Interview – Dr Allah-Kouamé (Président de la Fédération ivoirienne de cyclisme) : « Notre ambition est d’inscrire le Tour au calendrier de l’Union cycliste internationale »

Chaque année, le Tour cycliste de Côte d'Ivoire s'inscrit comme un événement sportif majeur, non seulement pour les passionnés de la petite reine, mais aussi pour l'ensemble du pays. Plus qu'une simple course, il est devenu le reflet d'une nation en mouvement, unissant les régions à travers l'effort et la détermination. L'édition qui vient de s'achever à Sinfra, dans le centre-ouest du pays, n'a pas dérogé à la règle. Bien que les cyclistes ivoiriens n'aient pas réussi à décrocher le maillot tant convoité, la performance globale et l'organisation ont laissé un sentiment de fierté et d'espoir. Le président de la Fédération ivoirienne de cyclisme (FIC), Dr Allah-Kouamé, nous livre un bilan détaillé et se projette avec une ambition renouvelée vers les défis à venir, notamment l'inscription de l'événement au calendrier de l'Union cycliste internationale (UCI).

Interview – Dr Allah-Kouamé (Président de la Fédération ivoirienne de cyclisme) : « Notre ambition est d’inscrire le Tour au calendrier de l’Union cycliste internationale »
Dr Allah-Kouamé : « En tant que président de la Confédération africaine de cyclisme, je plaide pour une prise de conscience accrue des autorités quant à l’importance stratégique du cyclisme »

Le Patriote : Monsieur le Président, quel est votre ressenti à l’issue de cette édition 2025 du Tour ?

Dr Allah-Kouamé : C’est avant tout un sentiment de satisfaction. Nous avons bouclé cette compétition sans incidents majeurs, ce qui est déjà une réussite en soi. Sur le plan logistique, malgré quelques difficultés, nous avons pu assurer l’hébergement, le transport et la restauration de près de 200 personnes chaque jour. Cela n’aurait pas été possible sans le soutien précieux de certaines autorités locales, notamment ici à Sinfra. Je tiens à les remercier chaleureusement.

 

LP : Et sur le plan sportif, quel bilan tirez-vous ?

Dr AK : Les résultats sont globalement encourageants. Certes, nous n’avons pas remporté de maillot cette année, contrairement à l’édition précédente. Mais nous avons terminé deuxièmes au classement général, deuxièmes sur un sprint intermédiaire, et troisièmes au classement par équipes. Cela montre que nous restons compétitifs. Bien sûr, il y a encore du travail à faire. L’encadrement technique est déjà mobilisé pour analyser les performances et préparer la suite. Le travail reprendra dès les prochains jours.

 

LP : Le financement reste un enjeu majeur. Comment avez-vous géré cette édition ?

Dr AK : C’est un défi constant. Cette année, l’État nous a alloué 40 millions de francs CFA, contre 15 millions l’an dernier. C’est une nette amélioration, mais cela reste insuffisant au regard des besoins. Organiser une telle compétition implique une logistique lourde et coûteuse. Malgré les contraintes, nous avons tenu bon. En tant que président de la Confédération africaine de cyclisme, je plaide pour une prise de conscience accrue des autorités quant à l’importance stratégique du cyclisme. Ce sport mérite un soutien plus conséquent.

 

LP : Certains observateurs estiment que les résultats ne sont pas à la hauteur. Que leur répondez-vous ?

Dr AK : Je comprends les attentes, mais je ne partage pas cette analyse. Finir à 30 secondes du vainqueur au classement général, c’est une performance honorable. Il est vrai qu’il y a eu un manque de cohésion au sein de l’équipe nationale, ce qui a pu nous coûter cher dans les moments décisifs. Nous avons eu des échanges francs avec les athlètes et les encadreurs. Les besoins sont nombreux : plus de moyens, plus de soutien, plus de préparation. Ce sont des points que nous allons renforcer pour éviter que de petits manques ne compromettent nos ambitions.

 

LP : Vous évoquez déjà l’édition 2026. Quels sont vos objectifs ?

Dr AK : Nous avons reçu un signal fort du président du Conseil régional de la Marahoué, Monsieur Zoro Bi Ballo Epiphane, qui souhaite nous accompagner dès la phase de préparation. C’est une initiative très encourageante. Avec cet appui, nous serons mieux armés pour viser la victoire en 2026. Mais au-delà du résultat, notre ambition est d’inscrire le Tour au calendrier de l’Union cycliste internationale (UCI). Cela donnerait à la compétition une visibilité et une compétitivité accrues.

 

LP : Peut-on donc confirmer que le Tour de Côte d’Ivoire sera inscrit au calendrier UCI l’an prochain ?

Dr AK : Oui, c’est mon ambition. Lors de la visite de la directrice générale de l’UCI, un échange constructif a eu lieu avec le ministre, qui a donné son accord de principe. Les conditions semblent réunies pour que cette inscription se concrétise. Ce serait une avancée majeure pour le cyclisme ivoirien et africain.

Par OUATTARA Gaoussou