Football- Equipe de Côte d'Ivoire U-17 : Une génération dorée en gestation

Football- Equipe de Côte d'Ivoire U-17 : Une génération dorée en gestation
La Côte d’Ivoire dispose d’une bonne relève avec cette sélection des U-17, troisième de la CAN au Maroc

Honneur aux architectes de l'ombre, les responsables et encadreurs des centres de formation ivoiriens. Ce sont eux, les véritables piliers du football à la base. La récente qualification de la Côte d’Ivoire pour la Coupe du Monde Qatar 2025 et sa remarquable troisième place à la CAN U-17 de Casablanca témoignent éloquemment de leur travail. « Je dédie cette médaille de bronze à tous les encadreurs et formateurs de Côte d’Ivoire. Cette troisième place est la leur, tout comme la qualification pour le Mondial. Ce sont eux qui explorent les contrées les plus reculées pour dénicher les jeunes talents qui formeront nos équipes de demain », a déclaré avec émotion le sélectionneur de la Côte d’Ivoire U-17, Bassiriki Diabaté.

 

Un vivier prometteur

La 15e édition de la Coupe d’Afrique des Nations des moins de 17 ans a surtout mis en lumière l'existence d'un vivier exceptionnel, une relève de qualité pour les équipes nationales. Bien qu'éliminés en demi-finale par le Maroc, pays hôte, lors d'une séance de tirs au but (0-0, 4-3), les jeunes Éléphanteaux ont réalisé un parcours quasi parfait dans ce tournoi continental. 

La prestation des Eléphanteaux à la CAN U-17 au Maroc démontre de la qualité de la relève du football ivoirien (Ph DR)

Dès le premier tour, les protégés de Bassiriki Diabaté ont dynamité la République centrafricaine (6-1), avec un quadruplé retentissant d’Alynho Haïdara. Après un match nul face à l’Angola (0-0), la Côte d’Ivoire a infligé une victoire éclatante au Mali (4-2), terminant en beauté la phase de poule. Invaincus, les Ivoiriens se sont offerts le scalp du tenant du titre, le Sénégal (0-0, tab 5-3), en quart de finale, avant de s'incliner en demi-finale face au Maroc, futur vainqueur du tournoi. L’aventure ivoirienne s’est achevée le vendredi 18 avril 2025 avec une médaille de bronze arrachée aux jeunes Étalons du Burkina Faso (1-1, tab 4-1), bouclant ainsi un parcours des plus satisfaisants pour une sélection qui retrouvait la compétition depuis dix ans (la dernière apparition de la Côte d’Ivoire à la CAN U-17 remontant à 2015 au Niger, Ndlr). En six rencontres, l’équipe ivoirienne a inscrit onze buts et en a concédé quatre, une performance saluée par le président de la FIF, Yacine Idriss Diallo, qui s'est félicité de la prestation d’ensemble des jeunes de Bassiriki Diabaté.

« Dans les vestiaires, je leur ai dit que malgré l'absence de victoire finale, j'étais fier de leur performance. Il ne faut pas oublier qu'il s'agit de jeunes de moins de 17 ans, disputant leur première compétition majeure et qualifiés pour le Mondial. Nous rentrerons à Abidjan pour savourer cette qualification. Mais surtout, avec humilité, sérieux et abnégation, nous préparerons la Coupe du Monde de novembre 2025 au Qatar », a-t-il déclaré, le 15 avril, après l’élimination par le Maroc à Mohammédia.

Au-delà du trophée tant espéré, la Côte d’Ivoire a conquis les observateurs par la qualité de son football tout au long de la compétition. Adepte d'un football total, Bassiriki Diabaté et ses joueurs ont impressionné. Leur jeu en mouvement constant a émerveillé. Une identité de jeu mise en place depuis plus de deux ans par le sélectionneur national, une philosophie qu'il revendique sans cesse : « Nous suivons notre logique, fidèles à nos principes et à nos valeurs. Ces derniers nous guident pour laisser les jeunes prendre leurs propres décisions, apprendre de l'adversité et trouver des solutions. Notre rôle est de les encadrer et de les accompagner dans leur développement. » Cette liberté de choix a parfaitement fonctionné avec ces jeunes athlètes désireux d'écrire leur propre histoire.

 

 

Les révélations ivoiriennes

Le football africain recèle indéniablement un réservoir de talents exceptionnel, et la 15e édition de la CAN U-17 l’a confirmé une fois de plus. Du côté de la Côte d’Ivoire, troisième de la compétition, plusieurs joueurs ont crevé l’écran.

Alynho Haïdara a été désigné "Soulier d'Or" avec 7 buts inscrits en 7 matchs dont un quadruplé face à la République centrafricaine (Ph DR)

À commencer par Alynho Haïdara, le jeune attaquant de Mainz de Jacqueville, un centre promu par l’ancien international burkinabè, Aristide Bancé. Avec sept buts à son actif, il a été désigné « Soulier d’or » du tournoi. Mais au-delà de son instinct de buteur, c’est surtout son activité incessante sur le front de l’attaque qui impressionne. Désigné « Homme du match » à trois reprises, il figure logiquement dans le 11 type, tout comme Vaboué Doumbia (ASEC). Le latéral gauche ivoirien a été intraitable dans son couloir. Solide dans les duels, le numéro 12 des Éléphanteaux a fortement contribué à la troisième place du groupe.

