Taekwondo-Gestion de la crise à la FITKD : Le CDT appelle l’AFTU à plus de professionnalisme, de transparence et de rigueur
De nouveaux rebondissements dans la crise à la Fédération ivoirienne de taekwondo (FITKD). Cinq jours après les recommandations de l'AFTU (Union africaine de taekwondo) reconnaissant l'autorité de Jean-Marc Yacé en qualité de président de la Fédération jusqu'à la fin de son mandat, et proclamant la nullité de l'Assemblée générale extraordinaire du 19 octobre 2024, révoquant le maire de Cocody, le comité directeur de transition (CDT) est monté au créneau, ce mardi 3 décembre 2024, à Cocody. Son président, Dr Ali Diomandé, a exprimé son désaccord face à ce qu'il considère comme des failles significatives et des irrégularités dans le soutien de l'AFTU à Jean-Marc Yacé. “Il n'y a eu aucune décision. Dans les statuts de la WT, toute décision est motivée avec un moyen de réaction. Ce qui n’a pas été le cas de l’AFTU”, a-t-il regretté.
La démarche informelle dénoncée
L'affaire prend racine dans les événements tumultueux débutant le 19 octobre 2024, date à laquelle une Assemblée Générale Extraordinaire (AGE) a vu la révocation de Jean-Marc Yacé. Cette décision fait suite à un scandale de harcèlement sexuel et a marqué un tournant décisif, aboutissant à la formation du CDT. Fait notable, cette AGE a enregistré une participation majoritaire des clubs affiliés (175 sur 316), validant de ce fait ses conclusions.
Toutefois, les récentes recommandations de l'AFTU, approuvant la continuité de Yacé jusqu'à la fin de son mandat, ainsi que l'invalidation de l’AGE, exacerbent la crise.
Lors d’une conférence de presse, Dr Diomandé a fustigé l'AFTU pour son approche jugée opaque, soulignant un manque flagrant de documentation formelle tel que des comptes rendus ou des notifications motivées, éléments pourtant fondamentaux selon les propres statuts de l'AFTU. Cette situation, pour le CDT, dénoterait d'un manquement grave aux obligations de transparence et d'équité, contrastant ainsi avec les précédents établis lors des crises antérieures.
"On note que toutes les communications au niveau de l’AFTU, pour ce qui nous concerne, ont été verbales : pas de courrier, pas de comptes rendus ou de procès-verbaux de réunion, pas de notification motivée de décision. Le caractère informel de la démarche de l’AFTU nous paraît incompréhensible, à la limite inacceptable pour une prestigieuse instance internationale”, a dénoncé le président du CDT. Et de poursuivre : “Nous avons déjà signifié nos observations et objections sur la démarche très biaisée et les recommandations de l’AFTU, par courrier électronique au secrétaire général de l’AFTU, le 29 novembre 2024. De sa réponse, on retient que les recommandations de l’AFTU ne sont que des propositions et que leur volonté est de « rechercher une solution véritablement consensuelle qui respecte les sensibilités de toutes les parties »”.
L'appel pour le respect des textes de la WT et de l’AFTU
Dr Diomandé a, en sus, appelé l’AFTU au respect de ses propres textes et à traiter la Côte d’Ivoire avec beaucoup d’égard, rappelant que le taekwondo, fleuron des sports olympiques ivoiriens, a droit à beaucoup plus de respect et de considération de sa part. “Les statuts de l’AFTU qui se conforment en chaque point à ceux de la WT, contiennent des dispositions d’obligation de transparence et de résolution de crise. Cependant celles-ci n’ont aucunement été respectées par les missions de l’AFTU impliquées dans la résolution de la crise au sein de la FITKD. Nous exigeons que les affaires de la FITKD soient traitées avec professionnalisme et rigueur par l’AFTU comme le fait si bien la WT”, a souhaité le patron du CDT.
Si sa requête auprès de l’AFTU face aux prérogatives du Comité de pilotage est restée sans suite, Dr Ali Diomandé est formel. Le taekwondo ivoirien ne doit pas revenir à la situation antérieure au 19 octobre 2024, avant de saluer la WT pour sa neutralité dans cette crise en Côte d’Ivoire. “Elle (WT) annonce n’avoir encore pris aucune décision définitive relative à la crise de leadership au sein de la FITKD ”, a dit le conférencier. Sur l’invalidation et le non-reconnaissance de l’AGE du 19 octobre, le président de la transition s’est voulu plus clair : “L’AFTU ne nous a fait aucune notification motivée de la nullité de notre AGE et des décisions y afférentes”, ajoutant que “Ni la WT, ni l’AFTU ne nous ont signifié formellement une quelconque décision de sortie de crise”, encore moins l’AFTU qui “reconnaît avoir fait des propositions de sortie de crise à travers des recommandations faites au ministère de tutelle”.
Le ministère pour diriger le comité de pilotage
Face à ces derniers développements, le Comité de transition invite donc le ministère des Sports et du Cadre de vie à s’approprier la sortie de crise. Nos regards sont tournés vers l'AFTU mais plus vers nos autorités à qui l'AFTU aurait fait des propositions de sortie de crise. Nous proposons que le comité de pilotage soit dirigé par l'autorité de tutelle. Nous avons une entière confiance en nos autorités de tutelle”, a dit Dr Diomandé. Le comité de pilotage met donc fin au CDT où alors quel avenir pour la volonté exprimée par plus de la majorité des membres statutaires qui ont désavoué Jean-Marc Yacé ?
”Le comité directeur de transition existe toujours. Sur le plan juridique et règlementaire, notre AG est valable. Sur le plan pratique, des décisions ont été prises par nos autorités de tutelle telle que la suspension de toutes les activités liées au taekwondo qui est toujours valable. Nous respectons les décisions de nos autorités. Mais les points sur lesquels nous ne transigeons pas du tout, c'est de voir l'ancienne équipe venir s'asseoir comme si rien n'a été. On ne peut laisser cette discipline voguer au gré de certains individus”, a-t-il prévenu.
Le CDT, qui ne cache pas sa détermination, envisage même de porter l’affaire devant le Tribunal arbitral du sport à Lausanne si nécessaire, prouvant ainsi son engagement en faveur d'une résolution équitable. Tout en espérant ne pas y arriver, privilégiant une solution locale.
OUATTARA GAOUSSOU