PDCI : Pourquoi Billon fait si peur ?
Malgré les intimidations, l'ex-secrétaire exécutif chargé de l'Entrepreneuriat et des Relations avec le secteur privé du PDCI-RDA, Jean-Louis Billon, reste droit dans ses bottes. Le 25 octobre dernier, il a annoncé officiellement sa candidature à l'élection présidentielle de 2025. "Je déclare solennellement que j’ai décidé d’être candidat à l’élection présidentielle de 2025. Je me présente pour gagner", s’est- il prononcé depuis son fief de Dabakala. Cette déclaration a provoqué un tollé au sein du PDCI-RDA. C'est le journal proche du parti qui s'est fait l'écho des émotions qu'a pu susciter un tel acte considéré comme un crime de lèse-majesté. Le confrère, en effet, n'a pas manqué de barrer à sa Une d'hier lundi ce titre: « Billon candidat contre le PDCI-RDA ? » C'est à se demander en quoi la candidature d'un militant à une élection présidentielle- si tant est que l'objectif d'un parti politique est de conquérir le pouvoir d'Etat- peut être une menace pour son parti ? Ou alors gêne-t-il ses intérêts ? D'autant plus que ce que Jean-Louis Billon dit n'est pas nouveau. Il le répète depuis le temps où Bédié tenait encore les rênes du parti.
En réalité, le problème est ailleurs. Cette annonce n'est pas faite pour plaire au président du parti, Tidjane Thiam, potentiel candidat du PDCI. C'est une évidence que le souhait le plus absolu de la direction actuelle du parti c'est de faire en sorte que l'ancien polytechnicien soit l'unique candidat à la convention du parti. Cette sortie du député de Dabakala gêne leur plan qui a pour objectif de faire couronner Tidjane Thiam à cette convention de désignation du candidat du parti à la présidentielle de 2025. Or le natif de Dabakala, c'est le cas de le dire, croit réellement en ses chances. Donc il ne veut rien lâcher. Et ne recule devant rien.
S'il est vrai que Thiam tient l'appareil du parti, Jean-Louis Billon n'a pas moins de légitimité que lui. Il est un élu de la nation et a une longue pratique du terrain par rapport à son adversaire qui- il est bon de le préciser- a longtemps été hors du pays. Donc moins expérimenté que lui. Et cette fois-ci Jean- Louis Billon paraît plus que jamais déterminé à conquérir le graal. Que ce soit au sein de son parti ou en dehors. Contrairement au congrès où il a été amené à faire profil bas par "respect des textes" du parti. Car ne remplissant pas les conditions d'éligibilité à la présidence du parti, il a dû se retirer de la course. Croyant peut être naïvement que Tidjane Thiam qui était dans la même situation que lui s'inscrirait dans la même voie. Bien au contraire ! Celui-ci a maintenu sa candidature et a même réussi à se faire élire président du parti avec la complicité du président intérimaire, le doyen Cowppli-Bony. Cela, au mépris des textes. Jean-Louis Billon n'entend donc pas reculer cette fois-ci. Et compte aller jusqu'au bout. En annonçant sa candidature à la présidentielle, c'est une façon explicite de dire qu'il est candidat à la convention. D'ailleurs il ne cesse de réclamer la tenue de ces assises. Et en même temps d'exiger des conditions transparentes de leur organisation.
Il fausse les calculs des caciques du PDCI
L'intransigeance de Billon fausse bien évidemment les calculs de certains qui envisagent de faire du président du parti l'unique candidat à la convention. Cela, depuis le début. C'est-à-dire au congrès dernier qui a vu l’élection sans gloire de Thiam. Ils ont, à cet effet, fait adopter une motion au cours de ce congrès qui le désigne comme le candidat du parti à la présidentielle. Ce qui relève bien évidemment d'une forfaiture qui ne dit pas son nom. En ce sens que l'unique point à l'ordre du jour était l'élection du président du parti. Et rien d'autre. En procédant ainsi, l'intention des caciques du parti était de couper l'herbe sous les pieds des potentiels candidats à cette convention. C'est donc un bras de fer entre eux et le candidat Billon qui est aujourd'hui considéré comme l'ennemi public numéro à abattre. Parce qu'il contrarie leur plan. Ils procèdent donc par tous les moyens y compris illégaux pour le ramener dans les rangs. On se souvient qu'en septembre dernier, le porte -parole du parti, Bredoumy Soumaïla a même sorti le bâton contre lui. À cette occasion, il n'avait pas hésité à proféré des menaces en ces termes : «La président du PDCI-RDA m'a dit qu'on ira à la convention et que tous ceux qui veulent être candidat le seront même s'il faut faire des exceptions. Je mets en garde ceux qui après avoir perdu à la convention envisageraient de se présenter en tant qu’ indépendants. Et surtout ne soyez pas candidats indépendants après votre défaite et ne nous faites pas perdre notre temps. Je serai très amer", avait-il averti. Ça se voit clairement que l'intention du parti n'est pas d'organiser une convention. Sinon, en quoi est-ce que c'est une perte de temps alors que ce sont les statuts qui le demandent ? Cette sortie de Bredoumy n'a nullement ébranlé le délégué PDCI-RDA de Dabakala qui, au contraire, est devenu plus critique envers la direction actuelle. C'est sûr que les menaces et autres intimidations vont continuer. Et il n'est pas exclu que des mesures soient prises à son encontre pour l'écarter s'il persiste dans cette posture.
Rahoul Sainfort