Reportage-CAN U-17 : Le Maroc entre l’affection ivoirienne et le patriotisme du royaume avant la demi-finale face Côte d’Ivoire

A quelques jours de la demi-finale de la CAN U-17 opposant le Maroc à la Côte d'Ivoire (mardi 15 avril 2025), notre immersion dans les rues de Casablanca ce dimanche matin prenait une tournure inattendue, mêlant la découverte de la ville à l'écho de l'événement sportif. Nous étions à la recherche de boutiques réputées pour la qualité de leurs articles. En quête de costumes tendance et de grandes marques, des renseignements nous ont orientés vers le « Triangle d’or », une zone commerciale prisée des amateurs de shopping. C'est ainsi que nous nous sommes retrouvés à bord d’un taxi en direction de Maarif, un quartier affectueusement surnommé par certains « le Manhattan marocain ». Afin de faciliter notre exploration des différents magasins et boutiques, le petit taxi, pour une course de 8 dirhams, nous a déposés devant le Kenzi Tower Hôtel, sur le boulevard Al Massira Al Khadra.

Reportage-CAN U-17 : Le Maroc entre l’affection ivoirienne et le patriotisme du royaume avant la demi-finale face Côte d’Ivoire
Une vue du boulevard Al Massira Al Khadra, l'une des rues marchandes disposant des grandes enseignes du Maroc

Ce dimanche 13 avril 2025, à 11h15, l'atmosphère moins animée nous a conduits à débuter notre exploration par le Twin Center et la boutique Massimo Dutti. Notre curiosité nous a ensuite menés à la parfumerie « Arabian Oud ». Un détour par la rue Oumayma Essayeh nous a permis de découvrir la boutique « Boss ». Après avoir passé la place des Arènes, nous avons traversé le boulevard d’Anfa pour nous rendre à la boutique « Mont Blanc », qui était malheureusement fermée. Déçus, nous avons alors décidé de revenir sur le boulevard Al Massira Al Khadra, cette fois-ci en empruntant la rue de la Bastille. De retour sur cette belle avenue, notre curiosité nous a menés jusqu'au boulevard de Moulay Rachid, nommé ainsi en hommage au fils cadet du Roi Hassan II. La vue de l’hôtel La Pergola a brièvement évoqué le souvenir du train abidjanais, sans que nous nous y attardions. Après avoir décidé de revenir le lundi pour explorer plus en détail les enseignes, notre journée s'est poursuivie par une découverte de la ville blanche. 

C'est au croisement du boulevard Franklin Roosevelt et du boulevard de la Libye que notre exploration urbaine a rejoint la raison de notre présence au Maroc depuis le 4 avril 2025 : la CAN U-17. Et ce, en raison de notre survêtement arborant l’écusson de la Côte d’Ivoire. « Côte d’Ivoire ? », nous a interrogés Ayoub L. Ce jeune homme d'une vingtaine d'années, étudiant en Master 2 des organisations, porte un vif intérêt au pays des Éléphants, qu'il espère visiter prochainement. La conversation s'engageant, il a déclaré son affection pour la Côte d’Ivoire et a exprimé le souhait de voir l’équipe ivoirienne remporter la victoire au Maroc. Mais rapidement, son patriotisme a pris le dessus sur son affection pour le pays des Champions d’Afrique 2023. « La Côte d’Ivoire affronte le Maroc mardi en demi-finale, et vous souhaitez sa victoire ? », avons-nous interrogé. « J’apprécie la Côte d’Ivoire, mais je crois que le Maroc va gagner. Sur le coup, je n’y avais pas pensé ! », a-t-il répondu.

 

L’amour de la mère patrie avant tout

Le boulevard Mohammad Zerktouni est tout aussi animé (Ph DR)

Ainsi est née l'idée de notre reportage : « Qui de la Côte d’Ivoire ou du Maroc remportera cette demi-finale de la CAN U-17, sachant qu'ils s'affrontent le mardi 15 avril ? ». La première personne que nous avons rencontrée sur le boulevard Abdelkrim Al Khattabi, à hauteur de la station Shell Doumer, s'appelle Abou Marwane. Jardinier, il suit avec intérêt les matchs de la CAN des cadets et semble bien informé sur les différents joueurs. Selon lui, « la Côte d’Ivoire a des chances de gagner, mais affronter le Maroc ne sera pas facile ». Cependant, en cas de victoire de la Côte d’Ivoire en demi-finale, Marwane ne voit aucun autre pays capable de la battre. Il a notamment évoqué le nom du jeune buteur de 16 ans des Éléphanteaux : « Haïdara est fort ». Nous avons ensuite longé le boulevard Bir Anzarane, avec un premier arrêt au restaurant La Poissonnerie. Là, Hicham Taoufik s'est montré élogieux envers la Côte d’Ivoire. Il a évoqué avec nostalgie la génération dorée, citant notamment Yaya Touré, Didier Drogba, Gervinho, Kalou, Aruna Dindane. Il s'est également souvenu de Tizié Jean-Jacques, dont la carrière a brillé à l’Espérance de Tunis. « J’adore la Côte d’Ivoire », a-t-il lancé, avant de prédire la victoire des Lionceaux mardi. « Le Maroc a aidé la Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire doit laisser gagner le Maroc. C’est ça, l'esprit de famille ! », a-t-il ajouté, en référence à la renaissance ivoirienne lors de la CAN senior 2023, suite à la victoire du Maroc face à la Zambie (1-0).

À quelques pas de l’Hôpital privé international de Casablanca, précisément au café « O Kafé », nous avons décidé d'aborder trois jeunes Marocains qui discutaient autour d’un thé. À peine nous étions-nous présentés qu'a fusé le mot « Côte d’Ivoire ». Belle entrée en matière. Notre identité révélée, le sujet de la CAN s'est naturellement invité à la conversation. Et très vite, Abdellatif El Khorassani s'est exprimé : « La Côte d’Ivoire est une bonne nation de football. Les jeunes joueurs sont talentueux et athlétiques. Mais ils affrontent le Maroc. J’apprécie la Côte d’Ivoire, mais mon cœur penche pour le Maroc, et je crois à sa victoire. » « J’ai suivi tous les matchs de la Côte d’Ivoire à la télévision, et maintenant que nous sommes à Berrechid, il est de notre devoir de soutenir le Maroc », a renchéri Yassine Ameur, professeur. Le troisième du groupe n’a pas voulu se prononcer.

Notre promenade nous a menés, vers 15h35, au « Café le Repère du goût », situé boulevard Brahim Roudani, à l'angle de la rue Al Mortada, 2. C'est là que nous avons décidé de déjeuner après de longues heures de marche. Venus déjeuner en famille, Oued El Malyani et ses proches ont exprimé avec fierté leur affection pour la Côte d'Ivoire. Autour d'un poulet au four agrémenté d'une variété de jus de fruits, le couple se remémorait avec plaisir les fantastiques vacances passées.

OUATTARA Gaoussou – Envoyé spécial à Casablanca