Messe de la paix - Cardinal Ignace Bessi Dogbo, Archevêque d’Abidjan, aux Ivoiriens : « Sortons de la fatalité des violences électorales »
« Donnons-nous la paix ». Ce bout de phrase, comme une litanie, est revenu à plusieurs reprises dans l’homélie du cardinal Ignace Bessi Dogbo, archevêque d’ Abidjan, le samedi 28 décembre 2024, lors de la messe consacrée à la paix, à la cathédrale Saint Paul d’ Abidjan-Plateau. Comme il fallait s’y attendre, l’élection présidentielle prévue en octobre 2025, a occupé une place de choix dans ce sermon. « (…) L’année 2025 présente un enjeu important pour la paix dans notre pays. Il s’agit d’une année électorale, avec les peurs qu’elle suscite. Et pour cause : il est devenu récurrent dans notre pays, qu’une élection transmet à une autre ses drames et tragédies. Les violences électorales, avec leurs lots d’assassinats, de morts et de rancœurs, sont en passe de devenir une fatalité », a dénoncé l’homme de Dieu. Et le cardinal Bessi Dogbo de s’interroger : « L’année 2025 fera-t-elle exception ? L’atmosphère sociopolitique actuelle, relativement paisible, augure-t-elle de notre capacité à vivre les joutes électorales de manière civilisée ? Sommes-nous sur le point de refuser d’étaler, aux yeux du monde, une barbarie qui ne nous honore guère ? ».
Le Cardinal Ignace Bessi Dogbo, Archevêque d’Abidjan.
Pour « sauvegarder la paix et nous la donner mutuellement », le prélat a recommandé l’écoute et la communion. La communion, a-t-il enseigné, suppose et respecte la diversité. « Si les acteurs politiques et les gouvernants ont l’oreille tendue pour s’écouter mutuellement, dans le respect du droit de tous, dans l’incarnation de la justice, sans calculs d’intérêts partisans, mais les yeux rivés sur l’unique intérêt, l’intérêt commun d’une Côte d’Ivoire à réconcilier, à pacifier et à développer, le défi de la communion sera relevé et, par voie de conséquence, celui des élections apaisées », a-t-il enseigné. Mais, tant que les Ivoiriens, a-t-il mis en garde, continueront à entretenir les situations qui ont pour nom discrimination sur la base de la race, de l’ethnie, de la région ou de la religion, discrimination qui piétine et blesse la communion, parler de paix ou d’élections apaisées serait de l’ordre de l’utopie ou du rêve. Et tant que les rancœurs seront jalousement caressées et conservées au « congélateur », comme on le dit chez nous, attendant le moment favorable, attendant une occasion de vengeance sans merci, il n’y aura pas de communion ni de paix autour des élections, a-t-il ajouté. Pourtant, a relevé avec force le cardinal Bessi Dogbo, les Ivoiriens doivent entrer dans la communion, construire les ponts qui poussent à la rencontre de tous, sans peur, sans discrimination, sans étiquettes. « Sortons de la fatalité des violences électorales », a-t-il appelé de tous ses vœux, rappelant à juste titre que la devise de notre pays (Union, discipline, travail) devrait nous imprégner des vertus d’union et de discipline. Cette dernière appelant inévitablement le droit et la justice qui sont l’appui du trône de Dieu.
DM
L’archevêque d’Abidjan a appelé les Ivoiriens et les hommes politiques à communier dans la paix. Photo Dr