Opposition ivoirienne : Encore un « poteau » à Paris

L’opposition continue d’enchaîner les revers. Ce samedi 26 juillet à Paris, elle a une fois de plus « tapé poteau », selon une expression bien connue du jargon ivoirien. Le PPA-CI, le PDCI-RDA et l’ex-GPS avaient appelé leurs militants de la diaspora à se mobiliser massivement afin de réclamer une élection présidentielle inclusive le 25 octobre prochain en Côte d’Ivoire. Mais la mobilisation a tourné court. La manifestation, censée être un tournant stratégique dans la reconquête de l’espace politique par ces leaders disqualifiés de la course à la présidence, a finalement fait long feu. Comme lors du précédent rassemblement du 12 juillet, toujours à Paris, le public n’a pas répondu présent.
Ce nouvel échec confirme les difficultés croissantes d’une opposition en quête de crédibilité et de leviers d’influence. Pour rappel, les figures de proue de cette coalition informelle sont aujourd’hui hors-jeu, chacune pour des raisons judiciaires ou administratives. Laurent Gbagbo, président du PPA-CI, a été condamné en 2018 à 20 ans de prison dans l’affaire dite du "braquage" de la BCEAO. Guillaume Soro, fondateur du mouvement Générations et Peuples Solidaires (GPS), purge quant à lui une peine équivalente pour « recel de détournement de deniers publics » et « blanchiment de capitaux », infligée par le tribunal correctionnel d’Abidjan. Il a ensuite été condamné à perpétuité en 2021 pour « atteinte à la sûreté de l’État ». Quant à Tidjane Thiam, président du PDCI-RDA, son nom a été radié de la liste électorale pour cause de double nationalité. La justice ivoirienne lui reproche d’avoir conservé sa nationalité française au moment de son inscription sur le fichier électoral, violant ainsi la loi qui énonce que seuls les citoyens ivoiriens peuvent y figurer. C’est sur cette base qu’il a été déclaré inéligible en avril dernier. Face à cette exclusion collective, les trois leaders ont tenté d’unir leurs forces. Objectif : faire pression sur le pouvoir d’Abidjan afin d’obtenir leur réintégration dans le processus électoral. Plusieurs manifestations sont donc inscrites à leur agenda, la dernière en date étant celle du samedi 26 juillet à Paris. Mais à mesure que ces mobilisations échouent à rassembler, le doute s’installe. Le pari d’une mobilisation internationale autour de ces « bannis » peine à convaincre. La stratégie de communication semble s’essouffler. Et pour certains observateurs, ces rassemblements sans écho tournent de plus en plus à la farce politique.
Un Congolais appelle à brûler la Côte d’Ivoire
L’autre fait ayant marqué ce rassemblement fut l’intervention d’un orateur qui s’est présenté comme un Congolais. « Si Ouattara est candidat, comme il prétend l’annoncer le 6 août, nous allons brûler la Côte d’Ivoire », a-t-il menacé. Ces propos d’une extrême gravité plutôt que d’être condamnés ont été salués par les participants à ce rassemblement. Manifestant ainsi leur haine pour la Côte d’Ivoire qu’ils disent pourtant aimer. Aveuglés par cette haine, les voici qui donnent leur caution à un non national pour brûler leur mère patrie. Il n’y a qu’avec l’opposition ivoirienne qu’on peut accepter de montrer le chemin de son village avec sa main droite.
Rahoul Sainfort