Dans les cages, Christ Yannick Kouassi est apparu comme l’une des grandes satisfactions ivoiriennes. Le gardien de l’OFC Adiaké a démontré une vision moderne de son rôle, se muant en libéro et premier relanceur avec aisance. Impérial sur sa ligne, il a sauvé son équipe de nombreuses situations périlleuses. Mais c’est lors des séances de tirs au but qu’il a véritablement convaincu, écœurant successivement le Sénégal (quart) et le Burkina Faso (petite finale) en stoppant à chaque fois deux tentatives adverses. Malgré l’élimination face au Maroc, il avait déjà repoussé deux tirs des Lionceaux. Sa désignation comme « Homme du match » de la rencontre pour la troisième place est donc amplement méritée.

Le gardien Christ Yanninck Kouassi a été l'une des révélations de ce tournoi 2025 (Ph DR)

Obli Kouamé Médéric de Mouna FC s’est affirmé comme le patron de la défense ivoirienne. Impeccable dans ses placements et intraitable dans les duels, il a réalisé un excellent tournoi. Il a été valablement suppléé par Vasseri Sylla, dont l'entrée en jeu a renforcé la solidité défensive des Éléphants. Son coéquipier Kambou Fofana a apporté une contribution précieuse dans l’entrejeu, tout comme Adama Somé (ISCA), un véritable soldat de Bassiriki Diabaté grâce à son volume de jeu impressionnant. Yannis Emmanuel Touali Tapé (SOA) est un milieu de terrain prometteur dont l’activité a séduit de nombreux observateurs. Sa vision du jeu exceptionnelle lui permet de dicter le tempo. Absent lors des deux premiers matchs, Junior Soro (Max United) n’a plus quitté le onze de départ après son entrée remarquée face au Mali, se montrant intransigeant sur le flanc droit de la défense. Souhalio Bamba et Cédric Gobéhi (ASEC Mimosas) ont été des atouts précieux sur le front de l’attaque, apportant créativité et soutien aux attaquants de pointe Haïdara et Broulaye Cissé. Moïse Dieudonné Diarrassouba (ASFA), véritable dynamiteur, a été tout simplement formidable dans ses percussions. Junior Zahi Bi Douali (Stella Club), Mohamed Diarra (San Pedro FC), Elvis Fernand N’Guessan Blaikatchi (Yamoussoukro FC) et leurs coéquipiers ont tous donné des gages d’un avenir radieux pour le football ivoirien, tant leur talent est évident.

 

Bassiriki Diabaté, l'orfèvre

La brillante performance de la Côte d’Ivoire au Maroc porte l'empreinte de Bassiriki Diabaté. Le technicien ivoirien, nommé en 2022, a bâti avec patience, engagement et passion ce groupe qui a réussi le pari de qualifier le pays pour la prochaine Coupe du Monde au Qatar en novembre. Formateur dans l’âme, Bassiriki affectionne particulièrement le travail avec les jeunes. Ses années passées à l’AS Denguélé d’Odienné, au Centre Cyril Domoraud et au Racing Club d’Abidjan en sont la preuve. En lui, la FIF a fait un choix judicieux.

Le coach Bassiriki Diabaté félicité, ici, par le président de la FIF, Yacine Idriss Diallo, a convaincu par sa philosophie de jeu (Ph Dr)

Il a commencé la construction de son équipe par des regroupements externes avec des jeunes de 14 et 15 ans, un groupe avec lequel il a décroché la troisième place du tournoi de Montaigu en 2024. Malgré la perte de certains joueurs par la suite, il a su aller chercher la qualification pour la CAN U-17 lors du tournoi zonal au Ghana, terminant à la deuxième place derrière le Burkina Faso. Fort du soutien de la fédération et de son président, Yacine Idriss Diallo, il a bénéficié de moyens conséquents pour préparer une équipe compétitive, capable de représenter dignement le pays et d’atteindre l’objectif primordial : le billet pour le Mondial qatari. Avec l’assistance de la direction technique nationale (DTN), à laquelle il a exprimé sa gratitude, Bassiriki Diabaté a couvé ses "œufs" qui sont devenus des "poussins" très prometteurs. Un véritable père poule qui « ne panique pas, ne crie pas, toujours prêt à écouter et à trouver les mots justes », selon son capitaine, le gardien Christ Yannick Kouassi. Bassiriki Diabaté doit grandir avec « ses » garçons des U18 aux U23 pour assurer un meilleur suivi et s’assurer d’avoir la relève espérée pour la sélection nationale sénior.

Cette CAN U-17 a montré la qualité de la formation et du travail abattu par les formateurs ivoiriens, véritables détecteurs de talents.

 

OUATTARA GAOUSSOU – ENVOYE SPECIAL A CASABLANCA