière plus performante, inclusive et durable. C’est autour de cet objectif que s’est tenu, du 31 juillet au 1er août 2025 à Yamoussoukro, l’atelier organisé par le Conseil du Coton, de l’Anacarde et du Karité, avec l’appui technique du Comité de suivi du zonage. La rencontre a réuni producteurs, sociétés cotonnières, représentants ministériels et partenaires techniques.

« Après sept années, il est essentiel de faire une pause pour évaluer objectivement ce qui a fonctionné et ce qui n’a pas fonctionné. On ne peut pas bâtir l’avenir d’une filière sur les mêmes bases sans les réajuster. C’est ensemble que nous devons repenser le système, afin qu’il soit plus efficace, plus juste et plus résilient », a situé le directeur général du Conseil du Coton, de l’Anacarde et du Karité, Mamadou Berté. Aussi a-t-il salué l’engagement des participants et rappelé les avancées majeures enregistrées grâce au zonage, tout en insistant

Mis en place à partir de la campagne 2017-2018, le zonage repose sur l’attribution de zones exclusives d’activités (ZEA) à six sociétés cotonnières majeures : CIDT, Ivoire Coton, COIC, SECO, SICOSA SA et Global Cotton. Deux zones de développement supplémentaires ont été confiées au COIC et à COOPARES, portant à huit le nombre total de zones. Ce système couvre aujourd’hui plus de 300 000 hectares de superficie cotonnière encadrée et a permis à la Côte d’Ivoire de dépasser les 500 000 tonnes de coton graine, la plaçant parmi les cinq premiers producteurs africains.

L’atelier a permis de restituer les résultats de l’évaluation menée par les cabinets ISTRADEV, ONYX et EADEC. Les acquis sont notables : amélioration de la qualité du coton, structuration des opérations agricoles, et meilleure organisation des acteurs. Toutefois, des défis subsistent, notamment la crise phytosanitaire de 2022-2023 et la baisse du nombre de producteurs actifs, estimés à un peu plus de 90 000.

Face à ces constats, les participants ont formulé des recommandations concrètes pour améliorer les conventions de concession, renforcer le suivi-évaluation, et optimiser l’encadrement des activités de production, de transformation et de commercialisation. Ils ont réaffirmé la pertinence du zonage comme levier de développement, tout en appelant à une refonte stratégique du modèle.

L’ambition partagée est claire : repositionner durablement la Côte d’Ivoire comme leader régional du coton, avec pour horizon le cap des 600 000 tonnes d’ici 2030. L’atelier de Yamoussoukro marque ainsi une étape clé dans la consolidation du zonage agro-industriel, au service d’une filière plus résiliente, équitable et tournée vers l’avenir sur la nécessité d’un nouvel élan. 

Yves Kalou