Panel sur les 14 ans de gouvernance Ouattara - Patrick Achi : « La sécurité, c'est comme la santé »
Ci-dessous, de larges extraits de l’intervention de l’ex-Premier ministre Patrick Achi.

« Monsieur le Président du Directoire, Madame la Présidente du Sénat
Mesdames et Messieurs les ministres
Monsieur le Président du comité d'organisation, Monsieur le président du comité scientifique,
Il nous a été demandé de faire un témoignage. Un témoignage de l’expérience que nous avons eue avec Son Excellence Monsieur le Président de la République, Alassane Ouattara, au cours de la longue période pendant laquelle, ensemble, nous avons franchi un certain nombre d’étapes. Nous avons mené un certain nombre de combats. Il est évident qu’à la faveur de ces combats menés ensemble, de jour et de nuit, on apprend à mieux connaître l’homme, on apprend à mieux connaitre sa proximité. Et à découvrir en fait, ce que le grand public ne voit pas.
Je ne suis pas ici pour dire ce que les autres vont dire tout à l’heure. Je pense que les imminents panelistes entreront certainement dans les détails de toutes les actions que nous avons accomplies au cours de ces 15 dernières années. Ils le diront certainement bien mieux que moi.
Je voudrais simplement m'attarder sur un point particulier parce que j’ai eu l’occasion en d’autres circonstances de parler de l’homme sous d’autres angles. Je prendrai aujourd’hui, un des angles sous lequel, j’ai appris à le connaitre. Sous lequel de nombreuses personnes le connaissent moins afin d’éclairer l’assistance sur la personnalité de ce grand homme.
Un président de la République, théoriquement, doit maitriser un certain nombre de dossiers qui font partie de la gestion de l’Etat. Ces questions touchent à la diplomatie, à l’économie, au développement, aux finances, aux sujets politiques et sécuritaires. Au quotidien, vous faites face à un moment ou à un autre à des sujets qui portent sur ces questions évoquées plus haut. On a tout dit. Mais, on s’attarde moins à la question de la sécurité de l’Etat. Et pourtant, vous devez reconnaitre avec moi et les économistes le savent, le développement et la croissance d’un pays, c’est bien sûr la productivité, mais surtout le taux d’investissement. C’est ce taux qui détermine la croissance. Ce taux repose sur l’investissement public et l’investissement privé. On fait en sorte que l’investissement privé soit le plus important. Il peut représenter plus de 80% d’investissement. Cet investissement privé ne vient que lorsqu’on se sent en sécurité. On voit les infrastructures, la santé, l’éducation. On s’attarde très souvent sur toutes ces questions. Mais ce dont on parle très peu, mais qui prend beaucoup de temps, c’est ce que le président a fait pour ramener le pays au niveau de sécurité normale. L’un des piliers invisibles, mais fondamentaux de sa mission, reste la sécurité. Parce qu'en réalité, sans sécurité, il n'y a ni développement, ni croissance, ni avenir.
Le développement économique repose largement sur l'investissement privé, qui ne prospère que dans un environnement stable. Cette stabilité, nous l'avons retrouvée progressivement depuis 2011, mais beaucoup oublient d'où nous venons. Qui se souvient aujourd'hui que, pendant des années, nous vivions avec la peur au ventre ? Qu'Abidjan était quadrillée par des snipers ? Que sortir de chez soi relevait parfois de l'exploit ?
La sécurité, c'est comme la santé : on ne réalise sa valeur que lorsqu'on l'a perdue. Et pourtant, ce travail quotidien, patient, méticuleux, reste largement invisible.
Le Président de la République a mis en place très tôt le Conseil National de Sécurité, instance stratégique où se prennent les décisions les plus cruciales pour préserver la paix. J'ai eu le privilège d'assister, en partie, à ce processus. Ce que j'y ai découvert m'a profondément marqué.
Loin des projecteurs, c'est un homme à l'écoute, attentif à chaque détail. Il consulte, analyse, confronte les avis. Puis, il tranche. Parce qu'à la fin, il faut décider. Une seule décision, prise ou retardée, peut faire basculer tout un pays.
Nous avons connu des crises visibles : le terrorisme, les mutineries, la pandémie de Covid-19, l'affaire des 49 soldats. Mais combien d'autres crises, invisibles, ont été désamorcées pendant que nous dormions paisiblement ?
Cette charge, cette solitude du pouvoir, peu de personnes peuvent la comprendre. Il y a une forme d'ingratitude naturelle dans l'exercice du pouvoir : les réussites sont banalisées, les échecs amplifiés. Mais moi, j'ai vu. J'ai vu ces nuits sans sommeil. J'ai vu cette pression constante. J'ai vu cette patience face à l'impatience des autres.
Alors, permettez-moi d'inviter cette assemblée à rendre hommage à l'homme qui, dans le silence, porte le fardeau de notre sécurité et veille chaque jour à ce que la Côte d'Ivoire reste debout, stable et en paix.
Je vous remercie. »